D’après l’INSEE les Français ont consacré 60 milliards d’heures au travail domestique en 2010, soit l’équivalent de 33% du PIB. Pourtant, celui-ci n’est toujours pas considéré comme étant du travail car il n’est pas rémunéré.

Seriez-vous d’accord pour travailler sans être rémunéré ? Probablement pas. C’est pourtant ce que nous faisons tous. Une étude de l’Insee parue en novembre nous apprend qu’en 2010, les Français ont consacré 60 milliards d’heures au travail domestique.

Selon ce rapport, nous passons en moyenne 3 heures à faire le ménage, la cuisine, les courses ou encore à nous occuper de nos proches, au moins trois heures par jour, soit plus de 21 heures par semaine. Ce ne sera une surprise pour personne, les femmes en couple sont davantage mises à contribution que le reste de la population. Elles consacrent 34 heures de travail hebdomadaire aux tâches ménagères.

Une source de bien-être

L’Insee précise que s’il était payé au Smic, le travail domestique représenterait 33% du PIB français (calcul critiqué par certains économistes). L’étude explique également que « ce travail non rémunéré représente des services. Il participe donc au bien-être matériel de la population, sans pour autant apparaître dans la production nationale, telle que mesurée par le produit intérieur brut ».

Il est intéressant de noter que, sous le quinquennat Sarkozy, le secteur des services à la personne s’est fortement développé, notamment grâce au plan Borloo (incitations fiscales, chèque emploi service universel). “Les services à la personne sont tout à la fois essentiels du point de vue social et du point de vue du maintien et du développement de l’emploi dans notre pays”, déclarait Frédéric Lefebvre, secrétaire d’État chargé des services, avant la dernière présidentielle. Implicitement, le plan Borloo a donc reconnu les tâches domestiques comme étant un véritable travail, mais à quel prix ?

Retour à la domesticité

Dans leur ouvrage consacré à ce sujet François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau apparentent le développement de ces emplois souvent précaires à un « retour à la domesticité ». Ils soulignent que l’explosion des services à la personne n’a fait qu’augmenter les inégalités, les ménages aisés y ayant recours dans des proportions bien plus importantes que les autres. En effet, les travailleurs pauvres peuvent rarement s’offrir ce luxe, et les heures passées à s’occuper du foyer sont autant de temps libre ou de travail rémunéré en moins pour eux. C’est la raison pour laquelle le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz proposait, dans son rapport sur la mesure de la richesse, de prendre en compte le travail domestique dans le calcul du niveau de vie des ménages.

L’instauration d’un revenu de base permettrait à la fois de lutter contre ces inégalités et de laisser la possibilité à ces domestiques des temps modernes de refuser ce type d’emploi. Le versement d’un revenu de base inconditionnel serait également un moyen de reconnaître comme étant socialement utiles les tâches effectuées en dehors d’un emploi rémunéré, comme le travail domestique. En effet, ne dit-on pas que « tout travail mérite salaire » ?


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