Dimanche prochain, les citoyens Français sont invités à voter pour élire les nouveaux députés du Parlement Européen. Tour d’horizon des listes candidates qui soutiennent le revenu de base inconditionnel, et distribution de prix !

Alors que la montée des extrêmes inquiète de plus en plus, les élections européennes sont pourtant l’occasion pour les citoyens de renouveler le parlement européen et d’élire des députés plus fermement engagés pour mettre en œuvre les solutions importantes dont notre société a besoin.

Dans cet esprit, l’alliance européenne pour le revenu de base (site) avait lancé le 9 mai dernier une lettre ouverte à tous les candidats de l’élection parlementaire afin de connaitre leur position sur le sujet, et permettre à tous les sympathisants de l’idée de pouvoir voter en connaissance de cause. Vous étiez nombreux à nous le demander !

En plus des réponses reçues directement, nous avons également utilisé le site questionnezvoscandidats.org et scruté le net à la recherche des réponses de candidats, et avons collecté les réponses.

Le Mouvement Français pour un Revenu de Base félicite toutes les listes qui osent faire le pari du revenu de base, et leur souhaite le meilleur succès possible. Et pour ne pas faire de jaloux, chaque liste a même gagné un prix !

Prix de l’engagement : Europe Écologie-Les verts (EELV)

Après avoir soutenu l’initiative citoyenne européenne et voté une motion en faveur du revenu de base lors de son congrès national, il aurait été surprenant que EELV ne réaffirme pas son engagement ferme pour le revenu de base. C’est ce qu’a fait le parti écologiste en nous communiquant une lettre (pdf) très professionnelle engageant toutes les têtes de listes du parti.

Prix de l’originalité : Nouvelle Donne

Le nouveau parti né du Collectif Roosevelt a créé la surprise avec une proposition assez hétérodoxe : verser un mini-revenu de base en eurofrancs, une monnaie complémentaire à l’euro. La proposition a déclenché beaucoup de débats sur notre site et sur les réseaux sociaux.

En tout cas, l’idée a le mérite de faire avancer la question au sein du jeune parti politique. À en croire cette interview, l’un de ses fondateurs, Bruno Gaccio, semble acquis à la cause du revenu d’existence. De son côté, Pierre Larouturrou estime que cette mesure permet « d’avancer concrètement et immédiatement vers la mise en place d’un revenu de base inconditionnel. »

Mais Pierre Sassier rappelle quant à lui que le sujet n’est pas encore tranché dans le parti : « Pour Nouvelle Donne, l’institution pérenne d’un revenu d’existence n’est pas à l’ordre du jour : nous ne serions pas contre, mais cela ne peut se faire que dans le cadre d’une loi mûrement élaborée. »

Prix de la persévérance : Force Vie

force-vie-revenu-de-baseChristine Boutin est l’un des soutiens politiques de longue date du revenu de base : déjà en 2003, elle proposait un projet de loi à l’Assemblée Nationale. C’est la première fois que l’ex-ministre se lance à la conquête de l’Europe avec sa nouvelle formation politique ‘Force Vie’, qui défend naturellement le revenu de base, et s’est fait accompagné de Marc de Basquiat, économiste chevronné sur le sujet, qui est également candidat dans la liste Ile-de-France.

Force Vie a littéralement ratissé les médias et rabâché à longueur d’interview leur attachement au revenu de base, et mérite à ce titre le prix de la persévérance.

Prix de l’ambition : Le Parti Fédéraliste Européen

Moins connu, le Parti Fédéraliste Européen, qui milite pour la continuation de la construction européenne, a également inséré l’idée du revenu de base dans son programme, comme « objectif fondamental » dont ils souhaitent faire un modèle social européen. Selon les Fédéralistes, « le revenu de base a un double objectif : éviter les effets pervers de l’assistanat et libérer l’emploi dans une grande partie de l’économie. »

Pour cette élection, le Parti Fédéraliste s’est d’ailleurs allié au Mouvement des Libéraux de Gauche qui a fait de l’allocation universelle son cheval de bataille. L’ambition des fédéralistes est là, claire et limpide, mais on reste sur notre faim en ce qui concerne les propositions concrètes !

Prix d’honneur : le Parti Pirate

Bien que le Parti Pirate Français n’ait pas (encore?) de position officielle au niveau national, plusieurs listes régionales ont tenu à faire part de leur soutien ferme à l’idée. C’est le cas dans les région Nord-Ouest, Sud-Ouest et Centre. Nous tenons à féliciter la sincérité et l’engagement dans les réponses reçues, en attribuant un prix d’honneur aux corsaires qui ne font pas seulement semblant de comprendre de quoi ils parlent :

« Avec l’instauration d’un revenu de base en Europe, le travail prendrait un essor inestimable, que ce soit en terme d’orientations économiques (nouveaux marchés, nouveaux métiers), d’emploi (création et multiplication de structures), mais aussi en terme de bénévolat, une valeur travail importante qui souffre actuellement d’une image ternie par la domination de l’employabilité. (…) Nous, Pirates, souhaitons que le législateur européen s’empare du principe de revenu de base et s’engage à mettre en place des groupes de réflexions afin de proposer un projet de loi de mise en place à l’horizon 2020. »

Prix de la bonne volonté : Europe Citoyenne et Est Décroissance

La nouvelle formation politique de Corinne Lepage compte « Assurer un revenu de base universel pour tous les jeunes européens (18 – 30 ans) » .

Un revenu universel qui ne l’est donc pas tant que ça, même si le programme du parti précise : « Ce dispositif constitue une première étape vers un revenu universel de base. » Manque d’ambition ou pragmatisme ? Nous laissons à Europe Citoyenne le bénéfice du doute et lui octroyons le prix de la bonne volonté.

Enfin, la discrète liste ‘Est Décroissance’ nous fait également part de son soutien au revenu de base et reçoit donc ce lauréat de bonne volonté !

Prix de la précision : le Mouvement Socialiste Alternatif

Le MSA, qui ne présente qu’une liste (dans la région Ouest), a rapidement réagi à notre lettre ouverte, en nous indiquant un lien vers son site où des chiffres sont avancés : 770€ par adulte !

Prix du ‘peut être’ : Front de Gauche et Debout la République, Nouveau Parti Anticapitaliste, Union des Démocrates Indépendants (UDI)

On sait que le sujet est régulièrement débattu dans ces formations politiques, mais aucune position officielle ne semble émerger pour le moment, malgré certaines prises de positions individuelles, comme celle de Corinne Morel-Darleux, tête de liste Front de Gauche dans la circonscription Centre, ou encore la section Nord du NPA. Pour encourager leur bonne volonté à débattre de l’idée, nous leur décernons le prix du ‘peut être’… en attendant de pouvoir donner mieux !

Prix de la Démocratie : Démocratie Réelle

Le prix de la réponse peut être la plus démocratique, et assez hors-norme revient à Démocratie Réelle, une liste organisée comme une Contre-Élection : les élus de cette liste ne feront que transmettre le résultat d’un référendum sur chaque projet de loi.

Prix de l’abstention : UMP, PSFN

Sans surprise ni contestation possible, nous tenons à féliciter les ‘grands partis’ (UMP, PS, Modem) pour leur assourdissante abstention sur le sujet.

Quant au Front National, nous lui attribuons aussi le prix de l’abstention, mais avec la mention spéciale « tant mieux ».

Prix du hors sujet : Union Populaire Républicaine

Les candidats du parti de François Asselineau, fermement engagé pour la sortie de l’Union Européenne, ont brillé par leurs capacités à nous répondre assidument tout en ignorant soigneusement le sujet invoqué (ndlr : le revenu de base, au cas où vous n’auriez pas suivi). Une sacré prouesse rhétorique mais qui ne fait pas vraiment avancer le schmilblick, d’où l’attribution de ce trophée-sanction.

Et le prix de la meilleure idée revient à…

Cette fois, ce n’est pas nous qui l’avons décidé, mais l’association étudiante de Sciences Po ‘Europeans Now’ qui a organisé un concours des idées les plus originales pour changer l’Europe. Sans surprise, le revenu de base est arrivé en première position ! Voilà un oscar bien mérité pour tout le mouvement qui n’en finit pas de grandir !


Crédit photo : CC Parlement Européen