Un sondage « Tilder-LCI-OpinionWay  » réalisé les 6 et 7 janvier derniers auprès d’un échantillon de 1008 personnes nous apprend que 65 % des français seraient opposés au revenu universel. La question posée était la suivante : 

« Êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à la création d’un revenu universel, qui consisterait à verser à chaque Français, de sa naissance à sa mort, un revenu mensuel de 600 à 800 euros, quel que soit sa situation (quelle que soit son origine sociale, qu’il travaille ou pas, quel que soit son niveau de revenu, etc.) ? »

35 % se déclarent favorables, dont 14% très favorables. 65% se déclarent opposés, dont 40% très opposés. Il est intéressant de noter que l’écart est très étroit chez les moins de 50 ans (47% des moins de 24 ans, 41% des 25 – 34 ans et 46% des 35 – 49 ans se déclarent favorables au revenu universel). Compte-tenu d’une marge d’erreur annoncée à 3%, l’opinion des français de moins de cinquante ans n’est donc pas loin d’un équilibre 50/50. Car c’est surtout chez les seniors que l’opposition serait très marquée (seulement 28% des 50 – 64 ans et 22% des plus de 65 ans seraient favorables au revenu de base). 

Ces données pourraient être perçues comme un recul de l’opinion par rapport à un précédent sondage, réalisé par l’IFOP pour I‑Télé, l’Opinion et le think-tank Génération Libre en mai dernier auprès de 968 personnes qui donnait des résultats forts différents : 60% des sondés se déclaraient alors favorables à la mise en place d’un revenu de base garanti à tous les citoyens qui se substituerait à la plupart des allocations existantes. Ces résultats ne révélaient aucune distorsion marquante de l’opinion selon les générations.

Faut-il en déduire que l’opinion des français est très versatile au sujet du revenu de base ? Nous ne le pensons pas. Par contre, il nous semble certain que la question posée induit la réponse. Et celle d’Opinion-Way, qui évoque un revenu universel – et non un revenu de base – peut laisser craindre à beaucoup que ce dernier remplacerait, peu ou prou, les salaires liés à l’emploi, alors qu’il n’en est rien. Une preuve, s’il en était besoin, du travail pédagogique, et en particulier sémantique, qu’il faut mener dans l’ensemble de la société pour faire comprendre à tous que le revenu de base est aujourd’hui une nécessité. Ce serait une erreur de s’arrêter à un sondage d’opinion pour dire « les Français n’en veulent pas, donc il ne faut pas s’y intéresser », comme le font certains politiques. Il s’agit de creuser la question.

Rappelons nous qu’au début des années 1980, une majorité de français s’affirmaient contre l’abolition de la peine de mort. Le vote des députés en septembre 1981 clôturait un combat qui avait duré deux siècles. De même, quand le Front Populaire introduisit les congés payés en 1936, ils étaient limités à deux semaines… Alors, faisons progresser l’idée du revenu de base dans les esprits, et – pourquoi pas ? – introduisons-le dans les faits progressivement, par étapes…

Comme l’affirmait il y a quelques années le célèbre slogan de la Française des Jeux pour qui 100% des gagnants du loto avaient tenté leur chance, 100% des adhérents du MFRB sont favorables au revenu de base. À nous de développer et de faire connaître nos arguments pour que ce nouveau droit humain prenne toute sa place dans notre société. C’est l’objectif principal des militants du MFRB.