Il y a quelques jours, je proposais un jeu sur un autre site : je demandais à ceux qui le veulent de me suggérer des problèmes de notre société afin que j’explique en quoi le revenu de base pourrait y être bénéfique. Le premier thème qui m’a été proposé s’intitulait : « les discriminations et le racisme ». Voici le résultat…

Il m’est souvent arrivé, lorsque je présentais le revenu de base dans la rue, de faire face à des réflexions discriminatoires :

  • les fainéants vont vivre aux crochets de la société ;
  • nous allons faire face à une immigration clandestine massive…

Si l’on ne regarde pas plus loin, on pourrait penser que le revenu de base a tendance à augmenter le racisme (et les autres discriminations). En réalité, dans ces réflexions, c’est l’expectative du revenu de base qui fait resurgir ces idées. Idées qu’il est d’ailleurs facile de démonter :

  • Je ne vais pas épiloguer sur les fainéants, il s’agit de la première réflexion typique d’une personne qui découvre le revenu de base. En général, j’y réponds en expliquant que si vivre avec les minimums sociaux était si agréable, nous serions bien plus nombreux dans ce cas, et les gens ne chercheraient pas à tout prix à garder leur emploi. Autrement dit, je réponds : « Si vous pensez qu’ils le font volontairement, pourquoi ne faites-vous pas pareil ? »
  • Pour ce qui est de l’immigration clandestine, ce qui risque de se passer est plutôt le contraire de ce que certains craignent. En effet, si, par définition, le revenu de base est donné à tous les résidents français, il faudra bien que l’État connaisse ceux-ci. Ils ne pourront donc plus rester dans la clandestinité pour pouvoir le toucher ! Ça va même plus loin, puisque l’étranger clandestin, s’il veut survivre, va devoir faire de petits boulots mal payés. Or, ceux-ci, sans revenu de base en plus, risquent d’être trop insuffisants pour vivre, ce qui n’incitera pas les autres à venir en France…

Mais je suis là un peu hors-sujet. En effet, ce que j’aimerai démontrer, c’est que le revenu de base risque de diminuer les discriminations. Et pour cela, il va nous falloir explorer deux sujets : « Pourquoi les discriminations existent-elles ? » et « Aidons-nous naturellement notre prochain ? »

Commençons donc par les bases : d’où vient le racisme ?

J’ai toujours été surpris d’entendre le plus de propos racistes, xénophobes, antisémites chez les personnes qui côtoient le moins les populations qu’elles honnissent. J’ai fini par me rendre compte qu’avant d’être de la discrimination, il s’agissait de la manifestation de peur. Une peur lié au fait qu’on ne connait pas l’autre, qu’on ne sait pas vraiment comment il vit, et par conséquent, que l’on s’en méfie.

Le problème des discriminations, c’est que l’on a tendance à réagir comme Donald Trump, c’est-à-dire à vouloir faire un mur pour se protéger de ceux que l’on craint. Or, cet acte isole encore plus les populations, qui vont donc encore moins bien se connaitre et se comprendre, et qui, du coup, vont se méfier encore plus l’une de l’autre. Ce qui va inciter à encore mieux se séparer. Nous somme ainsi dans une spirale infernale, alors que la solution serait bien souvent simplement d’apprendre à se connaitre pour constater que l’on est pas si différents…

Aiderions-nous notre prochain si nous le connaissions mieux ?

Nous vivons dans un monde où l’individualisme peut être l’une des clés de la réussite sociale. Comme le dit le proverbe : « Homo homini lupus est.¹ » Mais en réalité, n’est-ce pas le système qui nous pousse à agir ainsi ? En effet, dans ce monde où la réussite sociale et individuelle est glorifiée, où l’on nous apprend dès le plus jeune âge à se battre pour dépasser les autres, comment ne pas comprendre que ses instincts de solidarités soient atrophiés ?

En réalité, de plus en plus d’études sociologiques tendent à prouver que l’altruisme est un caractère naturellement présent chez l’homme. En fait, la rareté de plus en plus importante de l’emploi nous pousse à nous battre pour obtenir et conserver le notre, puisque notre survie en dépend, quitte à écraser quelques congénères. Dans un système où notre survie ne dépendrait plus d’un emploi, nous n’aurions plus besoin de telles batailles.

Le revenu de base aurait donc tendance, en supprimant ce besoin vital d’argent, à permettre aux gens de faire ressortir leur côté solidaire. Mais cela va également plus loin, puisque le revenu de base devrait permettre à chacun de réduire son temps de travail et donc d’avoir plus de temps pour méditer. Or, la méditation est également source de compassion et de bienveillance²…

Le revenu de base, nous libérant du besoin d’aller chaque jour nous enfermer dans un bureau pour produire quelque chose dont nous ne percevons pas toujours l’utilité, nous incitera également à passer plus de temps au contact des autres, à apprendre d’eux, à apprendre à les connaitre. Et c’est bien là le meilleur moyen de combattre tous les préjugés que l’on peut avoir sur eux…

Stéphane Veyret (membre du MFRB)


[1] L’homme est un loup pour l’homme.

[2] Voir par exemple le documentaire « Vers un monde altruiste ? » de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade.
Homo homini lupus est, illustration de Christian Blanxer, Flickr, Licence CC BY‑2.0.