L’économiste Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du forum économique mondial, a exprimé son optimisme quant au revenu de base inconditionnel dans une interview au Hamburger Abendblatt, un quotidien de Hambourg en Allemagne. Schwab a qualifié l’idée de “basiquement plausible” et a prédit que le débat qui l’entoure se développerait dans la décennie à venir.

Article original sur le site du BIENTraduction : Arthur Mignon

L’interview du Hamburger Abendblatt couvre une série de sujets liés à la mondialisation et la digitalisation. Les reporters ont questionné Schwab sur ce qu’il pensait de la déclaration du président américain Donald Trump qui affirme vouloir rapatrier des emplois d’Asie et du Mexique. Schwab a répondu en disant que certaines industries pourraient être rapatriées aux États-Unis sous la forme d’ “usines digitalisées”.

Schwab a ensuite abordé la question du revenu de base inconditionnel en réponse à une question portant sur l’avenir du travail : si l’industrie devient digitalisée, qu’est-ce qui devrait être fait pour “ceux pour qui il n’y a plus de travail” ?

La Suisse a connu un récent référendum portant sur le revenu de base. Au moins 23% des citoyens ont voté en sa faveur. Même si j’admets que l’idée d’un revenu de base est basiquement plausible, je crois que dans dix ans, la discussion à ce sujet sera beaucoup plus avancée qu’elle ne l’est actuellement.”

En réponse à une question sur les effets du revenu de base quant à l’attitude face au travail, Schwab déclare qu’un revenu de base pourrait être vu comme une reconnaissance pour certains types de travaux, comme ceux du care, qui ont une importance pour la société mais sont relativement mal payés :

Je refuse l’idée que les gens resteraient assis tranquillement à la maison à se tourner les pouces. Une infirmière en Allemagne avec 2000 euros de salaire brut pourrait aujourd’hui se sentir épuisée. Si, en revanche, elle recevait un revenu de base, elle pourrait voir cela comme une reconnaissance et adopterait une attitude différente face à son travail. Dans le futur, si les emplois sont effacés du fait de la digitalisation, nous aurons besoin en contrepartie d’une humanisation de la société. Les emplois industriels auront disparu, mais il y aura davantage de travail social à accomplir, comme les soins médicaux et de santé.”

Le Forum économique mondial est connu pour son meeting annuel à Davos, en Suisse. Celui-ci se tient tous les ans en janvier et réunit environ 2500 personnes, comprenant des dirigeants d’entreprises, des politiques et des universitaires distingués pour une série de tables rondes et de discussions abordant les problèmes sociaux, politiques et économiques globaux.

Le meeting de Davos lui-même s’est déjà montré réceptif aux discussions sur le revenu de base. Cette année, l’événement inclura une table ronde sur le revenu de base en compagnie de Guy Standing, le fondateur du BIEN (réseau mondial du revenu de base). L’année dernière s’est tenu au cours de l’événement un forum sur “un mode sans travail”, au cours duquel le prix Nobel Sir Christopher Pissarides a exprimé son soutien au revenu de base. C’est aussi au cours de cet événement qu’a eu lieu le dancing robots for basic income.

Interview complète de Klaus Schwab (en allemand) :

Hannes Koch and Jörg Quoos “Schwab : ‘Gewinner müssen mit Verlierern solidarisch sein’,” Hamburger Abendblatt, January 9, 2017.


Photo CC BY-NC-SA 2.0 World Economic Forum