La révolution robotique qui se profile fait surgir un nouveau secteur dominant de travail des hommes, le quaternaire.  

Cette mutation de secteurs est arrivée par le passé avec les autres révolutions technologiques. Les précédentes révolutions ont exposé clairement ce phénomène, du primaire (agriculture) vers le secondaire (industrie) puis vers le tertiaire (services) et bientôt donc le quaternaire. Le quaternaire est issu de la robotique et aussi d’un bouleversement des vies et aspirations des individus, tendant vers une artistisation du monde. Tous les métiers créatifs, qu’ils soient intellectuels, artistiques ou entrepreneuriaux sont privilégiés par les plus jeunes générations.

Ces métiers créatifs constituent ce quaternaire où les emplois du futur se trouvent préservés de la robotisation.

Un système déséquilibré

Cette évolution sociale vers le quaternaire peut se révéler négative et violente si n’est pas pris en compte le plus gros des problèmes des révolutions technologiques, l’appropriation d’une majeure partie des gains de productivité par l’ultra-minorité bénéficiant du capitalisme. Les révolutions technologiques précédentes ont abondamment démontré que les personnes les plus proches de l’argent et de la technologie avaient la capacité de s’approprier la majorité des gains de productivité.

Le capitalisme a pu et su souvent satisfaire sa soif de profit en abusant de la détresse économique des hommes asservis aux machines.

Ce système très déséquilibré crée de graves problèmes économiques et sociaux. Les révolutions technologiques passées ont généré beaucoup d’inégalités, de misère et de violence chez ceux qui se trouvaient du côté des emplois détruits, sans les assurances ou les compétences pour se tourner vers ceux créés au même moment.

Vers plus d’équilibre et de santé

Il est nécessaire et indispensable de trouver une solution pour répartir les gains de productivité issus de la robotique dans un quaternaire bien organisé. Les robots ne sont pas une réponse au capitalisme, ils en seront plutôt les esclaves si l’organisation du quaternaire n’est pas la bonne. Ils ne sont pas responsables de la répartition des revenus issue de leur irruption dans le monde actuel.

L’objectif est de tirer parti intelligemment des gigantesques capacités des robots pour nous libérer du capitalisme et nous orienter vers plus d’équilibre et de santé. Le revenu de base ou revenu universel peut nous y aider. Ce revenu versé à tous les adultes de façon inconditionnelle (sans conditions de ressources) et permanente, s’il est corrélé au PIB – une forme d’évaluation des gains de productivité dans une société puisque la production augmente généralement en lien avec la productivité – a pour effet de faire participer tous les hommes aux bénéfices de la révolution robotique.

L’objectif est de tirer parti intelligemment des gigantesques capacités des robots pour nous libérer du capitalisme.

Le revenu universel est une des meilleures réponses sociales aux révolutions technologiques qui surviennent, à la condition qu’il soit pensé et exécuté correctement, à la fois sur son inconditionnalité, son individualité et sur des montants suffisamment élevés. Pour ces raisons, une corrélation du revenu universel au PIB de chaque pays, une distribution égale et une inconditionnalité par rapport à l’activité en sont des composantes indispensables.

Un revenu universel significatif corrélé à la richesse produite permettrait de rétrocéder à tous une partie importante des gains de productivité continus de la robotique et du numérique. Il permettrait à tous d’envisager beaucoup plus sereinement une mutation économique majeure plutôt que de la subir, et à un grand nombre de se tourner vers ce qui leur plaît le plus, la libération de leur potentiel créatif.

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Cet article engage son auteur et non le MFRB dans son ensemble.

Sébastien Groyer : Expert du capitalisme, docteur en philosophie de La Sorbonne (thèse sur le capitalisme et l’économie de marché), investisseur en capital-risque depuis 15 ans et fondateur du mouvement Equinomy, membre du MFRB.

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(1) Sébastien Groyer publie Destins du capitalisme, Le Quaternaire avec un lancement innovant sur la plate-forme KickStarter le 6 novembre 2017.

Photo : CC Peter Kurdulija