Un récent sondage de Colibris livre quelques premières tendances sur l’adhésion des français au revenu universel.

Une enquête (pdf) diligentée par le mouvement des Colibris permet de verser de nouveaux éléments au dossier du revenu de base. L’enquête en question s’intitule : « Tests de propositions sur les grands thèmes de société ». En voici les éléments principaux à retenir.

Ressenti à l’égard de son activité professionnelle

Une première chose à noter concerne le ressenti à l’égard de son activité professionnelle (page 7 de l’étude). À la question : « Dans votre activité professionnelle, diriez-­vous que… ? » on relève le résultat suivant :

Ainsi donc, seuls 30% des personnes interrogées sont passionnées par ce qu’elles font et s’épanouissent dans leur activité professionnelle. Pour les autres 70%, le travail n’est au mieux qu’un gagne-pain, au pire manque de sens. On est loin de l’idéalisation du travail jusqu’à en faire une « valeur »…

Ce n’est pas anodin, car dans la promotion du revenu de base inconditionnel, on se heurte souvent à l’argument (massue) que l’être humain s’épanouit par le travail… en oubliant de dire que la plupart des gens n’ont pas réellement choisi leur travail.

Adhésion à la mise en place d’un revenu universel

Le second élément intéressant dans l’étude concerne directement le revenu de base. C’est à ma connaissance la première fois qu’on interroge les français sur le revenu de base inconditionnel, en le classant de surcroit dans les grands thèmes de société.

En page 36, la question suivante est posée : « Seriez-vous favorable ou pas favorable à la mise en place d’un revenu universel, versé sans contrepartie et permettant à chaque personne d’assurer ses besoins fondamentaux ? » Notons qu’on précise explicitement qu’il s’agit bien d’un revenu versé sans contrepartie. Voici ce que répond l’échantillon sondé :

Globalement, 45% sont favorables à l’instauration d’un revenu de base, et par conséquent 55% n’y sont pas favorables. Chacun appréciera ce résultat selon son propre prisme. Je trouve pour ma part que ce n’est pas si mal. Je me serais attendu à un écart plus important encore. On peut donc espérer pouvoir progresser par la promotion du revenu de base inconditionnel. Yallah !

Intéressons-nous maintenant aux réponses ventilées selon l’appartenance politique des sondés. En page 37, on trouve les résultats détaillés selon différents critères (sexe, âge, profession, niveau d’études…) dont la « proximité politique ». Voici les résultats ventilés sur ce dernier critère :

Ainsi, les sympathisants de gauche sont favorables à 58% à l’instauration du revenu de base, ceux du centre défavorables à 62%, et ceux de droite défavorables à 72%. Les sondés qui ne se déclarent proches d’aucune formation politique sont partagés à 50 – 50.

Le paradoxe des partis politiques

Comme indiqué dans cet article, on constate que les partis politiques de gauche bloquent sur le revenu de base inconditionnel, alors que leurs sympathisants sont les plus favorables (et de loin) à son instauration. A l’opposé, des personnalités de droite ont fait des propositions concrètes sur le revenu de base, et pourtant leurs sympathisants y sont fortement défavorables.

Pire, lors des journées du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) qui se sont tenues le 30 mars 2012, les candidats à l’élection présidentielle (ou leurs représentants) ont été invité, et Marc de Basquiat a pu les interroger sur l’Allocation Universelle. Xavier Bertrand (représentant de Nicolas Sarkozy) s’est déclaré très intéressé. Laurent Fabius (représentant de François Hollande) l’a décrit comme “l’utopie des utopies”. Francois Bayrou tout en s’inquiétant de la potentielle remise en cause de la progressivité de l’impôt, a invité Marc à aller le voir. Eva Joly a indiqué ne pas comprendre la faisabilité pour tous, préférant des mesures ciblées pour les 18 – 25 ans qui ne bénéficient pas du RSA.

On voit que l’intérêt ou désintérêt des partis est à l’exact inverse de la faveur ou défaveur de leurs sympathisants. C’est tout simplement sidérant ! On se demande où se fait la rencontre ?

Tout cela confirme que le revenu de base dépasse les clivages politiques traditionnels. On peut trouver de tous bords des opposants comme des promoteurs du revenu de base. En tous cas, on ne peut pas dire que sur ce sujet les partis font du clientélisme, ni même de l’électoralisme. Cela révèle probablement que les partis n’analysent pas le revenu de base sous l’angle de ce qu’il permettrait en termes de solution (contrairement aux citoyens), mais l’évalue selon la façon dont il entre dans leurs préconçus, dans leurs repères.


Crédit illustration : PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification roboppy

Un article de Jeff Renault publié initialement sur son blog.