De retour du congrès du Basic Income Earth Network (BIEN) qui se tenait du 14 au 16 près de Munich en Allemagne, Carole Fabre, Marc de Basquiat et Stanislas Jourdan livrent leurs impressions générales. D’autres articles seront publiés bientôt.

Quand on se rencontre, on se sent moins seuls”

Arrivée le vendredi vers 13h, la plénière avait déjà commencé, en compagnie d’environ 400 personnes du monde entier, le tout pour un événement “à l’allemande”, c’est à dire très bien organisé…

Un sentiment s’empare de nous immédiatement : « nous ne sommes pas seuls », le revenu de base transcende toutes les tendances politiques, nationales, internationales, les pays riches, les pays pauvres …

D’entrée de jeu, Guy Standing, co-fondateur du BIEN, donne le ton :

Compte tenu du contexte, nous devons redoubler nos efforts !

Mais il ne s’agit plus de récriminations envers des coupables de crises, de punir untel ou untel, de faire encore et encore le constat que nous allons vers un mur, de penser dettes, austérité, chômage, emploi, pouvoir d’achat, de plonger encore et encore dans les vieilles solutions qui n’en sont plus.

Le gratin au rendez-vous

De nombreuses personnalités étaient présentes : le sénateur brésilien Eduardo Suplicy, le député vert allemand Arfst Wagner, l’entrepreneur Götz Werner, notre ex-ministre Christine Boutin, seule personnalité politique française a avoir fait le déplacement …

Sympathique également d’échanger avec les quelques personnages politiques engagés sur le revenu de base !” témoigne Marc de Basquiat “En échangeant avec quelques confrères d’autres pays nous vient l’idée d’écrire un livre en commun. Je ne sais pas si nous aboutirons, mais nous avons déjà rédigé quelques pages et une ébauche de plan.

Des ateliers riches, mais difficile de participer à tous…

Dans toutes les conférences et ateliers qui ont suivi pendant ces trois jours, il s’agissait d’émancipation, de liberté, de choix et comment y arriver, comment convaincre nos concitoyens opposés à cette vision, comment leur montrer les barrières psychologiques qu’ils se sont imposés, comment déconstruire les valeurs de travail actuelles, comment construire d’autres valeurs sur le travail … et puis toutes les possibilités de financement selon les pays, et il y en a, que l’embarras du choix !

L’un des thèmes les plus intéressant était certainement les expérimentations en cours, au Brésil, en Inde, en Iran, en Mongolie … et tout le travail effectué par chacun dans son pays, comment convaincre les politiques et les citoyens … et les journalistes d’en parler.

Un autre atelier très attendu fut celui sur le revenu de base et la décroissance, au cours duquel Baptiste Mylondo a présenté avec brio sa vision, que l’on pourrait résumer avec cette citation :

Pourquoi travailler plus si nous avons déjà tout ce dont nous avons besoin ? Si l’on mettait en place le revenu de base, peut être alors que nous realiserions que nous pouvons partager le gâteau de manière plus juste plutôt que de lutter pour le faire grossir indéfiniment.

Il y avait beaucoup d’ateliers et le choix fut parfois difficile, c’est le jeu de ces congrès, un peu au pas de course … les temps de pause, autour d’un café et des fameux Bretzels allemands, nous ont permis de discuter avec les uns et les autres, des rencontres étonnantes parfois, des questions forcément sur ses propres espérances et le chemin encore à faire. Stanislas Jourdan :

Pour ma part, le premier atelier, c’était un peu mon grand oral : démontrer qu’un revenu de base est possible à mettre en place en Grèce, malgré le contexte très difficile voire inextricable. Mon papier était un peu technique, mais j’ai tout de même eu de bons feedbacks. Maintenant, il faut que les Grecs s’emparent de l’idée !

Vous pouvez consulter la présentation ci-dessous :

Quand à Marc de Basquiat, ce fut l’occasion pour lui de présenter ses travaux en anglais (pdf). “Lors de ces échanges, que de bonnes volontés partagées : plusieurs m’ont proposé des documents venant compléter mes travaux, d’autres demandent des précisions qu’ils pourront utiliser pour leurs propres analyses” témoigne le docteur en économie.

Comme en famille

« Dans quel pays le revenu de base sera-t-il réellement en fonction en premier ? » était la question qui revenait bien souvent. « Et dans combien de temps ?» question qui nous faisait aussi sourire, entre les impatients et ceux qui pensent que le chemin est encore long …

Amusant également d’être abordé en français par des participants de divers pays : allemands, autrichiens, italiens… L’Europe est une famille où on se sent bien ! Avec en sus la curiosité pour des expériences menées dans de nombreux pays lointains. Marc.

Le contact est également pris avec Christian, jeune allemand qui est en train de monter un ambitieux projet de documentaire sur le revenu de base à travers le monde. Il lui manquait des contacts en France…

Au dîner, certains d’entre nous nous sommes retrouvés Bernard Kundig et Albert Jorimann, co-présidents du BIEN Suisse qui nous donnent quelques nouvelles de leur initiative populaire : plus de 25.000 signatures au dernier relevé de compteur… Il y a encore du boulot pour atteindre les 100.000 ! Un autre soir, nous avons eu le temps de dicsuter entre francophones, discutant à bâtons rompus de nos visions, échangeant nos parcours… Nous avons également eu l’occasion de discuter avec des allemands qui nous ont partagé leurs expériences d’activistes.

Car oui, ce qui était formidable dans ce congrès, avec toutes ces personnes réunies, c’est de voir que nous sommes tous activistes d’une façon ou de l’autre. Nous sommes déjà nombreux en fait, et l’idée se propage.

Si je devais avoir un petit regret, c’est d’ailleurs ce manque d’esprit d’activisme”, estime Stanislas “les conférences c’est bien, mais quand est-ce qu’on passe à l’action ?

Ce fut justement l’objet des discours de clôture, incitant l’audience à penser et à propager le revenu de base avec le cœur plutôt qu’avec un « academic brain » (cerveau d’universitaire). Sur ce, on retourne à la rédaction de nos prochains articles !

Stanislas, Carole et Marc


Photos : cc Stanislas Jourdan (flickr)