Trois formations politiques espagnoles ont inséré le revenu de base dans leurs revendications. De bonne augure à l’approche des élections régionales au Pays Basque et en Galice, qui se tiennent dimanche prochain.

Article initialement publié sur le site redrentabasica.org, traduit par Florian Martinon.

Comme nous l’avons à une autre occasion, la revitalisation du débat sur le revenu de base en cette période de crise, est notablement dûe à sa promotion par les mouvements sociaux tel que le 15‑M, et dans le Pays Basque, par Bildu, la coalition politique indépendantiste basque de gauche (et dont la popularité augmente).

Cette dernière, via les élections municipales du 22 mai 2011, le titulaire du Ministère provincial de la Politique Sociale, Ander Rodriguez, de Bildu, a annoncé son intention d’impulser une “commission d’étude” aux Assemblées Générales de la province de Gipuzkoa sur la nécessité et la viabilité de l’instauration d’un revenu de base, compte tenu de la croissance exponentielle de la pauvreté dans le contexte actuel de crise et les lacunes de l’actuel système de prestations conditionnelles.

Le 22 septembre dernier, EH Bildu a présenté son programme électoral au Musée Eureka de Donostia. Dans la section “Politique Sociale” du document mis en ligne (pdf) le paragraphe 14 propose de “mener un débat social et politique avec pour but d’articuler une proposition sur un Revenu de base de Citoyenneté”, dans le même sens que celui annoncé par Ander Rodriguez en Octobre dernier.

Bildu ne sera pas seul

Mais la véritable bonne nouvelle est que lors des prochaines élections autonomes basques, la proposition du revenu de base ne sera pas seulement défendue par Bildu, mais aussi par EQUO Berdeak Euskal Ekologistak, un nouveau parti fondé en 2011 suite aux mouvements sociaux qui ont eu lieu dans le pays. Dans le premier paragraphe sur l’Economie et l’Etat de bien-être du programme de EQUO, (accessible ici en pdf) il est ainsi précisé :

Nous instaurerons un Revenu Basique de Citoyenneté pour couvrir les besoins de base et abolir la pauvreté et l’exclusion sociale. EQUO Berdeak propose ce revenu d’insertion comme mécanisme de régularisation des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, pour les besoins de base, qui permet à tous les citoyens de mener une vie digne. Celui-ci sera pour tous les citoyens qui résident en Euskadi depuis au moins un an, indépendamment de s’ils ont du travail (un emploi) ou pas, du niveau de leurs revenus et de la composition de leur ménage.

La différence entre les deux propositions saute immédiatement aux yeux : alors que le document de Bildu fait seulement mention de la nécessité de mener un débat sur cette proposition, le programme d’EQUO Berdeak porte une vraie promesse d’implantation d’un revenu de base universel et inconditionnel, qui rendrait effectif les droits des résidents d’Eudaski [Pays Basque], éternellement mis en jachères par la crise.

En revanche, on comprend difficilement l’appellation “revenu d’insertion” pour une prestation censée être indépendante du niveau de revenu. De plus, il conviendrait aussi de savoir si ce revenu impliquerait une occupation effective ou non d’un emploi, ainsi que la volonté de l’obtenir.

Le revenu de base va-t-il envahir les parlements ?

Faute d’avoir plus de détails sur cette proposition, on se réjouira que sa simple inclusion dans un programme nous signale la perspective que le revenu de base occupe non seulement les discussions dans les places et rues d’une multitude de villes, mais aussi dans les parlements, du moins celui d’Euskadi.

Enfin, en ce qui concerne les élections de la province de Galice, la nouvelle formation politique Anova propose dans son programme :

L’implantation d’un revenu de base social, de caractère universel, qui garantit la subsistance avec un minimum de dignité.

Les citoyens basques et galiciens sont appelés à se rendre au bureau de vote ce dimanche, le 21 octobre 2012.


Crédit illustration : PaternitéPas d'utilisation commerciale Jaume d’Urgell