En réponse à Jean-Marie Harribey, Jacques Berthillier souligne que le revenu d’existence n’est pas incompatible avec une intégration sociale par le travail, ni avec l’idée de la réduction et du partage du temps de travail.
Dans une tribune parue sur Le Monde.fr, Jean-Marie Harribey, économiste d’ATTAC, reprochait aux partisans du revenu d’existence de commettre un « impensé sur le travail ». Jean-Eric Hyafil a répondu à son tour sur Le Monde en expliquant l’approche du revenu de base par les biens communs. Suite à une nouvelle réponse d’Harribey sur son blog, Jacques Berthillier de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence apporte un complément de réponse que nous republions ici.
En premier lieu, si Jean-Marie Harribey donne, à juste titre, une place prépondérante au travail en tant que facteur essentiel dans la création de la richesse, il néglige, cependant, l’apport du travail des générations antérieures, pourtant déterminant, sur notre efficacité collective, notre productivité, notre aptitude à créer, à innover.
À notre naissance nous sommes immergés dans la société qui nous accueille, avec son histoire, ses coutumes, sa culture, ses connaissances, ses infrastuctures, son organisation économique et sociale, son mode de gouvernement… En fait, avec ce que l’on nomme aujourd’hui le « capital social collectif ». Or, on tend à oublier qu’il conditionne dans une large mesure nos performances. Sinon, comment expliquer les différences d’efficacité dans le travail selon le niveau de développement des nations ? À effort égal, nous n’obtenons pas le même résultat selon le capital social collectif dont nous héritons.
“Nous héritons d’un capital social collectif sans y avoir contribué”
Yoland Bresson est le premier économiste à l’avoir mis en exergue. À partir de ses travaux, il évalue le revenu de ce capital collectif à 14% du PIB. Son montant en valeur monétaire est donc propre à chaque pays. À notre naissance nous héritons de ce capital sans y avoir contribué. En revanche, par notre travail et notre intelligence, il est de notre devoir de l’enrichir au bénéfice des générations montantes, afin de leur transmettre une société encore plus performante, libérant davantage l’homme des tâches peu valorisantes, au profit d’activités choisies et d’un temps libre accru, facteurs d’enrichissement et d’épanouissement personnels et collectifs.
Le revenu du capital social collectif dont nous héritons ne peut, au nom de l’équité, être accaparé par quelques privilégiés. Il faut donc le distribuer à chacun de nous en parts égales, tout au long de notre vie, par le biais d’un Revenu d’Existence inconditionnel, c’est-à-dire sans la moindre contrepartie en travail puisque ce revenu dépend, pour l’essentiel, du travail des générations qui nous ont précédées.
Revenu d’existence et partage du travail ne sont pas incompatibles
En second lieu, Jean-Marie Harribey oppose au Revenu d’existence une meilleure répartition du travail. Or, ces deux réformes ne sont nullement incompatibles. Elles sont même nécessaires et complémentaires, surtout si l’on se projette sur un horizon à long terme. Keynes en 1930 pensait qu’en l’an 2000 on ne travaillerait plus que 20 heures par semaine en moyenne. Si sa prévision fut trop optimiste, il n’en demeure pas moins que grâce au progrès de la science et de nos organisations, la durée du travail ne cessera de diminuer, surtout si l’on modère notre consommation pour ne pas épuiser nos ressources rares et polluer encore davantage notre planète.
Quelles en seront les conséquences économiques pour les activités de faible qualification, difficilement mécanisables et pourtant indispensables ? Dans l’hypothèse où, pour ces qualifications, les rémunérations mensuelles seraient intégralement maintenues après réduction du temps de travail (RTT), leur coût horaire augmenterait et sortirait, pour la plupart, de l’acceptabilité du marché. C’est déjà ce que l’on constate pour certains métiers qui ne subsistent que subventionnés ou non payés directement par leurs bénéficiaires.
Pour éviter cet handicap, il faudra donc compenser, au moins en partie, la perte de rémunération mensuelle après RTT des emplois de faible qualification. Le Revenu d’Existence en sera l’un des moyens et il représentera un pourcentage d’autant plus élevé dans les revenus que les revenus d’activité seront plus faibles. C’est ainsi que petit à petit les revenus indispensables aux ménages et au fonctionnement de l’économie seront de plus en plus déconnectés du travail. De façon imagée on peut dire que l’on va progressivement distribuer « le salaire des robots », en réalité le produit du capital social collectif.
Le revenu d’existence augmentera donc naturellement avec le développement de la société et la réduction progressive de la durée du travail. En cela, réduction de la durée du travail et Revenu d’Existence vont de pair et ne s’opposent nullement.
Crédit photo : CC Stanislas Jourdan
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits car il naissent et restent jusqu’à leur mort, et ceci de manière inaliénable, propriétaires de leur force de travail et propriétaires à parts égales des ressources naturelles dans les composantes non touchés par l’exploitation et la transformation de l’homme (voir Postulats pour les sciences économiques ou la Troisième Voie dans le http://ionceldomn.blogspot.ro/2014/08/postulates-of-economics-or-third-way.html)
Mon dieu . OU allons nous ? Alors la personne qui bosse beaucoup pour son confort ou que son travail l’exige (commerçant par ex) on va lui cravatter une partie de son revenu pour le redistribuer aux autres ? Vous rêvez ou quoi ?
La société marxiste d’il y a un siècle et ses lamentables échecs ne vous ont pas suffit ?
Au nom de quoi allez vous redistribuer l’argent des autres ? Vous savez très bien qu’on assistera a des déviations intolérables et de toute façon il est fort possible que ceux a qui vous prétendez prendre l’argent vous disent a leur façon ce qu’ils pensent de cette société d’assistés .
Vous vivez dans l’un des pays les plus généreux au monde et vous venez crier a la misère ? Mais atterrissez un peut , la vie ce n’est l’argent des autres . c’est beaucoup plus dur que cela .
À moins que vous ne fassiez partie des 1% les plus riches, il est probable que vos revenus seront augmentés grâce au revenu de base. D’abord parce que le revenu de base s’additionne à tous les autres revenus, y compris celui de votre activité. Ensuite, si vous tenez un commerce, la hausse du pouvoir d’achat des gens veut dire que votre clientèle potentielle sera élargie (à moins que vous ne soyez dans les produits de luxe).
Sans compter les bénéfices secondaires : stabilité des revenus, apaisement du climat social, etc.
le 11 – 02-96
Mr Berthillier,
Dans votre lettre du 30 janvier dernier vous me demandez des précisions sur le fixe par emploi, car vous vous demandez en quoi il difffère du Revenu d’existence.
Comme ressemblance je vois le caractère forfaitaire de l’allocation et la nécessité. d’un nouveau contrat social. Tout le reste diffère.
La subvention d’un fixe par emploi, dans mon idée,est appelée à jouer un rôle capital dans l’ Économie, aussi bien comme moyen de lutte contre l’inflation, le chômage et les inégalités, que contre l’exode rural.
Un fixe par emploi permettrait des marges plus faibles, donc une diminution des inégalités : en langage populaire, “le petit ne ferait plus le jeu du gros”, comme l’a dit Claude Cheysson en 1981.
Il serait anti-inflationniste, dans la mesure où le gros, profitant d’un meilleur prix de revient, appelé économie d’échelle, contraint le petit à augmenter ses prix, du fait de la diminution constante de sa part de marché occasionnée par les rabais qu’il peut faire, la grande surface ne visant qu’à être moins chère tout en étant le plus cher possible.C’est d’autant plus facile que les grandes surfaces obtiennent des remises obligeant leurs fournisseurs à revoir leur barème de base. “Nous évitons les grandes surfaces, car elles exigent de très fortes marges” disait Mr Rampal-Patou à la revue OAA ( Orphelins Apprentis d’ Auteuil ) en 1995, maître savonnier à Salon de Provence, et qui existe toujours. Quelle compétitivité propre ? c’est le cas de le dire !
Cette subvention serait anti-chômage également dans la mesure où la lutte contre l’inflation passe par la rigueur et donc la mort des petites unités. D’autre part, qui dit fixe par emploi, dit complément de salaire variable en fonction de la valeur ajoutée réalisée par l’entreprise. La flexibilité des salaires remplaçant la flexibilité de l’emploi. C’est pour cela que je propose comme 2ème mesure le contrôle de la valeur ajoutée en fonction de l’emploi, donc l’indexation de la masse salariale sur celle-ci, à hauteur de 50 % en finale.
Du fait de ces 2 mesures, le SMIC serait payé par la solidarité nationale, ce qui permettrait d’employer tout le monde, car il n’y aurait pas beaucoup à ajouter pour faire un salaire correct, donnant un pouvoir d’achat correct, d’autant plus que les entreprises auraient intérêt à ne pas exploiter, comme à employer le pus possible, quitte à diminuer le temps de travail.
L’aménagement du territoire serait assuré automatiquement, sans dépenses ruineuses pour un État sur-endetté, car ce sont les usines qui retourneraient à la campagne, n’ayant plus besoin d’ êtres grosses pour être compétitives du fait de l’absence d’économies d’échelle, et du fait qu’il serait capital d’employer et de payer pour simplement avoir le droit de faire valeur ajoutée et bénéfices.
La loi de l’offre et de la demande jouerait en faveur des salariés, car il n’y aurait plus de chômeurs, grâce à la suppression de la concurrence de la machine, du trvail au noir, du bricolage,et de la main d’oeuvre des pays pauvres, d’autant que beaucoupde femmes arrêteraient de travailler grâce à une 3ème mesure, des prêts sans intérêt pour la construction de la résidence principale, l’intérêt de l’argent ayant été remplacé dans la lutte contre l’inflation par le contrôle de la valeur ajoutée en fonction de l’emploi !
Cettte idée d’un fixe par emploi, forfaitaire et non hiérarchisé a été reprise par un groupe d’économistes de réputation mondiale le 31 Mars 1994 dans un rapport au Sénat. Il comprenait Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du FMI, Edmond Malinvaud professeur au collège de France, Robert Solow prix Nobel, Jean-Paul Fitoussi Président de l’ OFCE, Edmund Phelps professeur américain. Cette idée était issue d’un réflexion sur l’économie intitulée ” exemples de solutions concrètes aux problèmes des inégalités, de l’inflation et du chômage” datant de 1986 et remise à son professeur en 3 ème année de licence de Droit à Rennes par ma fille aînée. J’ai été étonné, dans les mêmes termes, de la retrouver dans un article de La Croix du 17 Avril 1994 intitulé “Seule la croissance résorbera le chômage” par Olivier Blanchard, Professeur au Massachussetts institut of tecnoogy (MIT). Ce en quoi je ne suis pas d’accord, du tout.
Nous ne pouvons pas échapper à la révolution, autant qu’elle se fasse à froid, volontairement.
Amicalement à votre disposition.