Bien que sa part dans les recettes du budget de l’État ne cesse de diminuer, actuellement la solidarité et la redistribution repose encore en partie sur l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP). Fondé sur le quotient familial avec le nombre de parts qui dépend de la composition de la famille, son barème est relativement simple mais le calcul de l’impôt est chaque année de plus en plus complexe étant données les multiples réductions fiscales et crédits d’impôts qui diminuent considérablement son rendement et mobilisent de nombreux contrôleurs tout en favorisant les titulaires de très gros revenus.
Les dépenses de solidarité engagées par l’État et divers organismes publics pour assurer un minimum vital à tous ceux qui n’arrivent plus à vivre d’un travail et dont les ressources familiales sont insuffisantes sont aussi très complexes à mettre en œuvre, stigmatisantes et humiliantes pour beaucoup d’allocataires. Les multiples clauses et les conditions d’allocation génèrent des frustrations et exigent de nombreux contrôles qui sont la cause de situations de plus en plus conflictuelles entre les allocataires potentiels et les personnels des organismes publiques qui distribuent ces aides diverses (lire cet article sur les incivilités à la CAF).
Je vais montrer que l’allocation d’un revenu de base (référence : 750 € ) financé directement par une cotisation sur les revenus d’activité (30 %) et par une contribution sur le patrimoine net de 1,5 % annuel se révèle beaucoup plus efficace et exige dans plus de 99 % des cas un effort fiscal moindre que celui imposé aujourd’hui.
L’IRPP : un impôt injuste et inefficace
L’IRPP dans toute sa complexité réussit à abonder le budget de l’État de seulement 70 milliards d’euros soit autour de 3,5 % du PIB. Étant donnés les déficits des organismes sociaux qui n’arrivaient plus avec les cotisations à assurer leurs missions, il a fallu au fil du temps compléter ce prélèvement par l’impôt sur le revenu par une Contribution Sociale Généralisée (CSG) dont le taux sur les salaires atteint, avec la CRDS, 8 % et ramène dans les caisses de la Sécurité Sociale autour de 90 milliards d’euros. Si les plus démunis sont dispensés de l’IRPP, ils contribuent avec la CSG à leur propre solidarité. Avec le jeu des tranches et du taux marginal, le taux de l’IRPP augmente avec les revenus, comme le montre la diapositive 1/5 (Distribution des salaires).
Ainsi le taux réel sur un salaire brut par part passe pour l’IRPP de :
- 0 % pour les très bas revenus à
- 30 % pour les 1 % des plus riches.
- puis au delà pour les ultra riches avec la magie de l’« optimisation fiscale » , le taux diminue, comme le montrent C. Landais, T. Piketti et E. Saez dans l’ouvrage « Pour une révolution fiscale ».
Ainsi la très grande majorité de l’effort fiscal est concentré sur les classes moyennes et les classes aisées, les très aisées (au delà des 1 %) contribuent moins à la solidarité nationale que ce qu’est censé organiser l’impôt, grâce au jeu des réductions et crédits d’impôt.
Un revenu de base de 750 € avec une cotisation de 30 % des revenus, un puissant moyen de redistribution
En comparant le taux d’effort des prélèvements (CSG+IRPP) sur un équivalent salaire brut et celui qu’imposerait l’allocation d’un revenu universel de 750 € avec une contribution de 30 % je montre (diapositive 2) que :
- pour la première tranche, alors que la contribution aujourd’hui est de 8 % (CSG+CRDS), elle deviendra négative à : - 35,1 %. Ainsi le gain lors du passage du système actuel au système avec un revenu de base serait de 43,1 % sur le salaire de base.
- En ce qui concerne la quatrième tranche qui correspond à un salaire brut mensuel de plus de 18 000 €, soit un niveau supérieur au 1 % des plus favorisés, le taux actuel des prélèvement est de 37 %, avec le système revenu de base (750 €) ‑prélèvement de 30 %, le taux réel serait de 25,8 % soit encore un gain de 10,9 % sur la situation actuelle.
C’est bien ce qui est attendu du revenu universel : aider significativement et inconditionnellement les plus démunis sans spolier les plus aisés et la classe moyenne.
Ainsi le prélèvement de 30 % des revenus d’activités pour financer un revenu d’existence de 750 €, exceptés pour certains professionnels de la défiscalisation, n’est pas insupportable pour les riches. On peut même, à partir de 10 000 € brut par mois, ajouter une contribution complémentaire de 20 % sans spolier nos 1 % pour financer une décote de la contribution des salariés smicards à temps partiel.
La comparaison pour un foyer fiscal à plusieurs parts (famille avec enfants) donne les mêmes résultats, la situation étant toujours plus favorable avec un revenu de base à 750 €.
- Il reste à étudier la charge supplémentaire de la contribution sur les patrimoines net de 1,5 %. (Taxe sur les actifs nets : TAN).
Le système actuel prévoit :
- l’Impôt sur la fortune (ISF) pour les patrimoines nets supérieur à 1,3 million d’euros. Les taux marginaux s’étalent entre 0,5 % et 1,5 % pour les évaluations dépassant 10 millions d’euros. Compte tenu de son assiette très petite (il ne concerne que 3 % de la population) son rendement est négligeable : autour de 5 milliards d’euro pour 343 000 foyers imposés à l’ISF.
- Les revenus du patrimoine s’ajoutent aux revenus d’activités et sont imposables au taux marginal.
- S’y ajoutent aussi les contributions sociales qui sont au taux de 15,5 %.
Avec le revenu de base, la contribution de 1,5 % s’appliquerait sur l’ensemble du patrimoine net privé dès le premier euro soit sur un montant moyen de 170 000 € par habitant ce qui représente un contribution individuelle supplémentaire de 212 € par mois et plus de 160 milliards de recettes totales. Ce montant de 170 000€ en réalité n’est atteint que par le quart de la population la plus riche. Le quart le plus pauvre possède moins de 3 600 € (Observatoire des inégalités).
En sachant que les revenus du patrimoine (loyers, dividendes, intérêts) ne sont pas concernés par le calcul de la contribution de 30 %, réservée aux revenus d’activité, afin d’encourager l’investissement en général, et de ne pas pénaliser les locataires sur les propriétaires et en considérant que les revenus sur le patrimoine sont de l’ordre de 3 %, une taxe de 1,5 % revient à imposer à 50 % les revenus du patrimoine, ce qui est aujourd’hui le taux (15 % CSG + 35 % IRPP) pour les personnes aux revenus supérieurs à 8 000 € mensuels soit les 1 %.
Les deux exemples d’un célibataire, aux revenus élevés type 1 % (salaire brut : 10 900 € et avec un patrimoine évoluant entre 0 et 250 000 €) et d’une famille aux revenus conséquents (13 320 €) et au patrimoine élevé (540 000 €) avec deux enfants de plus de 14 ans montrent que le niveau des prélèvements serait comparable à la situation actuelle (diapositives 3 et 4).
Afin de valider définitivement ce nouveau modèle de redistribution il faut montrer que par les économies générées et par de nouvelles recettes on peut se dispenser définitivement à la fois de l’IRPP (70 M€), de la CSG (90 M€) et de l’ISF (5 M€ ).
La fin des aides ciblées
L’allocation inconditionnelle d’un revenu universel d’un montant suffisant (750 €) doit permettre d’éliminer un ensemble d’aides complexes à mettre en œuvre et trop souvent insuffisantes. Ce sont pour la plupart des aides non contributives mises en place au gré des politiques sociales de divers gouvernements. Ce revenu universel se substituerait avantageusement aux aides suivantes :
- RSA et aides pour l’emploi (allègement de charges, prime d’activité), (40 M€)
- Toutes les aides à la famille (allocations familiales, rentrée scolaire, aides diverses) (25 M€ )
- Aides aux personnes âgées (ASPA) (3 M€)
- Aides aux logement (Allocation logement et aides aux propriétaires) (25 M€)
- Bourses d’études- aide scolaire, cantine, etc… (8 M€)
- Réduction des cotisations des fonctionnaires (A.F.) (7,5 M€)
- Réduction du coût de fonctionnement de l’administration publique (évalué à 10 M€)
Soit un montant estimé d’économie de 118,5 M€.
Il faut y ajouter les recettes supplémentaires d’un montant de 47,8 M€ :
- de TVA (suppression du taux intermédiaire de 10 % et consommation supplémentaire) (de l’ordre de 10 M€)
- la cotisation maladie de 15 % de l’ensemble des retraités compensé par la suppression de la C.S.G. et un montant de pension plus élevé. (37.8 M€ ) (voir article précédent et le diaporama joint).
Avec le montant des économies et les recettes nouvelles (166,3 M€ ), la disparition progressive de nombreuses autres niches fiscales, (lien) il est possible de supprimer le système actuel de redistribution par l’IRPP, la CSG et l’ISF (diapositive 5) pour le remplacer avantageusement par un revenu universel, une cotisation de 30 % des revenus d’activités et une TAN de 1,5 % annuelle à laquelle s’ajoute une cotisation sur l’Excédent Brut d’exploitation qui se substitue avantageusement à la cotisation pour les allocations familiales de 5,7 % qui disparait.
L’article précédent « Comment sécuriser et renforcer notre système social avec le revenu d’existence ? » a montré les potentialités de ce revenu universel et de ce dispositif de financement associé. J’ai souligné combien le partage du travail et du temps libéré soulagerait à la fois les caisses d’allocation chômage et de l’assurance maladie.
Avec cet article j’ai montré encore une fois que contrairement aux idées reçues il n’en coûterait rien au finances publiques et qu’au contraire le revenu de base avec son financement contribuera à terme à réduire les déficits publics. Les plus aisés ne seraient en aucun cas spoliés, ils paieraient comme chaque citoyen leur juste part en fonction de leurs moyens. Enfin et c’est certainement le plus important on cesserait de diviser notre société entre le monde des assistés, le monde des classes moyennes et aisées qui financent les aides et celui d’une toute petite minorité (moins de 1 %) qui profite du système tout en se retirant de ses obligations élémentaires de solidarité.
Alors qu’attend-on pour dessiner la transition de notre système obsolète et injuste vers un puissant système de redistribution qui tout en mettant tout le monde à contribution donne à chacun une carte maitresse pour assurer sa propre réussite ?
Annexes :
- qui se saigne avec un revenu de base à 750 € ?
- Pour ceux qui souhaitent voir ce que changerait, à partir de leur propre situation, un revenu inconditionnel de 750€, vous pouvez utiliser le simulateur en renseignant la feuille de calcul suivante : Simulateur à RE 750 €
La démonstration est sans doute probante mais les abbréviations la rendent particulièrement difficiles à lire et à comprendre, malheureusement ! – sorry !
Même avis, probant mais trop d’abbréviations ( M = milliards ou millions ?…)
Bref, pour toucher un maximum de lecteurs, leur parler comme à des enfants svp..
L’ASPA est l’allocation de retraite des retraités sans retraites, donc supprimer l’ASPA revient à faire des retraités, sans autres retraites, que les nouveaux pauvres du revenu d’existence en ce que ne disposant que de 750 euros de revenus… c’est à dire, ne disposant qu’encore moins de revenus qu’avec l’ASPA actuelle, qui est à 800 euros… – toutes règles ne pouvant avoir que son exception, il ne faut donc alors comprendre l’ASPA comme une allocation à supprimer… à moins de maintenir les allocations logements!!!
Dans le premier article :http://alternative21.blog.lemonde.fr/2016/07/06/comment-securiser-et-renforcer-notre-systeme-social-avec-le-revenu-dexistence/ je précise la modulation de ce revenu de référence 750€ enfance:250€ adolescence:500€ plus de 18 ans:750€ puis à partir de 25 années au choix à 1060€ et à la retraite : 1009€
Intermittente du spectacle, je soutiens le revenu de base. Mais 750 € c’est vraiment trop peu…
De plus, impossible d’utiliser le simulateur pour un chômeur ou intermittent.
1°) je vous conseille de parler un peu plus avec les bénéficiaires des minima existants (le minimum vieillesse, les allocations handicapés, etc. Vos solutions diminueraient considérablement leurs revenus !!!)
2°) vous faites semblant de croire que les impôts, c’est seulement les impôts directs ? ou j’ai mal compris ?
3°) votre “simulateur” ne concernent que ceux qui paient des impôts directs ?
je vous rappelle que la TVA+la CSG et consorts sont des impôts payés par tous, et qu’ils rapportent bien plus que les directs.
Votre calcul est tout bénéf pour les riches… y a de l’avenir pour le revenu de base…
PS : pourquoi ce mot “submit” au lieu de envoyer, compréhensible par tous pour soumettre le commentaire ?
Monsieur Valette, merci pour votre précision sur les retraités percevant le minimum vieillesse ! – Cependant, encore un mot : “Entre la liberté et la propriété nulle contradiction sérieuse, la propriété n’étant rien que la consécration des fruits de l’activité libre. Et toutefois l’apparente opposition de ces idées faisait le danger de la France” (Michelet, “histoire de la révolution française”)
En quelques mots : pour que la propriété ‑comme la liberté- soit rendue à sa fonction émancipatrice, alors il faut que l’activité de chacun(e) puisse être libre et librement choisie et exercée. Et c’est exactement ce que permettra un revenu de base en ouvrant à chacun(e) un droit de propriété, en l’occurrence mobilière, et ainsi un droit de liberté à exercer une activité de maitrise de sa propre vie individuelle dans le bien être de la société qui la contient et l’exprime socialement comme collectivement.
Autrement dit : sans propriété, pas de liberté ! Mais aussi, une propriété acquise à chacun et à chacune, la liberté est et sera d’autant plus permisse et réalisable par toutes et tous…!
Il serait quand même bien de rappeler que le concept apolitique du revenu de base a été hautement défendu par l’école libérale de Chicago dont Milton Friedman. Je suis vraiment étonnée que le débat ne soit pas plus ouvert sur les effets pervers d’une telle idée : institutionnalisation de la pauvreté, dépendance financière à l’État… Le vrai combat ne devrait-il pas être de lutter pour un retour à une économie réelle équitable et à une plus juste rémunération du travail ?
Laurence… dans votre commentaire, il y a beaucoup de sous-entendus inexprimés comme autant d’a-prioris inexpliqués.
Donc, d’abord, qu’est-ce qu’une économie réelle équitable ? (le socialisme made ex-urss ou chinois ?)
Et de quelle rémunération plus juste du travail peut il être question maintenant, à cette époque-çi, où notamment avec les progrès de la numérisation, d’un côte, et, de l’autre, l’extension des petits boulots… le travail est justement toujours plus social (!) – alors de quelle rémunération doit-il s’agir ? …si ce n’est justement que le revenu de base individuel et inconditionnel en est précisément le socle embryonnaire (aussi au droit à la possession par là d’une propriété mobilière à vie) sur lequel peut ensuite se greffer un salaire (plus juste, c’est à voir ce que l’on entend par là comme de l’existence des rapports de force sociaux qui y prédestinent).
Enfin, les minimas sociaux actuels sont déjà bien là comme preuves et manifestations de l’institutionnalisation de la pauvreté et de la dépendance financière à l’Etat, que vous fustigez, avec, en outre, toutes les contraintes sociales et politiques existantes contre ceux et celles qui les perçoivent et qui seraient justement levées par l’instauration d’un revenu de base individuel et inconditionnel, non ?
Sous-entendus et a‑priori, vous y allez un peu fort, mais bon… N’étant pas une “experte” du revenu de base, mais m’intéressant à cette question sur laquelle je n’ai pas encore de certitude, je souhaitais juste ouvrir le débat.
Quand j’évoque une économie réelle plus équitable, je ne fais bien-tendu pas allusion au système ex-urss (mais merci d’induire une telle idée, beau tour de passe passe rhétorique). Si le revenu de base répond à un enjeu de continuité du revenu pour tous, il me semble qu’il élude de nombreux points liés plus globalement, aux impacts de l’économie de marché et du capitalisme (financier) sur l’économie réelle, et sur le travail. J’ai peu vu, (pour l’heure), en glanant parmi les articles et sites défendant ce projet, de références à la défense des droits universels sur l’emploi, qui me semblent aussi primordiaux : protection sociale, démarchandisation du travail (je parle des emplois, pas du travail “social”), réduction des écarts de salaire entre grands patrons et employés, égalité professionnelle, réduction du temps de travail,etc. Bien sûr, envisager un système économique différent peut paraître très utopique, mais je me questionne sur le fait d’envisager le revenu de base inconditionnel comme seul remède, tout en laissant perdurer un système inégalitaire.
Je suis bien consciente des évolutions technologiques et numériques conduisant à la disparition de certaines catégories d’emploi, bien que d’autres facteurs soient en jeu dans la forte diminution des CDI, l’augmentation des temps partiels, des petits jobs et des activités indépendantes. Ceci-étant je m’intéresse aussi à d’autres pistes, comme les structures coopératives et la solidarité collective. Je pense par ailleurs, bien que je sois plutôt pessimiste à ce sujet au vu des dernières réformes sur la formation professionnelle et le travail, qu’un des chantiers prioritaires à mener serait celui de la formation et de l’accompagnement des entreprises au changement.
Une autre question me taraude, celle de la notion de travail/emploi, mise en perspective avec la possibilité accordée à chacun de choisir, en gros, ce qu’il veut faire de sa vie une fois son revenu de base acquis. Pour moi, ce n’est pas lutter contre la marchandisation du travail, mais je comprends la volonté affichée de valoriser le travail social. Si ce n’est que celui-ci ne sera pas toujours forcément social, à moins que vous ayez défini des moyens de vérifier que chacun s’inscrive dans une activité d’intérêt collectif ? Par ailleurs, ne court-on pas le risque de renforcer, ou dans le meilleur des cas, de faire stagner les écarts sociaux, ou de renforcer la rupture sociale, entre ceux qui “choisiront” de ne pas ou de peu compléter leur revenu par un salaire, et les autres ? Je pense malheureusement que peu de gens peuvent réellement “choisir”, que les mieux armés accèderaient aux richesses, et que les plus fragiles risqueraient d’être cantonnés au bénévolat.
Loin de moi l’idée de nier l’importance du travail social, mais le travail représente aussi un puissant vecteur d’insertion sociale et de reconnaissance. N’oublions pas par ailleurs que les activités associatives sont peu courues par les gens en termes d’activités extra-professionnelles.
Enfin,il est vrai que les prestations sociales existantes sont déjà révélatrices d’une forme d’institutionnalisation de la pauvreté. Et une remise à plat du systèmes d’aides visant la simplification serait certainement très pertinente. Mais là, on ne parle pas d’une aide, mais d’un revenu. Ce que je crains dans cette forme de “dépendance” à l’état (que je ne fustige absolument pas, chacun ses a‑priori), ce sont les impacts sur les orientations et décisions politiques qui pourraient en découler. En étant garant du versement d’un minimum vital à chaque citoyen, l’état s’investit d’un pouvoir symbolique et “marchand” énorme. Je doute qu’il l’utilise pour défendre l’égalité entre tous et lutter contre la précarité (d’ailleurs 750 euros, c’est quand même très peu, non?). Mais c’est sûrement un autre débat.
Laurence… Bonjour et merci pour votre réponse !
Tout d’abord, en évoquant le socialisme de l’ex-urss ou de la chine, je ne tenais pas à polémiquer ou à vous blesser mais j’évoquais simplement le fait que ce socialisme, à l’origine, avait justement pour vocation une économie plus équitable, ainsi que la disparition de la marchandisation, notamment du travail… en faisant de chacun et de chacune un(e) salarié(e) attaché(e) à l’Etat propriétaire et planificateur de toutes activités et en marginalisant, voire éradiquant, par là l’initiative privée comme propriété privée… Ce qui a amené à la disparition de l’ex-urss et la volonté de la Chine, et actuellement de Cuba, de renouer avec le marché économique mondial… En ce que la force du capitalisme est précisément de faire jouer aussi librement que possible l’initiative privée à partir de la propriété privée… Et ces pays le font pour retrouver une économie plus forte et plus prospère pour les individus qui en constituent la société. Et certainement pas pour les marchandiser.
Pourtant la marchandisation est réelle et introduit des sociétés toujours plus inégalitaires (voir à ce propos, “Le Capital au 21ème siècle”, de T. Piketty)… du fait précis que la majorité des individus est déposséder de l’avoir d’un patrimoine (mobilier, immobilier, financier) en n’ayant comme propriété à négocier que sa seule force de travail.
La source de la marchandisation, en tout temps et en tout lieu, réside donc dans la dépossession d’un patrimoine, autre que la force de travail, qui minore et infantilise toujours l’un(e) face au possesseur d’un tel patrimoine (capital mobilier, immobilier, financier)… – ce à quoi, en l’occurrence, le revenu de base individuel et inconditionnel apporterait un début de réponse en dotant chacun et chacune d’un tel(au moins minimum) patrimoine… à mon sens, en étant ainsi un début de transformation de la relation de marchandisation dans l’économie réelle. Pratimoine permettant au moins de voir venir comme de pouvoir choisir sa vocation professionnelle et ses activités économiques et sociales. Et ce, en n’étant pas renvoyer à ne devoir négocier que sur la seule base de la propriété privée de sa force de travail face au possesseur d’un capital réel plus important (notamment des moyens de production).
En ce sens, arriver à une économie réelle équitable présuppose, tout au moins, la disparition réelle des paradis fiscaux qui permettent à des sociétés comme à des individus isolé(e)s de soustraite à l’impôt un patrimoine leur permettant toujours de négocier en position de force face à tout autre individu comme face à un ou des Etats, de même que de soustraire ainsi l’impôt nécessaire au bien être des sociétés civiles et des individus qui les constituent.
Arriver à une économie réelle équitable présuppose donc plus que la seule disparition de la marchandisation et même si cette dernière en est une amorce… – et là aussi, le revenu de base, notamment par les formes de sa constitution, à partir de l’imposition (minimale à 1,5%) des patrimoines, me semble être un début de réponse positive.
Enfin, sur le travail social… une bourde de ma part de ne pas avoir écrit : le travail est justement… une activité… toujours plus sociale ! – exemple : “Amazone”, une entreprise ayant fortement recours au numérique, aura toujours plus besoin de préparateurs de commande et de chauffeurs-livreurs si elle veut pouvoir poursuivre son expansion. En ce sens, l’activité de ces préparateurs de commande et de ces chauffeurs-livreurs est une activité sociale, un travail social, qui est floué de sa valeur réelle en n’étant rémunéré que sur un taux horaire (smig)et comme travail salarié… – en ce sens, là aussi, le revenu de base individuel et inconditionnel apporte un début de réponse en dotant chacun et chacune d’un patrimoine qui (même faible) permet une reévalution de cette activité sociale, de ce travail salarié social par chacun et chacune.
En dernier lieu, je ne sais pas si un jour une sortie du capitalisme sera ou non souhaitable et si un régime socialiste en sera la réponse, par contre, je sais que l’intérêt est que chacun et chacune connaissent le bonheur en pouvant maitriser leur vocation et choisir leur propre parcours tant économique que social… – la question du régime politique étant dès lors quelque peu secondaire si ce n’est qu’il est la manifestation des tares (qui connues seront alors à résoudre) qui pèsent sur les sociétés en question et les individus qui y seront obligatoirement affilié(e)s en les constituants…
Mais bon, à chaque époque ses solutions et les êtres humains les projettant et les réalisant…
précision à propos de ma réponse précédente à Laurence… : plus le travail et donc notamment le travail salarié est et devient une activité sociale non-rémunérée comme telle (voir précédemment l’exemple “Amazone”), et alors plus la marchandisation est réelle et prégnante, forte… puisque c’est l’employeur qui profite de la valeur réelle de l’activité au détriment de l’employé(e)… que ce soit d’ailleurs un(e) salarié(e) ou bénévole, non-rémunéré(e) pour son activité sociale comme telle… – c’est donc aussi ce qui rend d’autant plus nécessaire et urgente l’instauration d’un revenu de base individuel et inconditionnel…!
Par le biais de l’Etat, d’ailleurs, puisque c’est ce dernier qui organise, par la législation sociale, et profite (indirectement par l’impôt des entreprises et directement par la TVA et autres) d’une existence de l’activité sociale non-rémunérée…
Laurence…ultime précision à propos de l’exemple de l’entreprise “Amazone” : l’activité sociale non rémunérée (“l’effet d’aubaine”, pourrait-on dire) et donc la valeur réelle du travail de chacun et de chacune se retrouve réalisée, récupérée et valorisée dans la prospérité économique, sociale, politique et ainsi financière de l’entreprise “Amazone” comme du système où elle opère et se déploie… en l’enrichissant et en s’enrichissant ainsi par la marchandisation globalement réalisée de chacun et de chacune comme dans la prospérité des paradis fiscaux qui en sont les paramètres de la supériorité… dans le rapport (marchand) à chaque employée… comme à tout être humain.
Bref, si ce n’est par l’instauration d’un revenu de base… on commence par où et par quoi à s’attaquer aux inégalités existantes, grandissantes et qui pèsent dans la vie de chacun et de chacune ??
Vous avez oublié le nivaux de vie qui varie considérablement d’une région à une autre. Si vous pouvez vous loger avec 300 € dans le Pas de Calais, il n’en est pas de même à Paris, à Bordeaux ou à Marseille. Les loyers des HLM (même avec l’APL) sont devenus inaccessibles pour de nombreuses personnes. Si on ajoute à ça les charges locatives diverses (entretient, espaces vert, poubelles…), l’eau, l’électricité, la nourriture et les frais médicaux, je doute que 750 € soit suffisant pour subvenir au minimum vital.
Marc… à ce que j’ai compris le revenu de base n’a pas vocation à être un salaire, et notamment pas à vie, dont il se différencie (voir le débat), mais bien un revenu de base qui, en sa qualité d’appoint, permet d’investir autrement la question du travail salarié, auxquels il ne saurait se substituer, mais bien une vocation à l’accompagner avec un plus… ne serait-ce qu’au regard de la nécessité d’une continuité de l’activité économique et, donc, aussi industrielle afin de le financer dans le budget de la nation… – à moins bien sur de décider de vivre avec 750 euros en tant que partisan(ne) d’une décroissance de l’économie…
…suite du précédent commentaire…: …partisan(ne) d’une décroissance de l’économie… et donc du revenu de base, lui-même, puisqu’il est l’effet de la richesse générée par le travail et accumulée disponible…