L’emblématique expérimentation du revenu de base en Namibie connait des difficultés financières et pourrait devoir stopper les versements le mois prochain.
À l’échelle d’un état comme en Alaska, au Brésil, ou à l’échelle d’un petit village de Namibie en Afrique, des mises en place concrètes du revenu de base existent.
Le cas de Otjivero, village namibien de 1000 habitants et particulièrement connu grâce à la la presse étrangère, a montré des résultats positifs impressionnants en termes de qualité de vie et de développement de l’activité.
Pourtant, cette expérimentation phare, mine de renseignements pour la recherche, et largement soutenue par la population, est en difficultés et pourrait connaître une fin abrupte. Ainsi, la coalition pour le revenu de base en Namibie annonce-t-elle sur sa page facebook :
Otjivero a atteint un stade critique et si de nouvelles ressources ne sont pas mobilisées, les villageois vont retomber dans la pauvreté extrême. Les résultats depuis le dernier rapport sont très bons et nous allons bientôt mettre en ligne plus de documentation. De 2008 à 2009, chaque résident de Otjivero a reçu une allocation de 100 NAD par mois (100 Dollars namibiens = 9,45 Euros, NdT).
Résultat : une chute significative de la malnutrition infantile, un meilleur accès à l’éducation et de meilleurs résultats scolaires, un développement des petits commerces, un accès amélioré aux ARV pour les résidents HIV+, une meilleure coopération à l’intérieur de la communauté, et bien d’autres améliorations.
Jusqu’ici les résultats sont massivement positifs. Pour des raisons financières, l’allocation a été réduite à 80 NAD par personne à partir de début 2010. Actuellement, pour la première fois, nous n’avons pas les moyens financiers de payer le BIG aux allocataires d’Otjivero.
Un arrêt de cette mesure à Otjivero serait un désastre tragique et aussi un échec emblématique dans la lutte contre la pauvreté et le chômage. La campagne pour le BIG en Namibie et la discussion continueront tant que nous ferons face à des taux de chômage titanesques et à un fossé grandissant entre riches et pauvres en Namibie.
Nous avons besoin de votre aide !
Je suis impatient d’avoir des stats fiables (en économie) au sujet de cette expérience. C’est surement intéressant d’étudier les chiffres après 2 ans de fonctionnement.
Sait-on concrètement pourquoi le projet manque de ressources ?
Est-ce juste un manque de volonté ? (je le perçois bien comme ça) …ou est-ce un problème inhérent au fonctionnement même du BIG ? (mauvaise circulation de la monnaie ?… concentration d’une partie de cette monnaie ?…)
Il serait vraiment utile d’avoir des précisions sur tout ça !
Yvan.
S’ils n’ont plus assez de monnaie ils n’ont qu’à en créer. Verser une part de ce revenu de base avec une monnaie locale permettrait de continuer même si le robinet de la monnaie nationale s’assèche et serait mieux que de laisser les habitants retomber dans la pauvreté totale.
C’est désolant certes… mais inexorable.
Cette expérience a été financée depuis le début comme un projet d’aide au développement, par des intervenants extérieurs (ONG, bénévoles, églises, etc.) et aucunement par l’État namibien.
L’État de Namibie n’a en effet aucune raison de financer les 1000 habitants d’Otjivero plutôt que les centaines de milliers d’autres qui sont également dans le besoin, un peu partout sur un territoire plus grand que la France.
Bref, tant qu’on aura pas fait progresser l’idée d’un partage des revenus assuré par une forme d’imposition finançant un revenu de base minimal pour tous à l’échelle d’une nation, on restera dans des expériences sans lendemain.
Il faut que chacun comprenne bien que l’Alaska est un cas très particulier, avec un financement pérenne assuré par la rente de l’exploitation du pétrole.
Il serait plus pertinent de regarder du côté de l’Iran, avec l’allocation distribuée à tous à la place d’une subvention à l’usage du pétrole. Certes, c’est restreint à un besoin particulier, à savoir une forme d’énergie. Mais ça marche.
Cette expérience mérite davantage notre attention que la forme d’aide au développement d’Otjivero, sans lendemain malgré l’immense sympathie qu’elle suscite dans nos âmes d’européens pas totalement guéris de leurs pulsions de colonialistes paternalistes.
En Namibie, la vraie lutte consiste à inciter le gouvernement à instaurer un mécanisme général de partage entre riches et pauvres. Au final, c’est là le seul enjeu légitime de l’expérimentation d’Otjivero. L’assistance sociale doit laisser la place aux revendications politiques.