Dans une tribune publiée hier sur le Huffingtonpost.fr, le maire socialiste du quatrième arrondissement de Paris, Christophe Girard a pris ouvertement et clairement position pour l’instauration par le gouvernement d’un “revenu social garanti“destiné essentiellement aux populations les plus précaires.

Ce n’est pas un simple vœux pieux mais c’est une proposition détaillée que défend Christophe Girard dans le cadre de sa contribution au Congrès du P.S qui se tiendra fin octobre à Toulouse. Celui-ci demande à ses camarades socialistes la mise en place d’un revenu social automatique pour les catégories les plus vulnérables : chômeurs, étudiants et artistes. Ce revenu prendrait la forme “d’un versement en liquidités” et “serait cumulable avec les revenus du travail”.

Mais l’inconditionnalité passe à la trappe…

Même si sa proposition, nous dit-il, “est semblable dans l’esprit au revenu d’existence”, celle-ci butte sur les principes d’universalité et d’inconditionnalité. Le revenu qu’il propose ne serait pas destiné à tous ni versé dès la naissance. De plus, l’élu P.S distingue deux catégories de chômeurs :ceux “concernées à un retour à l’emploi marchand ou salarié” qui recevraient sans conditions le revenu ; et les autres qui pour en bénéficier devraient suivre “une formation adaptée” et prendre part à “une activité sociale de solidarité”.

… Pour mieux faire passer la pilule au PS ?

Si Christophe Girard, ancien membre ephémère du gouvernement Ayrault chargé de la culture à Paris, propose un tel dispositif, c’est visiblement parce qu’il est soucieux de“l’acceptabilité” du projet. C’est pourquoi il insiste aussi sur ses “externalités positives”, c’est-à-dire sur les répercussions positives dans la société : lutte contre l’exclusion, création de richesses immatérielles, développement artistique, innovation… Le revenu social garanti constituerait aussi selon lui “un remède possible, intégré au sein des autres moyens” à la délinquance et l’insécurité.

Efficacité économique

En tout cas, Christophe Girard reprend de nombreux arguments pour le revenu de base inconditionnel. L’auteur met par exemple en valeur l’argument de l’efficacité économique. Le “revenu social garanti” serait ainsi financé par une simplification des minima sociaux et par une éventuelle fusion de l’impôt sur le revenu (IR) et de la contribution sociale généralisée (CSG) engageant ainsi “une rationalisation du système social”. A terme, explique-t-il, cela rendrait aussi “socialement plus acceptable une flexibilité des contrats de travail”.

Une voie possible et audacieuse”

Pour Christophe Girard “le revenu social garanti” peut être adapté et élargi après expérimentation et constitue “une voie possible et audacieuse” pour résoudre la grave crise que nous traversons ces dernières années. Il doit aussi être replacé dans l’héritage du socialisme et plus largement dans celui d’une gauche consciente du “devoir de soutenir matériellement ceux qui en ont le plus besoin” et qui sont “source potentielle de richesse et de valeur inexploitée”.

Reste une question en suspend : sa proposition apparaitra-elle comme une position individuelle ou suscitera-elle un débat assez large pour se diffuser dans l’ensemble du paquebot socialiste ?


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