Après 4 mois de chaos politique provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, un nouveau gouvernement vient enfin d’être constitué pour continuer la même politique de casse du bien commun au profit d’intérêts particuliers. 

« Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ». Attribuée à Tancrède Falconeri, le personnage qu’interprète Alain Delon dans ‘’Le Guépard’’ de Luchino Visconti, elle aurait pu sortir de la bouche d’Emmanuel Macron ce dimanche de juin.

En effet année après année, les files d’attente d’étudiants autour des distributions de produits alimentaires s’allongent, les travailleurs et les retraités pauvres sont de plus en plus nombreux, le SMIC ne permet plus de vivre décemment. Deux tiers des Français interrogés disent connaître ou avoir connu une situation de pauvreté, un chiffre en progression ! Révoltant. L’État, avec les gouvernements successifs tourne résolument le dos à sa première mission : celle d’assurer les conditions concrètes d’existence à l’ensemble de ses citoyens. Gérer le budget de l’État, c’est d’abord réunir les moyens nécessaires, par la solidarité nationale, pour assurer l’ensemble des missions de service public et garantir à chacun et chacune les droits élémentaires à une existence digne.
C’est tout le contraire qui se passe : on ne cesse de diminuer les recettes de l’État, par une politique fiscale en faveur des entreprises et des grands patrons, en espérant que la richesse créée ruissellerait sur le plus grand nombre. Politique qui ne fait que creuser les déficits, lesquels conduisent à réduire les mal nommées « 
dépenses publiques » et à asphyxier encore un peu plus nos services publics.

Il est temps de reprendre en main notre destin, en assurant par la solidarité de toutes et tous ce droit à une existence digne en toute circonstance. Attelons-nous ensemble à remettre sur pied une véritable Sécurité sociale universelle, dans l’esprit de ses fondateurs¹. 

Un revenu de base suffisant pour s’émanciper de toutes ces aides stigmatisantes que l’État octroie sous conditions de ressources, serait la clé de voute de cette protection sociale universelle.

Face aux mutations en cours dans le monde du travail comme aux défis environnementaux à surmonter dans les années à venir, faire de la diversion, continuer de temporiser, de ne pas s’attaquer à une réforme systémique de la protection sociale est totalement irresponsable.

Cette nouvelle Sécurité sociale universelle peut et doit constituer le premier dénominateur commun d’un programme de gouvernement, encore faut-il qu’elle permette à toutes et tous de s’affranchir de la charité publique qui vous oblige. Car il ne peut y avoir de liberté ni de démocratie réelle sans égale considération, sans égalité des droits humains et sans la solidarité des uns envers les autres pour garantir l’égale participation à la vie sociale et politique de l’ensemble des citoyens, pour faire pleinement son métier d’homme², pour pouvoir choisir, pour pouvoir agir tant qu’il est encore temps avant d’être contraint à ne manger que du malheur.

Pour entreprendre ce vaste chantier de refondation du bien commun le 9 et 10 novembre prochain, nous organisons les États Généreux du Revenu de Base.

Rejoignez-nous pour échanger, participer à esquisser ce qui pourrait être ce futur désirable !

L’universel concret est revenu. Il est en fait devant nous. La pandémie l’a fait ressortir sous toutes ses formes : du vaccin aux conditions de travail en passant par la santé individuelle et publique. Oui, c’est « tout un programme ». Mais y en a‑t-il d’autres, aujourd’hui ? Ne peut-il pas, ne doit-il pas nous réunir ?”
(Frédéric Worms, “L’universel concret” est de retour, Libération, 13 mai 2021)

¹ « La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, (…) Envisagée sous cet angle, la Sécurité sociale appelle l’aménagement d’une vaste organisation nationale d’entraide obligatoire qui ne peut atteindre sa pleine efficacité que si elle présente un caractère de très grande généralité à la fois quant aux personnes qu’elle englobe et quant aux risques qu’elle couvre. Le but final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité. » (Exposé des motifs de la loi d’octobre 1945).

² Albert Camus dans La peste