Le banquier et industriel Jacques Duboin (1878 – 1976), ancien député et membre du gouvernement d’Aristide Briand, avait fondé le Mouvement Français pour l’Abondance et jeté les bases d’une nouvelle économie de distribution où la monnaie serait limitée aux besoins réels et l’avoir mis au service de l’être. À l’heure où le débat sur le revenu universel d’existence revient sur le devant de la scène, il n’est pas inutile de rappeler qu’il est, tout au long du XXe siècle, le premier théoricien et héraut, étrangement oublié, du « revenu social pour tous ».
Le 1er mai 1878, le maréchal de Mac-Mahon inaugure au Champ-de-Mars l’Exposition universelle qui doit symboliser aux yeux du monde le « redressement productif » français comme on ne disait pas encore. Ses seize millions de visiteurs y admirent distraitement la voiture et le canot automobiles que Jean-Joseph Etienne Lenoir (1822 – 1900) y présente, mus par son moteur à gaz breveté depuis le 24 janvier 1860 – c’est l’ébauche du moteur à explosion qui va enclencher une seconde « révolution industrielle » mais qui s’en doute alors ?
Le 17 septembre de cette année-là naît à Saint-Julien-en-Genevois, « dans le premier village de France quand on vient de Genève », un enfant appelé à parcourir un long chemin pensif et solitaire : Jacques Duboin. Aux vitrines des libraires, les nouveautés dont on parle sont notamment Le Nabab d’Alphonse Daudet et L’Assommoir d’Emile Zola – deux manières différentes de vivre en société… Le garçon s’inscrit dans une longue lignée de juristes. Son père, établi comme avocat, le soumet, avec son frère Léon, à une éducation d’un autre âge – il s’agit d’exceller, à n’importe quel prix…
Après son droit (Lyon et Paris), le jeune Jacques est brièvement attaché commercial au Consulat de France à New York et… tente l’aventure au Canada où il crée la Société foncière du Manitoba.
Quand la Grande Guerre éclate, il est un « banquier » prospère et rentre au pays. Il monte au front, à trente-six ans, comme simple soldat. Il finit la guerre, avec le grade de capitaine, au Grand Quartier Général à Chantilly et aux côtés du général Estienne, le « père des chars ».
Lors de la Conférence de la Paix qui s’ouvre à Paris en janvier 1919 et aboutit à la signature du Traité de Versailles (28 juin 1919), il est le secrétaire, à titre militaire, du président du Conseil Georges Clemenceau (1841 – 1929).
La tentation de la politique
Cette année-là, l’épidémie de grippe dite « espagnole » sévit toujours, tuant mille personnes par jour à Paris. Jacques Duboin est élu conseiller général puis, à la faveur d’une législative partielle, député de Haute Savoie dans une « Chambre bleu horizon » où il lui arrive d’être hué parce que situé au « centre gauche » de l’échiquier politique.
Le 14 mars 1922, lors d’un débat à la Chambre des députés, il s’oppose à André Maginot, ministre de la Guerre, et préconise le remplacement de la cavalerie par les chars : « Une armée moderne, c’est une armée qui se reconnaît à l’odorat : elle sent le pétrole et pas le crottin » (1)… Ses propositions sont reprises par le colonel de Gaulle, le futur Libérateur de la France, dans Une armée de métier (1934).
L’homme politique prolonge aussi ses idées dans Réflexions d’un Français moyen (Payot, 1923). Il y analyse l’inflation et le régime d’instabilité monétaire que le monde découvre après les destructions de la Grande Guerre – et après que l’or de la France soit allé « dans les pays neutres et surtout aux Etats-Unis »…
Ce premier ouvrage lui vaut d’être appelé par Aristide Briand, qui forme alors son dixième ministère, au poste de Sous-Secrétaire d’Etat au Trésor et aux côtés du ministre des Finances Joseph Caillaux. Présenté à la Chambre le 29 juin 1926, approuvé par 292 voix contre 130, le gouvernement se consacre à sa grande priorité : le relèvement financier du pays par la stabilisation de la monnaie, avec le concours de la Banque de France, dont « l’indépendance continuera à être scrupuleusement respectée »…
Mais, au cours de la panique financière de juillet, le président de la Chambre, Edouard Herriot exhorte les députés à renverser Briand (suspecté de vouloir dévaluer le franc) qui reste… ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’union nationale aussitôt formé par Raymond Poincaré.
Battu aux élections législatives de 1928, Jacques Duboin décide de se consacrer à un chantier immense : l’éducation économique de ses concitoyens.
L’économie distributive et le droit à la vie…
Depuis Nous faisons fausse route (Editions nouvelles, 1931) et Ce qu’on appelle la crise (Fustier, 1934) qui reprend un florilège de ses articles parus dans le journal L’Œuvre, Jacques Duboin dénonce l’imposture de ces « experts » qui condamnent l’humanité à la « rareté » :
« Les pauvres leur sont nécessaires (…) sans quoi il n’y aurait ni prix de revient, ni marché, ni loi de l’offre et de la demande, ni intérêt de l’argent, ni rente ni profits »…
Dans La grande révolution qui vient (Les Editions nouvelles, 1934), il fait l’implacable pédagogie du pire – c’est-à-dire de cette « raréfaction intentionnelle des choses utiles qui conduit à la misère universelle » : « Au cours de tous les siècles où l’homme, réduit à ses seules forces, ne pouvait produire qu’en quantité très limitée les objets nécessaires à son existence, on n’éprouva que des crises de disette, et les accaparateurs de grains réalisèrent de grands profits. Dès l’avènement de l’énergie, la rareté diminuant et l’abondance commençant à s’installer dans le monde, on vit ce spectacle singulier : c’est que les hommes, au lieu de lutter contre la rareté des choses utiles, comme ils l’avaient fait 60 siècles durant, commencèrent à s’organiser pour lutter contre l’abondance, car celle-ci tue leurs profits (…) Créer des richesses dont les hommes ont besoin et les détruire ensuite, c’est toucher le fond de la bêtise humaine »…
Ainsi, les productions agricoles excédentaires sont l’objet de destructions massives « non pas parce que personne n’en a besoin, bien au contraire, car la misère s’étend, mais parce qu’elles ne trouvent pas de clients solvables : plutôt que d’en baisser les prix, on préfère détruire pour rendre plus rares les produits mis en vente, ce qui permet d’en maintenir les cours ».
L’économiste montre la voie dans laquelle « notre société capitaliste pourrait s’engager pour éviter de disparaître brutalement » : « Nous assistons aujourd’hui à la grande relève des travailleurs par la matière disciplinée et animée d’une force de production. Ne peut-on pas concevoir une évolution du capitalisme qui tienne compte de cette relève, sans obliger les troupes qui descendent des lignes à mourir de faim ? Au cours des siècles passés, tous les hommes étaient mobilisés pour la guerre, incessante et sans merci, que la faim, la soif, le froid font à notre pauvre humanité. Tout le monde devait gagner sa vie au prix de la sueur de son front, et passer tous ses jours dans les tranchées du champ de bataille. Mais voici que, comme au cours de la grande guerre, la défense s’organise, le matériel vient se substituer, en partie, aux poitrines vivantes. Il faut des effectifs de plus en plus réduits pour tenir les lignes contre cet ennemi héréditaire : la misère humaine. Les hommes sont relevés de la fournaise ; petit à petit ils sont libérés de l’obligation de lutter pour leur vie. Ces soldats qui descendent vers l’arrière, ce sont des libérés, des hommes dont a plus besoin puisque, sans leur présence au chantier, la communauté possède enfin tout ce qui lui est nécessaire. Les libérés d’autrefois s’appelaient les rentiers. Aujourd’hui, ce sont les chômeurs. Les uns comme les autres ne sont pas indispensables pour la production des richesses. Jamais les récoltes n’ont été plus abondantes, ni les stocks plus élevés. Un pays devrait être fier du nombre d’hommes dont le progrès permet d’économiser l’effort. Le chômeur, au lieu d’être la rançon de la science, devrait en être la récompense ».
Jacques Duboin imagine Kou l’ahuri (Fustier, 1935), un jeune Mandchou venu visiter la France pour comprendre les causes de la crise et… ahuri de trouver tant de misère dans un pays si riche… En réaction à la politique délibérée de destruction de richesses avec l’argent des contribuables, Jacques Duboin crée en 1935 l’association Le Mouvement français pour l’Abondance ainsi qu’une revue, La Grande Relève des hommes par la science, qui exerce une influence non négligeable sur les jeunes consciences de son temps, dont l’ingénieur agronome René Dumont et le normalien Raymond Aron.
Durant l’Occupation, Jacques Duboin, déjà sexagénaire, résiste « de l’intérieur » – non sans avoir cru pouvoir rallier le maréchalisme à sa réforme économique : peu avant la fin de l’Occupation, son groupe de réflexion propose, dans son bulletin, d’assurer « le droit à la vie de chaque individu par le versement à chacun, de sa naissance jusqu’à sa mort, d’une quote-part du revenu national ».
La richesse du monde…
Après la Libération, Jacques Duboin reprend son combat pour un « socialisme de l’abondance », avec Rareté et abondance (1945) : « Le libéralisme économique est incapable de répartir l’abondance : ce qui choque le plus, avec la puissance extraordinaire de la production moderne, c’est de constater que les pauvres existent encore et que leur nombre va toujours grandissant (…) Pourquoi la production est-elle automatiquement freinée, au moment où elle pourrait assurer le bien-être de tous ? (…) Cette lutte séculaire contre une abondance relative mais déjà suffisante pour compromettre les profits nous oblige à conclure qu’en régime libéral, les producteurs ne se sentent jamais libres de produire tout ce qu’ils veulent, ni tout ce que leurs moyens de production leur permettrait d’apporter sur le marché. L’écoulement des marchandises à un prix bénéficiaire se heurte à des difficultés croissantes, car s’il était possible de vendre tout ce qu’on peut produire, on n’eut jamais parlé de crise en aucun pays et à aucune époque ».
Inlassablement, durant les Trente Glorieuses, il explique l’économie distributive et rappelle ce droit élémentaire : « L’homme possède le droit à la vie (…) et doit avoir sa part dans les richesses du monde (…) Il est l’héritier d’un immense patrimoine culturel, œuvre collective poursuivie pendant des siècles par une foule de chercheurs et de travailleurs, tacitement associés pour l’amélioration de la condition humaine. Il est l’usufruitier de ce patrimoine et sa part d’usufruit ne peut se concevoir que sous forme d’un pouvoir d’achat, donc de monnaie permettant à chacun de choisir librement ce qu’il lui plaît d’acheter (…) Les droits politiques ne suffisent pas pour assurer la liberté de l’homme, car la plus essentielle est celle de l’esprit : or, n’a l’esprit libre que celui dont l’existence matérielle est assurée. Les droits du citoyen doivent donc se compléter par des droits économiques, concrétisés par un « revenu social » dont chacun bénéficiera du berceau au tombeau (…) L’économie distributive supprime définitivement la misère qui dégrade l’homme : n’est-ce pas une honte de la maintenir quand tout existe pour la supprimer ? ».
Vers un revenu social pour tous ?
Jacques Duboin a posé les principes d’une économie rationnellement organisée. Le premier d’entre eux est celui d’un « revenu social assuré à tous de la naissance à la mort » ainsi qu’il le rappelle dans Les Yeux ouverts (Geheber, 1955) :
« L’homme possède le droit à la vie, car il le tient des lois de la nature. Il a donc droit à sa part dans les richesses du monde. Grâce à son travail, il pourrait se procurer cette part et ainsi gagner sa vie. Il le pourra désormais de moins en moins, car son travail est progressivement éliminé par un gigantesque appareil de production qui rend tous les jours le labeur humain un peu moins nécessaire. Cependant les progrès techniques qui se succèdent, en libérant de plus en plus l’homme de ses occupations matérielles, ne doivent pas le priver des biens créés sous prétexte que son travail n’a pas été nécessaire. En effet, si l’homme est dénué de moyen d’existence, son droit à la vie devient un leurre. Mais si l’homme a inventé la machine pour travailler à sa place, n’est-il pas juste qu’elle travaille pour lui ? (…) La fortune des hommes de notre temps réside dans l’efficience des techniques qui permettent de créer ces richesses. Nous avons donc tous le droit de profiter des découvertes de nos devanciers ; d’où ce deuxième principe : l’homme est l’héritier d’un immense patrimoine culturel qu’il trouve aujourd’hui en naissant, car l’équipement agricole et industriel n’est qu’une œuvre collective poursuivie pendant des siècles par une foule innombrable de chercheurs et de travailleurs, tacitement associés pour l’amélioration continuelle de la condition humaine. Cependant, si l’homme est l’héritier de ce prodigieux patrimoine, il n’est que l’usufruitier des richesses qu’il permet de créer. (…) Dans le monde moderne, la part d’usufruit ne se conçoit que sous la forme de pouvoir d’achat, donc de monnaie, puisqu’elle ne constitue plus qu’un titre de créance. Il faut que tout le monde possède de l’argent pour vivre, comme tout le monde a de l’air pour respirer ; d’où ce troisième principe : les droits politiques ne suffisent plus à assurer la liberté des hommes, car, pour vivre, il faut avoir de quoi vivre. Les droits du citoyen doivent se compléter des droits économiques du consommateur, concrétisés par un « revenu social » auquel il aura droit du berceau au tombeau. ».
En posant ce principe d’un revenu inconditionnel qui permettrait à chacun d’accéder à une vie digne et décente et rendrait la maison commune habitable à tous, il ouvre, le premier depuis Thomas Paine (1737 – 1809), un vaste débat d’une brûlante actualité.
Ce revenu garanti indépendamment d’une activité salariante, dissocié du travail et consenti au nom d’un droit à la vie formellement reconnu est en (bonne) voie de passer enfin du statut d’utopie en débat et de revendication majeure à celui d’un projet officiel, prélude à une mutation sociale et à un nouveau cycle civilisationnel enfin apaisé.
Jacques Duboin s’éteint en 1976, presque centenaire, en pleine « société libérale avancée », alors frappée par le premier « choc pétrolier » – le moteur de la seconde révolution industrielle s’essouffle et l’économie quantitative se heurte aux épuisements terrestres annoncés…
Sa fille, Marie-Louise, reprend le flambeau et la direction de La Grande Relève. L’Association pour l’Économie Distributive continue par ailleurs d’assurer la diffusion de la pensée de Jacques Duboin. Depuis, la machine infernale s’accélère, dopée seulement, au fil des « trente honteuses » qui suivent, par une spéculation effrénée sur les fluctuations des prix et par une course non moins effrénée vers le futile et le superflu. La cupidité n’en finit pas de prospérer et la misère de s’étendre : si l’une et l’autre ne connaissent pas « la crise », l’abîme se rapproche pour tous.
Est-il temps encore de distribuer les dividendes de cette grande richesse produite par les machines, dont Jacques Duboin voyait danser les reflets chavirants dans la grande fête (si vite interrompue…) des sautillantes Années folles – puis des « Trente Glorieuses » ?
Quelle volonté collective opérationnelle pourrait-elle « transformer la monnaie pour qu’elle cesse d’être un facteur d’accumulation, mais un flux qui s’écoule, qui se consume en même temps que les biens produits se consomment » afin que « l’économie produise des biens et non des produits financiers » ? Comment réparer la machine infernale d’une « croissance négative » broyeuse de vies dont la folle ébullition menace une civilisation entière d’évaporation ?
Peut-être en se ressourçant dans l’œuvre abondante d’un « économiste » iconoclaste qui voilà trois quarts de siècle invitait à voir derrière l’écran de fumée de la marchandisation généralisée et de l’exacerbation de l’avoir. Alors que la machine folle se ralentit et que se révèlent les dévastatrices contradictions d’une farce s’essoufflant vers sa fin claironnée, la chance pourrait se présenter à nouveau, dans la marmite où tout le monde est en train de bouillir, de refonder une vie civilisée dans les termes d’un autre homme d’Etat éclairé, Georges Washington (1732 – 1799) : « Élevons un standard que le sage et l’honnête puisse réparer ».
Photos : courtoisie du site www.economiedistributive.fr
(1) Discours publié au Journal Officiel n° 30 du 15 mars 1922. Lire Jacques Duboin, le dernier des utopistes de Bernard Kapp (supplément Economie du Monde du 22 juin 1999)
VERTIGINEUX. Merci
Combien d’années pour appliquer la lucidité des analystes ou des visionnaires ? le barrages sont de plus en plus immenses Merci.
Je crois que est le bon endroit et le bon moment
Postulats pour les sciences économiques ou la Troisième Voie
Nous allons vous proposer un article qui présente des considérations portant sur les fondements d’une science économique qui aurait à sa base des postulats en tant que principes aussi bien économiques que moraux. Nous affirmons que la Troisième Voie de développement économique et social de l’Humanité que même si elle est souhaitée par beaucoup N’EXISTE PAS (encore), mais elle s’impose comme une NECESSITE.
Quelque chose qui s’impose donc comme une nécessité peut ne pas être reçu par ceux que ces questions concernent et parfois nous pensons même que nous sommes pas encore prêts pour cette Troisième Voie, plus précisément nous pensons que l’humanité n’est pas encore prête pour recevoir les axiomes que je propose, même si je suis convaincu que sans leur adoption elle va disparaître d’une façon ou d’une autre, pas forcement d’une manière totalemais très certainement en tant que civilisation, tel que c’est présenté dans des divers films fantastiques et apocalyptiques.
J’ai préparé un court énoncé avec lequel je vais conclure, avec la présentation du desiderata social le plus profond, et ont peut prouver que c’est grâce à son application que le développement positif de notre civilisation à eu lieu.
Ceci apparaît de manière plus explicite au cours du XVIIIe siècle au Etats-Unis chez ses pères fondateurs, qui comme Philip Mazzei ont affirmé « Tous les hommes sont créés égaux » pour mieux légiférer cette proposition dans l’introduction de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amériques, écrite par Thomas Jefferson en 1776, qui dit textuellement :
« Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ».
Par la suite les textes devient plus précis et plus proches d’une formulation juridique : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » et « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
Ces mots figurent au frontispice de deux plus grands textes de l’humanité, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 26 août 1789 et la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l´Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution du 10 décembre 1948.
Nous soutenons que même si ces mots restent au stade de desiderata, le développement positif de la civilisation a dépendu du degré d’application de ces principes et il est évident que cet état de fait à été maximal à l’endroit où ces idées ont vu le jours, c’est-à-dire au Etats-Unis et dans l’occident européen.
Les sciences économiques n’ont pas réussi encore à fonder ces desideratas de la raison et du coeur des hommes, même si c’est tellement simple de les fonder de manière économique, ainsi tout devient à notre sens comme l’oeuf de Colomb.
Donc, les axiomes qui doivent fonder de manière économique et juridique le desiderata exposé ci-dessus en posant les fondations du développement des sciences économiques, que nous allons appeler la Troisième Voie de développement de l’Humanité, sont :
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits car il naissent et restent jusqu’à leur mort, et ceci de manière inaliénable, propriétaires de leur force de travail et propriétaires à parts égales des ressources naturelles dans les composantes non touchés par l’exploitation et la transformation de l’homme.
Bien entendu, c’est à la charge des spécialistes des sciences économiques d’appliquer de tels axiomes, s’ils les acceptent, car un axiome n’a pas besoin d’être démontré, il nous suffit de l’accepter et l’appliquer, en créant par la même occasion les bases théoriques d’implémentation sociale de la Troisième Voie, visage humain de la globalisation opposé au rictus mauvais de l’hypocrisie diabolique destructive.
Dans les lignes qui vont suivre je vais faire une incursion dans l’histoire du développement de la civilisation en rapport avec le respect des axiomes que nous proposons.
L’Âge de la pierre : la propriété de l’individu portait sur sa propre personne et ses outils, nous avons donc une liberté individuelle et une propriété commune des ressources naturelles qui étaient dans une relative abondance et dépendaient uniquement de la capacité technique de transformation à côté du marché libre et l’action de la loi de la valeur.
L’Esclavage : pour l’homme libre, la propriété privée sur les facteurs de production, certaines ressources sur le régime privé d’autres en propriété commune et l’esclave tel une bête de somme donc dépourvu de toute forme de propriété, mais aussi le marché libre et la loi de la valeur.
Le despotisme asiatique : l’esclavage est porté ici à la limite, les hommes ne sont pas propriétaires mais simplement les esclaves d’un « dieu » représenté par un chef, un marché libre pour la zone qui ne tombait pas dans le périmètre de l’intérêt de ce chef pour qu’il ne porte pas tous ces soucis relatifs à son organisation, et une loi de la valeur déformée par l’intervention même du despote.
Le Capitalisme : dans lequel tous les hommes redeviennent libres comme dans l’âge de la pierre, les moyens de production (ressources naturelles, matières premières et les outils) sont propriété privé motif qui induit selon Marx l’exploitation de l’ouvrier ne possède que la force de travail par le capitaliste qui lui possède les moyens de production. Le marché est libre dans ce cadre théorique et a à sa base la loi de la valeur.
Le Socialisme, avec son évolution obligatoire vers le communisme, dans lequel théoriquement le travail reste libre comme dans le capitalisme et les moyens de production deviennent propriété commune motif qui fait que le gouvernement a une tendance intrinsèque de devenir comme dans le despotisme asiatique et le travail rémunéré comme dans ce même système. Le marché inexistant, celle qui semble être, étant juste un simulacre basé par
ailleurs sur des alignements purement formels par rapport aux marché libres existantes dans les économies capitalistes.
La Troisième Voie : le travail libre soit la propriété privée de la force de travail, des moyens de productions et des matières premières (les objets du travail qui résultent d’un procès de travail), les ressources naturelles sont en principe sous le régime de la propriété commune (pour ajuster le modèle de marché et non pas pour un qui soit effectif) et le libre marché, le plus libre possible.
Les effets de la tendance humaine de devenir propriétaire des ressources naturelles sont celles qui conduisent à la guerre de même que les tendances du propriétaire une fois établit de restreindre l’accès des autres aux ressources, de cette façon nous entrons dans la zone correctement décrite par von Mises quant il adressait la question de la propriété sur les ressources et quand dans son ouvre « Marxism Unmasked : From Delusion to Destruction » il écrit : « est-il juste qu’un pays qui possède des ressources dont elle n’a pas la capacité de les exploiter de priver celui qui peut les exploiter de faire ceci et de prétendre de lui respecter ce droit qui en définitive devient un droit qui concerne la paix ou la guerre, cas où nous emmène la ressource pétrole ? ». Il est évident que la réponse est non mai en même temps ni la réponse à ce comportement qui à été la création du système colonial et qui part de l’idée qu’un pays doit à tout prix conquérir certaines ressources pour disposer d’elle selon son bon vouloir, c’est-à-dire en devenant propriétaire de ces ressources, en les sortant de la propriété commune ou des autres, n’est pas correct.
En effet nous voyons dans ces deux exemples la limite et le caractère
problématique, en fait infertile, de la propriété privé ou de groupe sur les ressources qui fait que « homo homini lupus » et qui fait que des groupes humains, aujourd’hui des états, puissent recevoir ce même proverbe romain, reprit un peu plus proche de nous par Thomas Hobbes, ceci ne serait plus le cas si nous reconnaissions que les ressources naturelles sont un cadeau fait par la nature à l’homme et non pas à un homme seul ou à un groupe d’hommes, mais à tous les hommes qui sont tous propriétaire en indivision dès leurs naissance et jusqu’à leur mort, propriété qui ne peut être transmise par héritage mais revient à tous et chacun sut la base de la simple naissance.
Si ce principe est d’une manière évidente juste et fertile il est inopérant sur le plan effectif car nous ne sommes pas à l’Âge de la pierre à l’époque des chasseurs nomades quand nous utilisions la ressource pour ensuite la laisser derrière.
Aujourd’hui les ressources doivent être traitée sur le plan pratique comme juste qu’ici, c’est-à-dire en continuant à simuler la propriété, exactement comme si elles étaient sous la propriété privé, mais les relations de production doivent acceptent ce postulat de même que les calculs économiques dérivées, qui en réalisent la correction nécessaire.
Prenons un exemple empirique. Si nous poursuivons donc le système économique capitaliste le plus développé, soit celui où nous soutenons qu’il enfreigne le moins les postulats proposés, nous voyons que c’est là où est introduite la plus grande indemnisation de chômage, de laquelle le fameux économiste américain John Galbraith disait qu’elle est l’un des pilons fondamentaux de l’économie capitaliste moderne car elle limite aussi bien l’exploitation que l’autoexploitation.
Il n’a expliqué que par les conséquences cette grande importance car il est évident qu’un ouvrier qui a un minimum de moyens de subsistance est beaucoup plus libre presque réellement libre et égal quant à la liberté devant le travail, qui dévient ainsi vraiment un droit.
Nous affirmons que le motif de cette nécessité de l’assurance chômage est qu’une personne sans travail vu qu’elle n’a pas accès par ce motif à sa côte part des ressources qui lui reviendrait théoriquement de la dote de l’humanité, est en droit d’exiger de la part de ceux qui la travaillent une redevance.
Le montant de cette redevance doit être discuté et négocié dans le cadre d’une nouvelle science économique, mais le simple fait de son existence, même si les questions du montant et de la période dont on peut bénéficier et en tout cas la part reçue comme dans un système d’assurances pour lequel on cotise tant que on travaille, doit être regardé séparément par rapport à cette redevance.
En conclusion nous croyons que nous avons tracé les jalons minimaux et nous ajoutons que c’est ni facile ni impossible qu’une nouvelle science économique soit possible dans le respect des postulats de la Troisième Voie et bien entendu que les économistes peuvent la développer.
J’ajoute quelques exemples plus récents dans lesquels toujours de manière empirique on a essayé des mesures qui sont fondées sur le plan scientifique sur les postulats proposés ici, mais comme dans le cas de Galbraith étant inconnues elle apparaissent seulement comme intuitions ou desideratas remarquables.
Ainsi, nous allons rappeler une proposition de Jean Marc Ferry qui dans son ouvrage « L’allocation universelle » (1995) propose, une « allocation universelle » de citoyenneté, qu’il définit comme un revenu social primaire distribué de manière égalitaire, non conditionnelle comme vrai revenu de citoyenneté. Si une telle initiative venait à être adoptée, selon, Ferry, le droit au travail cesserait d’être une hypocrisie.
L’idée qui manque encore de fondement théorique est appréciée favorablement et a été reprise à l’échelle européenne en 2013 sous la forme d’un projet sous le nom de Revenu Minimum Garanti (UBI). Ceux qui ont initié le projet, sollicitent une loi européenne qui devrait stipuler que chaque personne, indépendamment son age, ancêtres, domicile ou lieu de résidence, profession etc., ait le droit à une allocation de manière inconditionnelle.
Selon eux, ce revenu de base est un droit de l’homme qui ne doit pas dépendre d’aucune condition préalable quelle qu’elle soit. Ce revenu de base ne sera pas conditionné par d’autres revenus, économies ou propriétés.
C’est exactement la conséquence de l’application sur le plan pratique des principes proposées qui visent la « liberté égale » par la reconnaissance du droit égal de propriété sur les ressources naturelles pour chaque être humain.
Pour que cette proposition de projet puisse être prise en compte en commission au sein de l’union européenne (prise en compte et non encore adoptée) il faut requérir un million des signatures dans les pays de l’UE.
Malheureusement, que trois-cent-mille signatures ont pu être totalisées, mais peut-être en réessayant ultérieurement en ajoutant un meilleur fondement théorique le projet recueillera d’avantage de signatures.
C’est pour ceci que nous considérons que si ce projet venait à être fondé de manière scientifique sur le plan théorique, et non exclusivement sur des considérations de morale et d’altruisme social, mais bien sur une théorie comme celle décrite ci-dessus, pour être fondée scientifiquement et non pas seulement éthiquement ou égalitariste socialiste ‚le projet augmentera ses chances de succès.
Je suis abonné depuis de nombreuses années à “La Grande Relève” et je trouve étrange que depuis le début de l’existence de votre mouvement, jamais à ma connaissance, le magazine de M.L Duboin n’a mentionné justement votre existence !
Excusez-moi, mais que voulez-vous dire ?
“Toute définition est une convention” disait Antonella Corsani à Toulouse lors de sa dernière venue. Quand tant de personnes animées des meilleures intentions et faisant fonctionner leur sens de l’observation et leur raisonnement s’étonnent de ne pas être plus entendues, n’est-il pas temps de repenser leurs mots ? Et d’abord les plus simples, ceux qu’elles ont en commun avec les congénères partageant le même idiome. Je veux parler du mot “homme” par exemple. Si nous parlons des femmes autant que des hommes, employons donc l’expression “être humain” ou bien “humain” tout court. Quand les femmes et les hommes sont concerné·es au même titre, employons le point médian pour dire le genre complexe, ce point que j’ai appelé de “l’altérité” parce qu’il permet de penser la différence comme principe d’existence. Et la différence c’est juste la diversité…