Le lundi 19 novembre, une série documentaire interactive est apparue sur nos écrans : Gagner sa vie. Arte diffuse sept épisodes autour du revenu de base, pour inviter l’internaute à s’interroger sur son rapport au travail, à l’argent et à réfléchir sur un modèle de société à réinventer. D’Israël au Kenya en passant par le Japon et les États-Unis, les auteurs ont fait le tour du monde pour décrire six initiatives où le revenu ne provient pas directement d’un travail « normal ». Présentation.
Toucher un salaire sans labeur : l’idée paraît folle, mais des expériences concrètes existent. C’est ce qu’ont souhaité montrer Margaux Missika et Yuval Orr, co-auteurs de cette web-série qui aboutit après deux ans et demi de préparation.
« Imaginez un monde dans lequel chacun d’entre nous recevrait tous les mois une somme d’argent. Un revenu de base, sans condition, sans compte à rendre. Est-ce que vous arrêteriez de travailler ? Est-ce que cela changerait votre vie ? »
La web-série invite chaque internaute à se questionner sur l’emploi, l’activité, l’automatisation croissante, la confiance entre les citoyens, la répartition des richesses, le rôle de l’État et, bien sûr, le revenu de base. C’est par ce prisme que les auteurs souhaitent interroger notre relation à ces enjeux sociétaux.
« Le revenu de base est-il une solution, à l’heure où l’autonomisation des machines menace des millions d’emplois et où le burn out est reconnu comme une maladie professionnelle ? À quoi va ressembler le futur du travail (si tant est que le travail existe encore dans le futur) ? »
Une web-série interactive et personnalisée
Cette web-série, disponible en français, allemand, anglais et néerlandais, a la particularité d’être interactive. La navigation est guidée par des questions personnelles, qui permettent d’adapter les informations fournies au fil des épisodes. Pour accompagner l’internaute dans cette découverte, les concepteurs de Gagner sa vie lui adressent parfois des questions mâtinées d’humour et de provoc (du type « Alors, le futur s’annonce radieux ? » ou « Avez-vous peur qu’un robot fasse un jour votre travail ? »).
En complément des six épisodes de 11 minutes chacun, un dernier épisode a été imaginé en réalité augmentée. Il ne sera mis en ligne qu’en décembre 2018, mais le concept donne déjà l’eau à la bouche : il propose à l’utilisateur de jouer pour tenter d’accroître son revenu universel, en apprenant les émotions humaines à une intelligence artificielle. De quoi explorer notre rapport à cette perspective, que nous pourrions connaître dans un futur relativement proche…
À noter qu’une version expérimentale du site a été conçue pour les personnes en situation de handicap (audiodescription pour les personnes déficientes visuelles et sous-titrage spécifique pour les personnes sourdes ou malentendantes).
Six épisodes pour explorer le revenu de base dans le monde
Le premier épisode se déroule aux États-Unis. Depuis 1997, les revenus du casino des Indiens Cherokee de l’Eastern Band sont répartis à parts égales entre les membres de la réserve. Ce programme existe depuis 20 ans et cet épisode s’intéresse aux effets à long terme de la mise en place d’un revenu de base.
Le deuxième épisode explore le phénomène japonais de karoshi, la « mort par surmenage » que connaissent de nombreux travailleurs de l’archipel. De quoi nous questionner sur notre équilibre entre travail et vie personnelle…
C’est à l’expérimentation de revenu de base au Kenya que s’intéresse le troisième épisode. Depuis 2016 et jusqu’en 2028, l’ONG GiveDirectly verse 22$ par mois à chaque résident d’un petit village. Financée entre autres par la Silicon Valley, cette expérience interroge sur la capacité d’investisseurs privés à résoudre des problèmes publics.
Direction les Pays-Bas pour le quatrième épisode. Cette fois, les auteurs présentent une initiative atypique : la création d’une nouvelle nation de codeurs libertaires qui souhaitent rendre les gouvernements obsolètes et nos systèmes de protection sociale plus ludiques. Dans cet État virtuel, Bitnation, nos bonnes actions pourraient nous permettre de bénéficier d’un revenu de base financé par notre communauté. Utopie ou dystopie ?
Le cinquième épisode explore le quotidien d’une communauté agricole dans le désert israélien d’Arava. Là-bas, les résidents n’ont pas à se soucier de subvenir à leurs besoins, qu’ils travaillent ou non. Aujourd’hui, après 42 ans d’expérience, cette communauté fondée autour des notions d’indépendance absolue et de responsabilité personnelle se trouve face à cette question : peut-on tout partager quand on ne fait plus confiance à ses voisins ?
C’est en France que nous ramène le sixième épisode, plus précisément en Gironde qui, avec dix-huit autres départements, se lance dans une expérimentation de revenu de base. La question de la lutte contre la pauvreté, notamment chez les jeunes, est au cœur de ces réflexions. Quelle forme va prendre cette expérimentation ? Quelles seront les conditions d’accès à ce revenu pendant la durée de l’expérience ? Des contreparties seront-elles attendues de la part des bénéficiaires ?
Enfin, le septième épisode qui paraîtra en décembre 2018, nous plonge dans une expérience de docu-fiction. Dans un futur où l’humanité est passée du plein emploi à la pleine automatisation, il nous faut enseigner à l’intelligence artificielle à mieux comprendre la complexité des émotions humaines. Plus les robots s’améliorent, plus le revenu universel disponible pour tout le monde augmente…
Félicitations pour ce montage et les enchaînements libérateurs avec cette douce voix. Comment douter du caractère essentiel du RDB. Merci
Série sympa mais très inégale. Le bon exemple c’est l’expérience de 20 ans des Cherokee racontée par un Cherokee : 50% en cash partagé du loyer reçu pour le cpaital commun et 50 % réinvesti dans le capital commun ! Comme en Israel, tout le monde peut commencer à créer des communautés qui partagent un capital mis en commun, facturent collectivement leurs services ou leurs productions et se partagent les rentrées avec une part socle commune inconditionnelle, une part perso et une part réinvestie dans le capital commun !!! Comme le font les Amish, communauté qui a la plus forte croissance interne aux USA…
C’est applicable assez rapidement en territoire type zéro chômage de longue durée dans une EBE collective qui permet aux personnes de réapprendre à coopérer et produire tout en gardant leur RSA (suffit la tolérance de l’administration) et améliorer leurs capacités et leurs revenus en partageant et coopérant. L’erreur de TZCLD c’est de consommer toute la subvention pour payer et déclarer un CDI et SMIC et ne plus rien avoir pour construire un capital commun et un capital partagé par emploi … Un emploi sans capital et spécialisation ça ne produit presque rien en valeur et faire travailler dans d’autres entreprises où ya du capital productif, pourrait relever du délit de marchandage de main d’oeuvre .…
oui bien sûr et c’est tellement évident que le revenu de base est aujourd’hui OBLIGATOIRE pour sauve l’humanité et la planète !! mais QUAND ET COMMENT le faire comprendre aux dirigeants économiques & politiques du monde entier ??
c’est un effort intellectuel qu’ils ne veulent pas envisager : quelle est la solution ?? merci, édith
Il manque un volet à cette démonstration de la dangerosité du travail sans finalité choisie, c’est les dégâts causés par notre surconsommation. Elle est en effet responsable de la plupart des maux qui accablent notre planète : guerres, famines, exodes, violences civiques, conditions de ce qui permet la vie sur terre compromises… Tout cela parce que, au delà de nos vrais besoins, nous achetons inutilement au lieu de travailler moins et de laisser nos rêves enfouis resurgir et les réaliser…
Le revenu de base est l’un des éléments fondamentaux, peut-être l’essentiel, qui devrait faire partie de ce qui doit être La troisième voie du développement socio-économique de l’humanité mondialisée. J’ai expliqué ces idées plusieurs fois mais je n’ai pas trouvé assez de résonance. Tout ce que je dis, c’est que la motivation humanitaire est belle, mais ce n’est pas celle fondamentale. Les lois économiques et de la propriété sont fondamentales.
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