Depuis plusieurs semaines, les manifestations des « gilets jaunes » s’intensifient. L’augmentation des taxes sur les carburants est l’étincelle qui a provoqué cette explosion sociale, mais aujourd’hui les critiques de ces citoyens en colère vont plus loin, faisant écho au manque de redistribution des richesses. Si les revendications de ces actions ne sont pas uniformes, certaines d’entre elles vont dans le sens d’un revenu de base.
Les citoyens du mouvement des « gilets jaunes » en ont ras-le-bol de « perdre leur vie à la gagner ». La pauvreté est en effet toujours une triste réalité en France, notamment pour les travailleurs pauvres qui représentent 7,1% des personnes dans l’emploi. Aujourd’hui, 13,9% de la population vit sous le seuil de pauvreté en France. Selon l’OCDE, le taux de chômage est de 9,2%, dont 44% sont des chômeurs de longue durée.
Pour autant, le récent plan de lutte contre la pauvreté proposé par Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur des enjeux, comme nous le rappelions dans notre communiqué du 13 septembre. Le revenu universel d’activité qu’il propose pourrait même devenir une régression sociale, en fonction des aides qui seront remplacées et des conditions qui seront imposées.
Face à ces constats alarmants, des solutions existent. La délégation du mouvement des « gilets jaunes » met en avant plusieurs revendications qui se rapprochent des enjeux du revenu de base : zéro SDF, augmentation du SMIC, amélioration du système de sécurité sociale, solidarité du système de retraite, fin de la politique d’austérité, augmentation des allocations adultes handicapés, etc.
Pour le philosophe Abdennour Bidar, les citoyens pourront construire une réelle fraternité lorsqu’ils ne seront plus étranglés par la contrainte économique.
« Les mesures écologiques doivent être menées en cohérence avec les politiques sociales, afin qu’elles ne soient pas menées au détriment des plus démunis. L’alliance de la transition écologique et de la justice sociale doit notamment permettre de redistribuer équitablement les richesses de façon transparente » explique Nicole Teke, coordinatrice des relations publiques au sein du Mouvement Français pour un Revenu de Base.
De nombreux mouvements écologiques, conscients depuis longtemps qu’une transition écologique ne peut se mettre en place sans justice sociale, promeuvent la mise en place d’un revenu de base, comme le parti Europe Ecologie – Les Verts, des membres du Parti pour la Décroissance ou encore les Amis de la Terre.
Soutenant l’instauration d’un revenu de base et la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, le réalisateur Cyril Dion appelle les gilets jaunes à marcher le samedi 8 décembre, afin de réunir les revendications écologistes et sociales.
Le revenu de base appelle à un véritable changement de paradigme. Il peut réellement replacer l’économie au service de l’humain et de son environnement, en ouvrant la voie au travail choisi, à la coopération, à une répartition équitable des richesses et à une utilisation raisonnée des ressources.