Le MFRB a signé le mémorandum “Basic income as a necessary component of a socio-ecological transformation and key element for climate justice”.

Ce texte a été élaboré lors d’une conférence de travail internationale organisée par des scientifiques et des militants pour le revenu de base d’Allemagne, d’Autriche et de Corée du Sud. Il a également été présenté lors de la dernière conférence du Basic Income Earth Network et a suscité un vif intérêt.
Il a été signé par le BIEN, ainsi que 39 organisations et initiatives et 47 universitaires et activistes du monde entier (mise à jour du 27 octobre 2024).

Le mémorandum se veut un prélude à un débat public plus large sur le lien entre revenu de base et transformation socio- écologique/justice climatique. Il vise également à servir de base à une convergence du mouvement du revenu de base et du mouvement écologique (mouvement de décroissance, mouvement climatique, mouvement de conservation de la nature, etc.) et à l’interaction des sciences pour l’homme et pour la nature.
Le mémorandum ne prétend pas faire la lumière sur toutes les facettes de la relation complexe entre revenu de base et transformation socio-écologique/justice climatique. Le mémorandum vise à stimuler davantage le débat public et scientifique.

Plus d’informations sur le site du BIEN.


Voici la version française (traduite par Angelika Gross avec l’aide de Deepl) :

Mémorandum

Le modèle économique dominant déstabilise les sociétés. Et la planète. Il est temps de changer.” https://www.earth4all.life/

Il est également temps d’instaurer un revenu de base !

Le revenu de base, composante nécessaire d’une transformation socio-écologique et élément clé de la justice climatique

Le réchauffement climatique et l’exploitation et la destruction continues de la nature sont dus au mode actuel de production et de vie. Il ne tient pas compte de la valeur intrinsèque de la nature et l’utilise comme une simple ressource. De plus, ce mode de production et de vie détruit également la base de l’existence de l’humanité et nuit à la qualité de vie de nombreuses personnes, des générations actuelles et futures. Une transformation sociétale fondamentale du mode de production et de vie est donc nécessaire à la survie de l’humanité.

Ce n’est pas seulement notre planète qui est déstabilisée, mais aussi des sociétés, des régions et des pays. Des conditions socialement et écologiquement injustes prévalent au niveau mondial, qui ont privé et continuent de priver de nombreuses personnes d’une vie dans un environnement intact et de leur part équitable et adéquate de la richesse sociale et naturelle mondiale, y compris nos enfants et les enfants de nos enfants. Les personnes qui ont été défavorisées par le passé et le sont encore aujourd’hui, et qui, sans un véritable changement de cap, seront encore plus touchées par les conséquences écologiques et le changement climatique, à savoir les pays du Sud et les populations les plus pauvres qui n’ont pratiquement pas contribué au changement climatique, sont particulièrement touchées.

La transformation sociétale, une nécessité pour la survie, en tant que transformation socio-écologique

Une transformation sociétale nécessaire à la survie et devant conduire à un mode de production et de vie socialement et écologiquement durable doit, pour les raisons mentionnées, aboutir à un monde et à une société socialement et écologiquement justes. De même, la justice climatique exige que l’ampleur du changement climatique soit minimisée de manière égale pour tou.te.s et que les conséquences du changement climatique soient supportées par les pollueurs. De ce point de vue également, la conception d’un monde et d’une société socialement et écologiquement justes est un impératif catégorique d’une transformation socio-écologique : la justice sociale et la justice écologique sont les deux faces d’une même médaille qui doivent être réalisées simultanément.

Un changement fondamental des valeurs est nécessaire

L’une des causes de la production et de la consommation écologiquement désastreuses qui en découlent est une idéologie de croissance fatale, axées en fin de compte sur le profit et le rendement. Selon ce récit de la politique dominante, la pauvreté et les inégalités sociales devraient être et seraient surmontées par une augmentation de la consommation des ressources naturelles et la destruction de la nature. Cependant, la surexploitation de la nature et sa destruction sont allées et vont de pair avec l’exploitation économique des personnes, l’exploitation économique de l’exercice indu du pouvoir sur les pays pauvres par les pays riches, par les entreprises et leurs actionnaires.

Une transformation socio-écologique doit être orientée vers les besoins de chaque personne ainsi que vers les exigences écologiques fondamentales – et doit arrêter le changement climatique immédiatement. La protection de l’homme et la protection de la nature vont de pair. Il s’agit de valeurs durables, et non de l’accumulation de biens superflus pour maintenir le système de production et de consommation en vigueur.

Le revenu de base, composante nécessaire d’une transformation socio-écologique et élément clé de la justice climatique

Une transformation socio-écologique doit – et nous sommes ici entièrement d’accord avec les scientifiques et les experts du dernier rapport au Club de Rome – permettre à chaque personne, y compris les générations futures, de vivre dans un environnement intact tout en leur accordant une part socialement juste des richesses de la société et de la nature. Pour cette seule raison, il doit s’agir d’une transformation conçue démocratiquement et durablement.

Cette perspective conduit à la question de savoir comment tous les être humains peuvent se voir accorder une part équitable et suffisante des richesses sociales et naturelles. Nous sommes d’avis – également en accord avec les scientifiques et les experts du récent rapport au Club de Rome – qu’un revenu de base pour chaque personne est une forme de cette répartition. Il doit nécessairement s’accompagner d’une redistribution radicale des revenus et des richesses des couches supérieures vers les couches inférieures et moyennes de la société. Ou comme l’ont déclaré les 238 universitaires européens dans une lettre ouverte : Pour résoudre les problèmes sociaux, nous n’avons pas besoin de croissance supplémentaire. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une répartition plus équitable des revenus et des richesses dont nous disposons déjà. Il y en a déjà assez pour tout le monde.

Dans un premier temps, le revenu de base peut également être cofinancé par la taxation de la production et de la consommation non écologiques ou nuisibles au climat. Les recettes de ces taxes sont reversées à tous les membres de la société avec le revenu de base. Cela permet non seulement de freiner la production nuisible au climat, mais aussi de redistribuer les richesses du haut vers le bas, car ce sont souvent les classes les plus riches de la société qui consomment de manière non écologique et qui sont responsables de fortes émissions nuisibles au climat. De même, une redistribution fondamentale dans le budget public ouvre de grandes possibilités d’investissement public dans la production et les services écologiquement durables, dont tous les membres de la société deviennent copropriétaires : Les excédents de cette production seraient alors également utilisés pour cofinancer le revenu de base. La copropriété de tous favoriserait également la conception démocratique de la production et des services par tous les membres de la société.

Dans une perspective mondiale, pour mettre en place des systèmes de revenu de base dans des pays plus pauvres, il faut (re)distribuer l’argent de pays plus riches et d’entreprises mondiales vers des pays qui ont été historiquement appauvris par les actions des nations plus riches et des entreprises mondiales, et construire une société et une économie socialement et écologiquement durables dans ces pays.

Pour avoir un impact écologique important, le revenu de base doit au moins garantir les besoins fondamentaux et la participation de chaque individu dans la société concernée.

Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra surmonter l’adhésion à l’idéologie de la croissance et l’obligation économique individuelle d’exercer une activité lucrative.

Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut espérer un large soutien à l’abandon nécessaire d’une production et d’une consommation écologiquement désastreuses.

Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra minimiser les craintes liées au changement nécessaire et anticiper les avantages d’une production et d’un mode de vie écologiquement et socialement durables.

Ce n’est que si le revenu de base garantit l’existence et la participation sociale de chacun qu’il permettra également aux gens de jouir de la liberté économique et politique, ce qui se traduira à son tour par une gestion démocratique des affaires publiques par le peuple.

La pression politique en faveur de la croissance économique et de la création d’emplois, aussi désastreux soient-ils sur le plan écologique, s’en trouve fortement affaiblie.

Ce n’est que si le revenu de base garantit l’existence et la participation sociale de tous les individus qu’une large participation démocratique de tou.te.s à l’élaboration de la transformation socio-écologique sera possible.

Ce n’est que si le revenu de base garantit l’existence et la participation sociale qu’il permettra également aux travailleur.e.s de réduire radicalement leur temps de travail ou d’empêcher l’allongement du temps de travail par nécessité. Avec un revenu de base qui assure la subsistance et la participation sociale de tou.te.s, chaque personne peut poursuivre des activités sociales, humanitaires, culturelles, artistiques et politiques diverses, chronophages et autodéterminées, au-delà des nécessités économiques individuelles. En effet, une transformation socio-écologique vise une socialisation au-delà du productivisme écologiquement désastreux et du consumérisme individuel – et elle doit le faire.

Le revenu de base est l’une des composantes nécessaires d’un ensemble de politiques mondiales, nationales et régionales pour la transformation socio-écologique. Cela comprend, par exemple, le développement d’une économie écologiquement durable orientée vers le bien commun dans le monde entier, le désendettement des pays pauvres, des relations commerciales et financières mondiales équitables et démocratiques, le développement d’infrastructures et de services publics et sociaux, y compris des soins de santé suffisants pour tous, l’émancipation des femmes, le renforcement des droits des femmes et la répartition équitable du travail entre les sexes, ainsi que la démocratisation de l’économie et de la société dans tous les domaines. Ces éléments et d’autres encore sont des composantes nécessaires d’une transformation socio-écologique, y compris d’une politique visant à stopper le changement climatique et à surmonter la crise climatique.

Ce sont autant de bonnes raisons pour le mouvement du revenu de base, le mouvement écologique, le mouvement féministe et d’autres mouvements sociaux d’unir leurs forces. Luttons ensemble pour un monde dans lequel toutes les personnes peuvent vivre une bonne vie sur une planète saine.