Cela fait plusieurs années que l’on en rêvait : faire convergence et participer à un rassemblement citoyen où l’on apporte des solutions au goulot d’étranglement dans lequel nous précipite le système du tout marchand et la concentration capitalistique.
La super bonne idée de proposer une université d’été (UESR) à plus de 200 associations citoyennes nous a permis de prendre notre place dans le débat public et de constater avec joie que l’idée du revenu d’existence fait son chemin. Surtout dans les têtes et les cœurs de ceux qui s’appuient sur une classe ouvrière mythique, sans s’apercevoir que le « lumpen prolétariat » d’hier c’est le précariat d’aujourd’hui…
Nous, le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB), nous sommes associés à Utopia et aux Jours Heureux pour animer deux ateliers. L’un sur les « accords et désaccords autour du revenu d’existence » et l’autre sur les « différentes propositions d’expérimentations, de transitions ou d’alternatives. »
Par ailleurs Ly Katekondji, coordinatrice du groupe sur le revenu de base à Paris, participait à la table-ronde intitulée « Libérons-nous du travail ou libérons le travail ? » avec Thomas Coutrot d’Attac, Noémie de Grenier de Coopaname et Tony Fraquelli de la CGT. Les questions et les interventions bienveillantes du public ont montré un réel intérêt pour le revenu de base.
Le premier atelier du samedi matin a réuni 85 personnes qui se sont prêtées, malgré la chaleur ambiante, aux déambulations du « débat mouvant », animé par Patrick Viveret.
Auparavant, Christian Massault (MFRB) et Laure Pascarel (Utopia) ont présenté la genèse de ces ateliers, dans l’état d’esprit des initiateurs de cette UESR, la volonté d’en faire un espace de construction plutôt que de contradiction. Ils ont aussi rappelé les principes de la charte du MFRB, donnant ainsi le cadre des échanges.
Une attention particulière fut portée à la méthodologie participative et à la volonté de poser les bases de partenariats durables entre les organisations présentes.
Jean-Marie Harribey, initialement prévu comme contradicteur au nom de la Fondation Copernic, était finalement engagé toute la journée dans le module « les penseurs critiques du capitalisme ». Les arguments en faveur du revenu de base, les objections et les suggestions ont été présentées et discutées avec l’ensemble des participants (voir documents 1 et 2).
L’après-midi, ce sont plus de cent personnes qui ont suivi attentivement les présentations de Jean Pierre Hardy, Patrick Colin de Verdière, Guy Valette, Sébastien Groyer et David Flacher. Casting un peu trop masculin mais nous essaierons de mieux respecter la parité la prochaine fois !
Des débats avec la salle, il ressortait nettement que :
- Les réticents, les sceptiques, les contradicteurs, les soupçonneux, bref…, tous ceux qui habituellement portent la contradiction, se sont révélés minoritaires.
- Nous avons largement dépassé, dans le cadre d’une manifestation regroupant essentiellement des militants actifs dans la sphère du social et du politique, le stade de l’initiation aux principes du revenu de base.
- Face à un niveau de connaissance et de compréhension élevé, le débat a pu l’être également, dépassant les questions de vocabulaire, de définitions, pour traiter des questions de finalité, de sens, de faisabilité.
- L’ancrage dans la filiation du CNR (Conseil National de la Résistance), des Jours heureux, de la finalisation du projet initial de la Sécurité sociale, est une voie pertinente pour désamorcer les procès d’intention autour des projets « libéraux ».
- La centralité du « travail » dans l’existence est interrogée sur le fond, la clarification entre les termes/concepts de travail/activité/emploi/salariat progresse, et ouvre des perspectives de reconnaissance sociale pour les acteurs de la sphère non « productive » (associative, familiale, artistique, solidaire, etc..
Les échanges se sont poursuivis en petits groupes sur le temps du déjeuner et à l’occasion d’autres moments informels.
Un autre temps fort le dimanche matin, pendant l’atelier « Audit de la dette de l’assurance chômage, luttes, droits et revenus des chômeurs et précaires » a permis à deux intervenants, Marc Desplat du MNCP et Alain Véronèse d’AC-Agir contre le chômage, de proposer un vibrant plaidoyer pour le revenu de base, devant un parterre moins sensibilisé initialement que celui de la veille, mais néanmoins très attentif à ces propositions.
Au final, entre le formel et l’informel, l’organisé et l’inorganisé, le réfléchi et le spontané, le programmatique et l’improvisé, la vingtaine d’adhérents du MFRB présents sur l’UESR ont apporté leur écot aux réflexions et débats et ont, signe des temps, trouvé un écho plus favorable qu’attendu ou espéré.
À cet égard, l’allusion d’Usul (le chroniqueur star de la toile) au MFRB, pendant la séance plénière de clôture, laisse augurer de nouvelles pistes de partenariats, tant avec les mouvements sociaux que du côté des médias.
À suivre, sans attendre !
Christian et Sylvie des Inconditionnel.le.s de Lyon (lyon@revenudebase.info)
Merci pour ce témoignage sur l’université d’été de Grenoble plein de promesses.