Depuis quelques mois, le revenu de base s’insère progressivement comme une préoccupation majeure du gouvernement namibien. Au retour d’une grande consultation à travers le pays, un rapport en cours d’élaboration devra permettre au Conseil des ministres puis à l’Assemblée nationale d’étudier sérieusement les possibilités de sa mise en place.
Le ministre en charge de la protection sociale et de la lutte contre la pauvreté, Zephania Kameeta, a présenté dans une interview du 14 octobre les conclusions de la grande consultation menée à travers le pays sur la question de la lutte contre le pauvreté. Les 14 régions qui composent la Namibie ont placé le « tant attendu revenu de base » comme le principal outil de lutte contre la pauvreté. « Dans toutes les régions, les gens souhaitent la mise en place du revenu de base. Nous sommes en train de rédiger un long rapport qui sera débattu lors de la conférence nationale prévue à la fin de ce mois d’octobre » a d’ailleurs déclaré Zephania Kameeta.
Kameeta a été nommé à la tête du ministère de la lutte contre la pauvreté en mars dernier par le Président Hage Geingob, lui-même plutôt en faveur du revenu de base, et qui a d’ailleurs été parmi les premiers à soutenir financièrement le projet BIG (Basic Income Grant). Kameeta est quant à lui un défenseur de longue date du revenu de base et a participé à l’essor de la coalition BIG au début des années 2000. Le BIG est connu pour avoir mené entre 2007 et décembre 2009 une expérimentation de revenu de base dans les villages Otjivero et Omitara grâce au soutien de dons privés. 80 puis 100 dollars namibiens (environ 8 à 10 euros) avaient été distribués mensuellement aux 950 habitants de ces villages pendant cette période. Les personnes de plus de 60 ans étaient néanmoins exclues de cette dotation car elles recevaient déjà une pension de retraite. En effet, parmi les pays à faible niveau de revenu, seuls la Mauritanie, la Namibie, le Botswana et la Bolivie ont un système de “pension universelle”[1]. Le revenu de base à mettre en place sera probablement une extension de ce système, faisant passer l’âge de la retraite de 60… à 0 ans.].]
La plupart des critiques prétendent que l’introduction d’un revenu de base serait un acte de charité et non un droit économique permettant de lutter contre le carcan de la pauvreté qui « piège » tant de Namibiens. D’autres affirment que le revenu de base conduirait à la paresse, notamment pour les jeunes. Les critiques à l’encontre du revenu de base dans un pays pauvre comme la Namibie ne sont finalement pas si différentes de celles rencontrées dans les pays riches.
Kameeta a déclaré que le rapport en cours d’élaboration contiendra toutes les suggestions et critiques soulevées en rapport avec le revenu de base. L’objet de ce rapport étant la lutte contre la pauvreté, il sera également question du logement, du chômage, de l’accès à l’électricité, à l’eau. La conférence nationale à laquelle il sera présenté aura lieu les 26 et 27 octobre. Les conclusions de cette conférence, a‑t-il affirmé, seront déterminantes pour définir la voie à suivre pour instaurer un revenu de base s’appuyant sur les nombreuses propositions recueillies auprès des régions. Après la conférence, le rapport sera soumis au Conseil des ministres puis à l’Assemblée nationale, afin d’engager un débat puis un examen de la mise en oeuvre concrète de ces propositions.
Photo : Zephania Kameeta, lors de la consultation des régions sur le thème de la lutte contre la pauvreté (été 2015).
Source : http://allafrica.com/stories/201510151393.html
[1] http://www.ceped.org/cdrom/meknes/spipd481.html?article80
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