Jean-Michel Thureau de Révolution démocratique nous expose ici sa vision du revenu universel et ses pistes de financement.
La notion de redistribution universelle et égalitaire n’est pas nouvelle. De multiples solutions ont été formulées.
Généraliser la protection sociale de la population française et unifier les structures des organismes gestionnaires était aussi l’ambition initialement affichée par le législateur de 1945 lorsqu’il a bâti notre système de sécurité sociale.
L’idée est que, dans un pays civilisé, personne ne doit vivre au-dessous du seuil de la misère et que la solidarité nationale doit y pourvoir.
Faisabilité financière du revenu de base en France
Le bon sens nous dit qu’il n’y a pas de raison pour qu’un régime égalitaire unifié soit plus coûteux que les systèmes actuels, complexes et inégalitaires.
Les statistiques nous le confirment :
En 2013, les revenus distribués au titre de la vieillesse, de la famille, du chômage, de la pauvreté et du logement se sont élevés à 438 milliards d’euros. Divisé par 66 millions d’habitants et par 12 mois, cela représente 553 euros par mois et par tête (y compris les enfants). Ce montant moyen est, sans doute, assez proche du minimum vital réel.
À titre de référence, à la même époque, le RSA était fixé à 483 euros pour un adulte seul, à 609 euros pour un couple, à 726 euros pour un couple avec 1 enfant, à 872 avec 2 enfants etc.
Aux 438 milliards versés par le système social, s’ajoutaient les aides des régions, départements et municipalités, les dons des Français aux ONG, le SMIC (salaire minimal que les employeurs étaient obligés de verser à 3 millions de leurs employés) etc.
En 2017, le budget consacré par la France à la redistribution sociale est sans doute toujours largement suffisant pour accorder un revenu inconditionnel de base à tous, de la naissance à la fin de vie. À condition, bien sûr, de remplacer les régimes sociaux actuels par ce nouveau système.
Contenu du revenu de base
Le revenu inconditionnel de base (RIB) doit couvrir les dépenses personnelles incompressibles :
RIB = Minimum vital + Assurances santé et responsabilité
L’inclusion des assurances santé et responsabilité est indispensable pour que les plus démunis puissent aussi faire face aux aléas de la vie. Cela implique une réforme préalable de ces assurances : la mise en place d’un “système d’assurance universelle et égalitaire des risques majeurs”.
Revenu de base et contribution fiscale
La contrepartie fiscale idéale du RIB est un impôt sur le revenu à taux fixe dès le premier euro de revenu (flat tax).
Supposons que le taux de cet impôt soit égal à 30%. Le revenu net d’un citoyen, après redistribution et prélèvement, est alors égal à :
Revenu net = 70 % du Revenu personnel + RIB
Le jeu de la formule a pour résultat de distribuer un “impôt négatif” (une aide sociale) à ceux qui ont un faible revenu et de faire payer un “impôt positif” aux autres.
Avantages économiques et sociaux du revenu de base associé à une flat tax
Quand le revenu d’une personne augmente, le système lui laisse 70% de ses nouveaux gains. C’est une incitation à travailler plus pour gagner plus.
Le versement du RIB aux personnes aisées n’a rien de choquant puisqu’elles le rendent immédiatement au moyen de la contribution de 30 % sur leurs revenus. L’argent ne fait qu’un aller et retour instantané sur leurs comptes.
Le versement du RIB aux riches présente un autre avantage intéressant : une personne dont le revenu baisse ou disparaît subitement, parce qu’elle perd son emploi ou tombe malade, bénéficie, sans délai, du RIB.
Tout citoyen ayant droit à son RIB, sans condition préalable, ni instruction de dossier, les formalités sont réduites à leur plus simple expression. La gestion du système peut être assurée par un organisme unique de solidarité nationale à la gestion simplissime et transparente.
Le versement de l’aide sociale n’étant plus interrompu en cas d’exercice (ou de reprise) d’une activité, personne n’est plus dissuadé de travailler. La redistribution sociale n’a plus d’impact négatif sur la production.
La diminution du coût de fonctionnement des institutions à vocation sociale et l’augmentation de la performance du secteur productif, permettent de tabler sur une baisse spectaculaire de la part du PIB consacré aux dépenses publiques et aux prestations sociales.
Impact du revenu de base sur les comportements
Les “trappes à pauvres” des systèmes d’aide sociale du passé ayant disparu, nul n’est dissuadé de travailler.
Le RIB a tout de même un impact sur l’activité. Il y a toujours des personnes qui, pour survivre, produisent avec la plus grande difficulté et qui s’arrêtent de travailler dès qu’ils perçoivent une aide suffisante. C’est inévitable et une communauté nationale doit l’accepter de bon gré.
Il serait, par contre, inquiétant qu’un nombre trop important de personnes en état de travailler décide de se contenter du RIB et de vivre aux crochets de leurs concitoyens. Cela se produirait, si, contrairement à sa vocation, le RIB était dimensionné trop généreusement, la croissance du pays en serait ralentie, le système social fragilisé.
Comme en sens inverse, il est indispensable que le montant du RIB soit suffisant pour que les plus pauvres puissent survivre dans un état de santé acceptable, il est important de viser juste : ni trop ni trop peu.
Difficultés de mise en place du revenu de base
Le remplacement des aides sociales existantes par le RIB et de nombreux impôts existants par la flat tax sur les revenus est, globalement, un progrès considérable.
Toutefois, il faut tenir compte de certaines contreparties négatives :
La suppression de nombreux emplois dans les organismes sociaux et fiscaux.
La perte financière subie par les bénéficiaires d’aides importantes : chômeurs indemnisés, titulaires du SMIC etc.
La mise en place du RIB doit donc s’effectuer progressivement, en accord avec la communauté nationale et quand les conditions favorables sont réunies. En particulier, dans les pays affectés par un chômage de masse, retrouver le plein emploi, est une vraie priorité.
Jean-Michel Thureau
Photo : CC Pixabay.
“Les statistiques nous le confirment : En 2013, les revenus distribués au titre de la vieillesse, de la famille, du chômage, de la pauvreté et du logement se sont élevés à 438 milliards d’euros. Divisé par 66 millions d’habitants et par 12 mois, cela représente 553 euros par mois et par tête (y compris les enfants). Ce montant moyen est, sans doute, assez proche du minimum vital réel.”
L’auteur entend-il donc répartir l’ensemble du budget de la vieillesse, de la famille, du chômage, de la pauvreté et du logement entre les 66 millions de Français pour un revenu universel à 553 € ???? Ce qui signifierait :
– la fin du système de retraite et du système de chômage -> contraire avec les principes de la charte du MFRB
– une perte de revenu pour les actuels bénéficiaires du minimum vieillesse (800 € + éventuellement les APL)
– une perte de revenu pour une personne seule touchant le RSA + les APL soit jusqu’à 750 € par mois
Voici une proposition bien anti-sociale !!!
Le MFRB ferait peut-être bien d’être un peu plus regardant sur les articles qu’il publie, notamment lorsqu’ils sont contraires à sa charte. A moins qu’il ait décidé de défendre un revenu de base ultra-libéral et de renier sa charte.
A Jean-Éric Hyafil
Mon projet est de remplacer des systèmes nombreux complexes et inégalitaires par un système unique, universel et égalitaire : le revenu inconditionnel de base (minimum vital + assurances des risques majeurs). Pour donner à chacun, de la naissance à la fin de vie, le moyen de survivre dans un état de santé acceptable.
Ce remplacement aura pour effet d’augmenter les prestations reçues par les défavorisés actuels et de diminuer celles des autres. Ce n’est pas anti-social, ni ultra-libéral, c’est de l’arithmétique.
Je précise que ma démarche n’est pas idéologique (ni de gauche, ni de droite, ni libérale, ni keynésienne,ni etc.) mais seulement technique.
Merci à MFRB de m’avoir permis de l’exposer
A Jean-Éric Hyafil
Je suis tout à fait d’accord avec vous. En effet il est évident que le RB ne pourra pas supprimer toutes les aides sociales. J’ai cherché sans grand succès à établir une liste détaillée des aides sociales actuelles et ce n’est pas facile (par exemple les allocations familiales ne sont qu’une partie des 56 milliards d’euro de la CAF d’aides en direction des familles). La somme des aides RSA + PPE + APL n’est que 21 milliards d’euro, on est loin des 438 milliards indiqués..
Il serait utile de lister les aides qui pourraient être remplacées par le RB en totalité ou en partiel afin de chiffrer correctement le coût du RB au lieu de laisser dire n’importe quoi (tel que 400 milllards évoqués lors de la campagne présidentielle en cours!…). La plupart des électeurs pensent que le RB est une utopie, il faut prouver le contraire avec un chiffrage sérieux
D’autre part dans le livre “Repenser le modèle social” les auteurs (dont Daniel Cohen) suggèrent de fondre le RSA,PPE et APL dans une allocation unique avant d’introduire le RB (c’est certainement souhaitable) mais n’ont pas les éléments suffisant pour en fixer le montant!…On voit là que ce n’est pas si facile