Ou comment ne pas se laisser enfermer dans un faux débat
En lisant consécutivement le dernier ouvrage de Harari, dont les deux volumes de Sapiens ont eu un succès retentissant, puis le dernier numéro du Monde Diplomatique, j’ai été frappé par la correspondance entre les deux points de vue repris dans le titre de ce billet.
Il ne s’agit en aucun cas de faire une chronique de l’ouvrage de Harari qui, en 350 pages et cinq parties aux titres éloquents (défi technologique, défi politique, désespoir et espoir, vérité, résilience) brosse une fresque des enjeux majeurs contemporains.
Je me contenterais de commenter une partie du chapitre intitulé “Travail”, inscrit dans la partie “défi technologique”, particulièrement les pages 55 à 61.
Il y compare les forces et les faiblesses respectives du “Revenu de base/Revenu universel” qu’il schématise sous l’appellation “paradis capitaliste”, et les “Services universels de base”, schématisés sous l’intitulé “paradis communiste”.
Au delà de la provocation ironique du choix des termes, il pose très justement deux questions fondamentales : “qu’est-ce qui est universel ?” Et “qu’est-ce qui est de base ?”
Je vous laisse découvrir, à la lecture de son ouvrage roboratif, l’exemple qu’il utilise, avec son humour habituel, pour illustrer son propos.
L’article de Paul Ariès ne se contente pas de mettre en perspective les deux options mais, comme son titre l’indique, de proposer un plaidoyer très convaincant pour l’option de la gratuité. Il résume l’alternative avec une question simple : “vaut-il mieux donner de l’argent aux citoyens ou leur fournir des services gratuits ?”
S’inscrivant dans la “Société de consommation”, le Revenu de base lui semble moins porteur d’émancipation que la gratuité, cette dernière permettant d’opposer la “jouissance de l’être” à la “jouissance de l’avoir”.
Ariès comme Harari constatent que le Revenu de base s’inscrit dans un système capitaliste, tout en ne le remettant pas explicitement en question.
L’estime que je porte à ces deux auteurs, renforcée par ma volonté de construire des synthèses plutôt que de nourrir des antagonismes, justifient que je propose dans ces quelques lignes une voie médiane.
Mon propos ne vise qu’à mettre en garde les défenseurs du Revenu de base, en premier lieu les militants du MFRB, contre les tentatives de disqualification, fréquentes dans les milieux de gauche, sous des prétextes caricaturaux de proximité, voire de caution de la doxa libérale (néo ou ultra) et au final comme soutien d’un système à abattre, en “idiots utiles du Kapital”.
Certes, il existe des dizaines de propositions utilisant la terminologie de revenu/allocation/de base/d’existence/universel et j’en passe, que le MFRB a identifié et devrait publier pour clarifier et enrichir le débat, sur des bases factuelles et non sur des procès d’intention.
Je ne retiendrais, pour ces deux articles précis et sans rentrer dans les détails, que des propositions qui mixent un Revenu de base composite avec, selon les cas :
- une partie numéraire en €uros et une autre en Monnaie complémentaire, afin de favoriser la relocalisation de la consommation et de l’économie.
- Une partie en numéraire et une partie en allocation de services, que ce soit dans les domaines de l’énergie, des transports ou de biens jugés indispensables. Cette approche englobe également le retour à la gratuité, ou son extension dans les domaines de l’éducation ou de la santé.
- Un Revenu de base comme outil de transition vers une civilisation post-monétaire.
Je pense utile, voire indispensable, d’affirmer haut et fort que les deux visions, Revenu de base ou Gratuité, ne sont pas antagonistes mais parfaitement compatibles.
L’une pouvant sans doute permettre d’atteindre les objectifs de l’autre.
Dans tous les cas, il serait dangereux de faire l’impasse sur une éducation citoyenne, seule approche en mesure d’assurer la réussite d’un projet aussi ambitieux que la juste redistribution des communs et des richesses produites par les collectivités humaines.
Christian Massault
Références : Harari Yuval Noah, 21 leçons pour le XXIè siècle, Albin Michel, Octobre 2018 ; Ariès Paul, Éloge de la gratuité, Le Monde Diplomatique, Novembre 2018
Bonjour,
Intéressé par l’approche de Paul Ariès, j’ai entamé son ouvrage et, sans encore pouvoir le commenter, admet qu’il pose judicieusement la question du rapport à l’accompagnement du capitalisme néo-libéral par un revenu de base, du moins le risque d’un outil permettant une nouvelle main mise du capital sur l’activité humaine. Alors que ces sphères de gratuité, ces “ilots” comme il les exprime, pourraient être les garants solides d’une libération de certains communs pour ceux qui ne peuvent qu’y accéder avec difficulté… Une scission positive, s’extrayant du calcul monétaire, mais intégrant aussi cette finalité, en effet, d’un horizon établi, fini et infini, du juste. Que les défenseurs du revenus de base se portent vers une convergence est une belle chose, tant les buts sont communs et rassemblent.
Depuis longtemps il y a des propositions qui combinent la gratuité de certains services de base et notamment des transports au RB. J’ai lu l’article de Aliès et il n’a pas tort,mais je pense que pendant une période transitoire une partie du RB devra être donné sous forme monétaire.Il est vrai que il ne s’agit pas de développer le consumérisme(néfaste à la planète)avec le RB.
je n’ai rien lu de transcendant le sujet du RB qui me donne l’envie de le valider : je crois aussi en des services publics gratuits , je suis favorable à la gratuité afin de sortir de cette spirale consummériste et destructrice de notre planète :
je ne vois pa pourquoi il faudrait en debattre.… c’est cela où la mort : Bien sur pour l’instant on ne se sent pas concerné par la catastrophe qui arrive discrètement, alors on polémique on ecrit des articles : et puis un matin il sera trop tard et que cela soit gratuit ou que certains meurent de faim n’aura plus d’importance.
ps votre article est très bien rédigé
[…] — Mediapart (@Mediapart) January 10, 2019 Revenu de base ou gratuité […]
When a referendum is organized in Switzerland a UBI that is too exaggerated and too uncertain about the economic consequences, that is to say according to the principle of “offering everything that is needed”, one can only fail. After what Thomas Paine would say, the UBI would have a determined economic size and not be a kind of social assistance.
In conclusion, UBI is not correctly correlated with Paine’s ideas, although BIEN recognizes him as one of the illustrious predecessors .
It is not yet understood that if there is a third way – this is the one sought by Professor Antony Gidens – this necessarily has as a pillar the paradigm shift in the field of property, namely the understanding that people are born free and totally absolute owners of their workforce, equally co-owners of natural resources as work objects, and private owners of the means of work (tools, natural resources transformed by human work)
My contribution to this movement for UBI is that I understand what she yet still does not know well, namely that it is because of the commune ownership of the natural resources that the first and perhaps the most important “child” of the ” The third way for the development of the humanity” that follows capitalism or socialism (marxism) and what is so much sought today by the economic world and beyond.
I believe that UBI is not in present on a complete, correct theoretical basis and in fact the theoretical economical and philosophical correct basis are the postulates of the Third way, not the present capitalism and not the communism. Nor equalizing of opportunity is the basis for universal basic income or probably that is only in moral order, but in an economic way, in a correct economical and social order, the propriety on the natural resources has no any human reason for not be equal.
This idea are writing by me in french in my blog to http://ionceldomn.blogspot.ro/2014/08/postulates-of-economics-or-third-way.html where there are and a few sentences and discussion in Romanian
I believe also that “Universal Resource Inheritance” by Daniel Larimer it is very interesting where he essentially makes Thomas Paine’s argument on a worldwide level. As a libertarian you can see his dislike of taxation and welfare, but you can also see his immense dislike of natural resource-based domination. To square these, he suggests a UBI funded by a 5% annual tax on wealth, not based on need, but based on everyone’s rightful inheritance of natural resource wealth redistributed every year over an assumed 100-year lifespan. His main premise is natural inheritance and the challenge of making sure each generation, including those not yet born for thousands of years to come rightfully inherit their share of the Earth.
In my opinion he is so closed to the Third way as I defined.
Personnellement je pense que le revenu de base universel est une excellente idée qui permettrait d’assurer un minimum pour pouvoir vivre dans de bonnes conditions et qui permettrait d’avoir un meilleur salaire pour les actifs.
Lise, de https://www.maisondelalicorne.com/104 – 540-kigurumi-enfant-licorne-violette.html
L’article de Christian Massault offre une perspective intrigante sur le débat entre le “Revenu de base” et la “Gratuité” en tant que solutions pour faire face aux enjeux contemporains. Il met en lumière la correspondance entre les idées présentées par Yuval Noah Harari dans son dernier ouvrage et celles présentées dans le Monde Diplomatique. L’auteur nous incite à réfléchir profondément aux notions d’universalité et d’essentiel, tout en soulignant le débat entre donner de l’argent aux citoyens ou leur fournir des services gratuits.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la proposition de Christian Massault de rechercher une voie médiane entre ces deux approches, reconnaissant que le Revenu de base et la Gratuité ne sont pas nécessairement incompatibles. En envisageant des solutions mixtes qui intègrent à la fois des éléments monétaires et des allocations de services, l’auteur ouvre la porte à une réflexion plus nuancée sur la manière dont ces concepts peuvent se compléter mutuellement.
Finalement, Christian Massault met en évidence l’importance cruciale de l’éducation citoyenne dans la mise en œuvre de ces idées ambitieuses. Cela souligne que la réalisation d’une redistribution juste des ressources et des biens communs exige une compréhension approfondie et un engagement actif de la part de la société. En résumé, l’article encourage à sortir des débats simplistes et à explorer des solutions hybrides pour relever les défis actuels de manière plus équilibrée et éclairée.
Christine de https://mapetitelicorne.fr/collections/pyjamas-licorne