De nombreux économistes soutiennent qu’une aide dégressive est préférable à un Revenu Universel. Analysons les différences comptable, fiscale et philosophique à partir d’un exemple simple.
Il était une fois, une société fictive composée de 10 personnes : Léo, Maria, François, Léa, Paul, Magalie, Karim, Virginie, Léon et Liliane. Dans cette société fictive, les revenus sont répartis comme cela :
Lors d’une assemblée qui réunit tous les habitants, deux constats sont faits :
- Il y a des inégalités de revenus
- Les plus pauvres ont du mal à s’en sortir
Après discussions entre les habitants, deux solutions émergent, analysons-les.
Solution 1 : Une aide dégressive financée par un impôt progressif
L’idée est la suivante : on donne une aide plus importante aux plus pauvres.
Cette aide diminue au fur et à mesure que les revenus augmentent. A partir d’un certain niveau de ressources, on met en place un impôt pour financer cette mesure. L’impôt augmente quand les revenus augmentent.
Voici un graphique récapitulatif de cette solution :
Solution 2 : Un Revenu Universel financé par un impôt universel
L’idée est la suivante : on donne un revenu universel de 750€ à tout le monde, riches ou pauvres, et chacun contribue à son financement en fonction de ses moyens.
Voici un graphique récapitulatif de cette solution :
Alors solution 1 ou solution 2 ?
Les habitants se réunissent à nouveau pour comparer les 2 solutions sur différents points et concluent que la solution 2 est bien plus avantageuse !
Comptablement c’est pareil !
Dans la solution 1, le “coût” du dispositif est de 1 520€. Dans la solution 2 les médias (de cette société fictive 😉 ) pensent que le “coût” est de 7500€ (750€ de revenu universel X 10 personnes). Mais ils oublient que chacune des 10 personnes crée de la valeur économique et participe donc au financement du Revenu Universel ! L’effort des plus aisés vers les plus démunis est en fait le même dans les deux solutions.
Fiscalement c’est plus simple !
Le principal défaut de la solution 1, c’est sa complexité. Il faut que certains vérifient que Léo, Maria, François, Léa, Paul et Magalie sont bien assez pauvres pour avoir droit à cette aide. Il faut ensuite calculer ce à quoi ils ont droit en fonction de ce qu’ils gagnent… et cela peut changer régulièrement. Or avec la solution 2, tout est plus simple : d’un côté, on donne la même somme à tous sans contrôle, de l’autre on prélève un impôt en fonction des revenus.
Philosophiquement c’est plus intéressant !
C’est sur ce point là que le Revenu Universel est le plus intéressant.
Premier bénéfice : toutes les personnes participent au financement de la société dans la solution 2, là où bon nombre d’habitants en sont exclus dans la solution 1*. La solution 2 ne sépare pas la société en deux entre les contributeurs et les soi-disant “assistés”. C’est aussi ça faire société !
Deuxième bénéfice : dans la solution 1, on laisse tout le monde se débrouiller et on aide ceux qui ne s’en sortent pas alors que dans la solution 2, on fait confiance à tous en assurant un minimum pour exister et ceux qui se débrouillent le mieux autofinancent leur Revenu Universel, voire en financent d’autres. Ca serait donc ça la fraternité ?
Le vrai enjeu du Revenu Universel se situe ici :
“ Passer d’une société de défiance et de vérification à une société de confiance et d’émancipation ! ”
Romain & Jeff – Les écoloHumanistes
*52% n’ont pas payé d’Impôt sur le Revenu en France, en 2014
PS
PS 1 : Le mode de financement du Revenu Universel choisi pour cette exemple est une “flat tax” (le même taux pour tous). Il s’agit d’un mode parmi d’autres, ce n’est pas forcément celui que nous favorisons mais c’est le plus simple pour illustrer. Ce qu’il faut surtout retenir c’est que de la même manière que le Revenu Universel est universel et individuel, sa mise en place va avec un impôt universel et individuel.
PS 2 : Cette société fictive ne l’est pas tant que ça. Il s’agit de la vraie répartition des niveaux de vie (tous revenus confondus) en fonction des déciles de la population française.
PS 3 : PS signifie bien ici Post Scriptum et pas Parti Socialiste 😉
Merci pour cet article qui illustre simplement les différentes philosophies des deux systèmes
Bonjour,
En faisant une simulation à partir des tableaux que je vous ai transmis ‚j’admets que comptablement c’est pareil.
Je suis rassuré de ce côté là.
Fiscalement, cela ne me parait pas plus simple.
Cependant ce qui me parait important, c’est que le taux de la flat tax soit bien issu d’un calcul soit : montant à prélever/le montant total des revenu*100.
L’idée que je défends me parait plus directe,et sans détours.
Voici ma philosophie :
Je ne suis pas d’accord sur l’utilisation que vous faites de 2 mots “aide et assistés“qui ont tendance à laisser croire que les modestes gens sont des sous produits
Ces gens ont une existence, qui est exploitée par ceux qui ne pense qu’au profit.
Ce n’est pas une aide ‚c’est le mot compensation qui devrait être utilisé.
Il existe des aides cossues plus importantes qu’un RSA, chez les gens aisés.
Pourquoi n’en parle t’on pas ?
“Revenu émancipateur pour vivre épanoui” quel beau rêve !!!
Je fais le même aussi, mais j’ai peur que cela fasse monter les prix de la consommation et que les gens qui travaillent en priorité pour l’argent et non pas par plaisir, ne veulent plus travailler.
Peur que ce beau rêve puisse un jour se transformer en véritable cauchemar.
Mais j’adhère pour voir.
Et je fait un article sur mon blog.
Une redistribution contrôlée est nécessaire. Elle peut être indexée sur les prix à la consommation !
Il ne s’agit pas non plus de matraquer, sans limites, les gens qui gagnent de l’argent.
Si des gens ne veulent plus travailler parce qu’il gagnent moins d’argent, ce n’est pas dramatique, d’autres gens seront très satisfaits de les remplacer.
Je pense fermement que l’expérience mérite d’être tentée.
J’espère vivement que tu ai raison, ton point de vue se défend. Cool.