Le revenu de base, la pièce maîtresse du capital ?
Un ami à moi vient de me communiquer un lien vers cet extrait d’une vidéo réalisée sur notre ami Bernard Friot avec à la tribune notre jeune ami vidéaste Usul et un autre jeune homme que je ne connais pas :
- Statuts adoptés au congrès constitutif de la CGT tenu à Limoges du 23 au 28 septembre 1895, Article 2 :
La Confédération générale du travail a exclusivement pour objet d’unir, sur le terrain économique et dans des liens d’étroite solidarité, les travailleurs en lutte pour leur émancipation intégrale.
- Et ceux dont il revendique l’héritage ont renouvelé cette vision émancipatrice du patronat et du salariat dans la fameuse Charte d’Amiens (1908) :
Le Congrès confédéral d’Amiens confirme l’article 2, constitutif de la CGT. La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat…
Le salaire à vie, pièce maîtresse du collectivisme ?
- Parce qu’à 1 000 euros par mois, beaucoup de citoyens quitteraient les emplois contraints pour aller vers une activité choisie dans le secteur marchand et du coup, les employeurs qui n’offriraient pas assez à leurs employés de conditions de travail descentes seraient boycottés par les citoyens qui auraient les moyens de dire non à une activité marchande. Des pans entiers de l’économie réelle s’effondreraient par la fin du chantage à la « faim » cela engendrerait d’une part des défaillances à la chaine d’entreprises d’un côté et de l’autre une hausse des salaires pour capter cette main d’œuvre émancipée et donc à terme une redistribution des cartes entre les parties prenantes de la société de production.
- Parce qu’à 1 000 euros par mois, beaucoup d’autres citoyens quitteraient leur emploi pour aller vers une activité choisie dans le secteur non marchand. Il y aurait une explosion d’activités nouvelles en participation libre et consciente ce qui réduirait de façon conséquente la part des activités lucratives dans celle des activités humaines, faisant une plus grande place à l’économie du partage et de la coopération. Parmi ces nouvelles activités notons que de nombreuses viseraient à s’émanciper intégralement des grandes entreprises de l’agroalimentaire, de l’énergie, de la mobilité, de l’information, de l’habitat voie même, via la prévention, de la santé, par la construction voire l’autoconstruction de composantes de cette autonomie sur nos territoires de vie, ce qui renforcerait le pouvoir réel des citoyens sur la société grâce à tout ce temps libéré et à cette indépendance retrouvée.
- Enfin, nous savons aujourd’hui que les « 1 000 balles » dépensés dans l’achat de produits, locaux, durables et vitaux valent mille fois plus que les « 1 000 balles » récupérées par les marchés financiers. En effet, la survalorisation de ce « capital » de pacotille ne brille que dans les yeux des ceux qui en sont jaloux. Il n’y a quasiment plus de correspondance entre cette survalorisation et l’économie réelle. Le prochain éternuement des marchés financiers abattra ce nouveau mur de l’argent comme le mur du collectivisme forcé a été abattu il y a tout juste 30 ans par le vent des citoyens épris de liberté. Cela sera d’autant plus fort, que si nous versons ce revenu de base en monnaie citoyenne locale, nous pourrons d’une part récupérer la monnaie centrale, qui sert aujourd’hui à doper ces marchés financiers, et la remettre via des comptes bancaires éthiques au service du développement des territoires et en plus nous servir de cette monnaie citoyenne pour l’affecter prioritairement aux acteurs de ces territoires respectueux des humains et de la nature.
Le revenu à vie, pièce maîtresse de notre émancipation
C’est avec d’autres outils qu’un revenu à vie peut vraiment devenir la pièce maitresse de notre émancipation.
- Une réappropriation des moyens de production par ceux qui produisent et qui garantit l’accès durable à chacun de ce qui est nécessaire à sa vie.
- Un réseau de distribution des biens, des services et de l’information le plus court possible privilégiant, pour ceux qui le veulent, l’autoproduction, l’autoconsommation et la fin de toute exigence de réciprocité dans l’acte d’échange de ce qui est nécessaire à la vie.
- Des moyens d’échanges à forte valeur ajoutée sociale et environnementale, en suffisance, dont la création, la circulation et la destruction sont décidés par ceux qui en font l’usage.
- Des revenus individuels, de la naissance à la mort, inaliénables, cumulables, suffisants et inconditionnels pour créer les conditions matérielles de l’expérimentation de son propre bonheur dans le respect des humains et de la nature.
- Et enfin une gouvernance partagée qui implique la participation directe de chaque citoyen qui en manifeste le désir à la constitution de toute loi qui s’impose ou s’imposera à lui.
Ainsi revenu de base et salaire à vie ne sont pas dans leur aspiration des ennemis, ni les pièces maîtresses de nos adversaires respectifs. Je pense sincèrement que plutôt que de se taper dessus pour mettre en lumière les qualités d’un camp et les vices de l’autre, nous aurions à gagner à approfondir dans la plus grande fraternité ce qui chez les uns tend à protéger « un plus de liberté » et chez les autres « un plus d’égalité ».
Nous aurions aussi à gagner à mettre en lumière ce qui fait peur aux uns dans la proposition des autres. Cette attention nouvelle portée sur les qualités des deux idées, des solutions à apporter pour se protéger de leurs faiblesses respectives, pourrait bien mettre fin et au revenu de base et au salaire à vie pour voir émerger une nouvelle idée plus grande encore que les deux réunies : un revenu à vie.
Quoique que je ne sous-estime pas ce qu’il nous faudrait pour enfanter une idée plus grande qui nous dépasse tous, je ne vois pas comment nous pourrions faire pour inventer une nouvelle civilisation si déjà, à peine commencé, nous nous battons en frères. C’est en grande raison pour cela que j’ai décidé de ne plus intervenir en public mais uniquement dans des séminaires avec peu de personnes et du temps. C’est pour cette raison que je me suis mis à vouloir « penser avec mes mains » car de toutes les idéologies passées, seules celles qui ont produit des effets bénéfiques immédiats pour les citoyens de leurs temps ont pu se frayer un passage dans l’Histoire et devenir ce qu’elles sont aujourd’hui. Nous gagnerions tous à nous mettre autour d’une table, pour discuter fraternellement et longtemps afin de mettre en lumière nos accords, construire nos désaccords et débattre de tout ce qui ne rentre pas dans ces deux catégories.
N’avons-nous vraiment que ça à faire pour tirer sur tout ce qui ne correspond pas à notre vision définitive de ce que devrait être un revenu de base, un RSA inconditionnel, un salaire à vie, une allocation ou un revenu universel, un revenu d’existence, et une multitudes d’autres noms que j’oublie ou qui viendront demain ?
Dans tous les cas, ne vous inquiétez pas, je ne gênerai personne sur le chemin de sa glorieuse victoire contre les autres… Si j’ai pris la plume c’est parce que j’aime et défend le MFRB malgré ses faiblesse comme je suis reconnaissant de l’éclairage qu’apporte le travail de Bernard et du réseau salariat malgré leurs excès, selon moi.
Aujourd’hui, j’habite dans un petit lieu-dit perdu dans le fin fond du Lot-et-Garonne, avec quelques fous furieux qui veulent eux aussi penser avec leurs mains… On y réapprend à planter ou élever ce que l’on va manger, à bâtir les maisons qu’on habite, à produire l’énergie et la chaleur dont on a besoin, à recueillir et recycler l’eau que nous allons boire, à décider ensemble, à anticiper et gérer nos conflits, à dissiper nos peurs, notre angoisse et notre inquiétude pour avoir à nouveau confiance en chacun de nous et habiter enfin le présent… Alors c’est vrai, je vous l’avoue, malgré les difficultés qui nous assaillent de toute part, je n’ai pas assez de temps pour me battre car je n’en ai plus assez, je crois, pour bien aimer !
Fraternellement,
Frédéric
Si l’histoire avait de l’humour, alors elle devrait reconnaitre que la revendication des 40 heures semaines était devenue, en 1945, une pièce maitresse du Capital… Pour le plus grand mal et le plus grand bien de qui ?!?
Reconnaitre aujourd’hui que le revenu de base est une pièce maitresse du Capital face à l’ubérisation de l’économie et des marchés, c’est reconnaitre que les aspirations des gens sont légitimes et que le Capital doit savoir en tenir compte… Pour le plus grand bien et pour le plus grand mal de qui ?
Par contre, c’est aussi affirmer, à l’encontre du revenu de base, que le salaire à vie relève de ce délire messianique historique, propre à une petite partie de la gauche, dont font notamment preuve les marxistes.
Un délire messianique, qui voudrait que le fonctionnariat à vie (puisque c’est précisément cela le salaire à vie) devienne la condition propre à chacun et à chacune et cela, outre leurs propres aspirations et initiatives individuelles. C’est à dire, une condition entièrement dévolue à la pérennité de l’Etat comme négatrice de toutes formes d’initiatives privées se culminant en économie de marchés… débordant toujours les Etats et les Etats-Nations… jusqu’à les renverser (exemple : ex-union soviétique)!
Bref, le salaire à vie, c’est à dire, le fonctionnariat à vie, prôné à l’encontre du revenu de base dévolu au Capital, est une supercherie… Comme l’est d’ailleurs toutes formes de délire messianique… à seul fin de s’adjuger du pouvoir… de paroles comme d’oppression des conditions ! Et cela, par quelques moyens qui soient… Pour le mal et pour le bien de qui ?!?
C’est évident, non ?
Pour moi, ça l’est !
Fréderic Bosqué bonjour,
Votre article est très intéressant en ce sens que vous souhaitez que l’on se mette autour d’une table pour discuter de l’avenir d’un revenu universel. Vous êtes déçu par la mentalité de l’humanité et je vous comprends totalement. Je suis moi-même depuis près d’un an en effervescence et essaie de trouver des solutions au problème de notre société fondée sur le capitalisme pur et dur. Je suis donc dans un état d’esprit proche du votre et je vous propose donc, afin que votre enthousiasme sur le sujet reprenne de la vigueur de lire ce que j’ai écrit sur le sujet. Je pense qu’il faut créer un revenu vital comme vous le souhaitez mais sans argent. Je ne crois pas non plus aux monnaies libres qui ne feront que dévier le problème et fragiliser la devise d’égalité française. Si on donne de l’argent ou un salaire à vie, comme vous le dites parfaitement cela encouragera à ne pas travailler. Alors je propose une solution qui devrait vous interpeler, dans mon livre L’ADN de Patricia que vous pouvez trouver gratuitement sur mon site : dubruly.free.fr. L’ADN signifie Argent Dématérialisé Numérique.
Le revenu universel est une idée qu’il ne faut pas abandonner mais dont la mise en oeuvre doit être pensée intelligemment afin de ne pas tomber dans un système qui ne fera qu’aggraver les inégalités sociales : je pense aux aides sociales actuelles qui ne sont pas la solution. Nous le voyons bien aujourd’hui le RSA RSI RMi et autres aides sociales , ne font que coller des rustines sur les chambres à air d’un vélo qui date, dont le cadre rouillé tend à se fragiliser avant de casser un jour. Je ne souhaite pas que ce jour arrive il faut repeindre le vélo et changer les roues ou alors en racheter un autre plus moderne. Mais il faut aussi créer un permis de conduire pour ce nouveau vélo.
Je vous propose, si vous le souhaitez de parcourir aussi mon blog : Le blog pédagogique de Thierry afin de vous faire une idée sur comment je vois l’avenir de la convergence entre l’être humain et l’humanité.
Dubruly
Je viens d’ouvrir un TeraPAd sur le sujet pour ceux qui veulent dialoguer sur ce sujet : https://agora.tera.coop/pad/p/revenuavie