La preuve par l’expérimentation : Oui, le revenu de base libère les femmes !
La journée mondiale des droits des femmes, le 8 mars, est encore nécessaire pour nous rappeler que l’égalité femmes-hommes n’est pas atteinte, loin de là, même en France.
Le revenu de base est une brique de plus sur ce chemin, tant individuel que collectif,… qui bénéficiera aussi aux hommes et donc à toute l’humanité.
En résumé, les problématiques de précarité, de pauvreté, de conditions de travail difficiles, de chômage, de mini retraites, de violences conjugales ... sont encore accentuées pour les femmes. Et l’on voit que, dans les expérimentations de revenu de base, elles en sont aussi les premières bénéficiaires.
Les femmes et l’emploi
Rappelons rapidement ce constat général, aggravé par la crise sanitaire mondiale : les femmes sont moins payées même à compétences égales (encore -26 % de décalage en France !), elles rencontrent plus de difficultés d'accès à l'emploi stable et à temps plein, elles se censurent ou sont découragées dans les secteurs numérique et scientifique et elles subissent un plafond de verre dès qu’elles « réussissent ».
Le levier de libération par le travail a fait long feu car aujourd’hui elles subissent un double assujettissement : culturel à la maison et capitaliste au travail. Ces généralités sociologiques cachent évidemment les avancées individuelles mais n’en restent pas moins vraies.
Alors, avec un revenu de base ?
D’abord, de façon évidente et efficace, elles voient leurs revenus augmenter, comme en Ouganda en 2008 où une expérimentation a spécifiquement visé 1 800 femmes défavorisées du nord du pays.
Elles ont aussi négocié une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail, en Inde où l’UNICEF a collaboré avec le syndicat SEWA. Elles se sont même plus impliquées dans la vie locale du village. Indices d’émancipation professionnelle … et politique.
En Namibie enfin, l’économie du village a explosé notamment grâce à l’auto-entreprenariat des femmes. En effet, plutôt que d’attendre que leur mari assure la subsistance de la famille ou qu’un patron leur offre un emploi suffisamment rémunéré et compatible avec leur choix de mère, beaucoup se sont lancées dans des activités adaptées à leurs compétences et à leurs disponibilités. Pourtant, le montant du versement était suffisant pour vivre… elles auraient pu « s’en contenter ». Cette mise en place de micro-entreprises a généré +300 % de revenus, +29 % de revenu/habitant et réduit le chômage de 60 à 45 %.
Les femmes et le couple
D’une façon générale, on peut rêver que le choix d’un.e partenaire se fasse sur un critère exclusivement affectif, juste par amour. En réalité, la sécurité financière pèse souvent, plus ou moins consciemment, dès le début de la relation ou au fil de la vie commune et même par notre entourage, notamment les parents, soucieux de notre protection matérielle.
Quand la relation se détériore, cette contrainte peut avoir des conséquences dramatiques et même tragiques. Et même, le sentiment d’insécurité lié au chômage ou à un emploi toxique peut être à l’origine des tensions ! Le revenu de base est donc un socle de sécurité individuel qui ne peut que fluidifier les relations, offrir le chois de rester ou de partir… et d’éviter les violences dont les femmes sont majoritairement victimes.
Alors, avec un revenu de base ?
Aux USA dans les années 70’, 4 expérimentations ont été conduites avec des montants allant de 0,5 à 1,4 seuil de pauvreté et durant de 4 à 12 ans. Elles devaient répondre à cette fameuse question : « Les gens continuent-ils à travailler si on leur assure le minimum vital ? ». Non, seuls les étudiants et les jeunes mamans ont sensiblement réduit leur temps d’emploi, jusqu’à 27 % chez les mères isolées… à une époque où le congé maternité n’existait pas. Ces tests auraient donc dû déboucher sur une généralisation qui aurait sans doute bien changé l’histoire américaine… hélas, un chiffre à circulé, invalidé par la suite mais qui a fait enterrer le projet au Sénat : il y aurait eu +de 50 % de divorces à Seattle ! Nous n’avons pas le chiffre initial des divorces pour évaluer ce que ce pourcentage révèle vraiment en quantité mais la droite a hurlé à l’effondrement de la société américaine et de son fondement : la cellule familiale… Aujourd’hui, cette tendance est plutôt vue comme une preuve d’émancipation, d’autant que le nombre des mariages a retrouvé son niveau normal, preuve que les femmes ne se détournaient pas de l’institution du mariage, mais bien de compagnons qu’elles n’aimaient plus.
Enfin, au Canada et plus précisément à Dauphin (13 000 bénéficiaires) et Winnipeg ( 450 000 bénéficiaires), un montant suffisant pour vivre a été distribué pendant 5 ans. Le chiffre le plus marquant est la baisse de la fréquentation des hôpitaux de 8,5 % dont la diminution des admissions aux urgences pour des violences domestiques liées à la consommation d’alcool. CQFD ! Moins de pression économique = moins de tensions = moins de violences, surtout envers les femmes !
Les femmes et la famille
Un des Risque Psycho-Sociaux les plus reconnus au travail est l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, surtout quand elle est familiale. Pour les femmes, c’est d’autant plus marquant que, qui dit femme, pense maman.
Le débat n’est pas ici de la justesse de ce raccourci culturel mais de ses implications. Citons déjà la double journée que la plupart des femmes assument entre emploi et tâches ménagères et éducatives, le peu de soutien politique à l’implication des pères en termes de congés paternité et parental, être mère peut même être vu comme un métier rémunérateur via les aides par de jeunes filles ou femmes perdues face au marché du travail…
Cet équilibre est d’autant plus précaire pour les familles monoparentales qui sont à 85 % portées par des femmes en France, surtout si elles ont peu de soutien familial ou amical gratuit.
Alors, avec un revenu de base ?
Comme aux USA, les expérimentations au Canada, à Dauphin et Winnipeg entre 1974-1979 ont montré une baisse modérée du temps de travail, de 1 à 9 % maximum selon le type de personnes : les étudiants… et les jeunes mamans !
Mais les femmes s’émancipent aussi dans la sphère familiale : elles se sont mariées plus tard et ont eu moins d’enfants.
Dans la plupart des expérimentations, ce sont les femmes qui ont reçu le revenu de base des enfants et leur investissement s’est surtout porté dans la nourriture, l’habitat et la scolarisation. En Namibie, les effets sont la baisse de 42 % de la malnutrition infantile, moins 40 % d'absentéisme scolaire mais et donc hausse de la scolarisation de +92 %. On retrouve les mêmes effets dans tous les pays du sud mais aussi plus au nord aux USA
Plus près de chez nous et plus récemment, à Barcelone où 1000 ménages ont été choisis au hasard dans trois des quartiers les plus pauvres de la ville et ont reçu un revenu suffisant d’octobre 2017 à fin 2019. La baisse de l’inquiétude de ne pas avoir assez de nourriture (18%) et du développement de maladies mentales (10%) s’accompagne de +28% du bonheur et de la satisfaction générale vis-à-vis de la vie, ainsi qu'une augmentation significative de l'engagement et de la participation à la vie de quartier et au sein de la communauté. L’impact sur la sérénité des familles est donc prometteur.
Et pour les enfants ?
La majorité des versions de revenus de base accordent aux enfants une somme égale aux allocations actuelles mais sans différence selon le rang : le premier recevant autant que le dernier. Nous n’avons en effet plus besoin d’une politique nataliste ! L’argent est confié aux parents qui ont la responsabilité de leur éducation et certains versions prévoient aussi un versement particulier à la majorité. Ce revenu est la reconnaissance individuelle de leur appartenance à la société.
En attendant, les enfants sont les premiers à subir lest conditions matérielles liées à la précarité ainsi que les impacts psychologiques sur leur cerveau très fragile au stress.
Alors, avec un revenu de base ?
Comme pour les femmes, elles sont les premières bénéficiaires du revenu de base versé à leurs parents. En Inde, un revenu de base a été distribué à 5 500 personnes réparties sur 8 villages entre janvier 2011 et juillet 2012. Les 100 roupies destinés à chaque enfant ont été confiés à la mère et correspondent à 30 % du minimum vital : l’assiduité des filles à l'école a été triplée, jusqu’à 66 % des filles inscrites contre 33 % dans les villages alentours et l’amélioration des résultats scolaires s’est élevée de 68 %. L’amélioration de la nutrition a permis à plus de filles d’atteindre le poids normal (+25%).
De même en Namibie où le montant suffisant a fait baisser de 42 % la malnutrition infantile
et de 40 % l’absentéisme scolaire. Au Brésil, les 100 habitants du village de Quatinga Velho, en zone rurale de São Paulo, ont bénéficié d’un revenu insuffisant pour vivre entre 2008 et 2014. On note pourtant, pour les enfants, des améliorations en termes de nutrition, de vêtements, de logement, de santé et même une meilleure estime de soi dans les interactions sociales, une réduction de l'insécurité sociale et une augmentation des attentes futures,
Le revenu de base n’est pas une « compensation » du fait d’être une femme (comme pour un handicap ou un accident de la vie), ni lié au choix de rester à la maison avec des enfants ou non (comme un salaire maternel). Il est distribué à tous les humains et pose a priori une égalité dès la naissance et jusqu’à la mort… dont bénéficieront surtout les femmes et les futurs citoyens qui grandiront dans cette égalité de fait et non seulement de droits.
Retrouvez la carte des expérimentations passées et en cours sur https://framacarte.org/fr/map/experimentations-de-revenu-de-base_58126#6/51.000/2.000
Et vous ? Lanceriez-vous votre entreprise avec un revenu de base ?
Ou vous aurait-il permis de sauver la vôtre pendant la pandémie ?