La preuve par l’expérimentation : Le Revenu de Base, un bouclier contre la guerre, un levier révolutionnaire.
Il y a plus de 100 ans, le 11 novembre 1918, on pensait que c’était la dernière des guerres. Après le 8 mai 1945, le Conseil National de la Résistance appliquait le premier pas du programme des Jours Heureux : la Sécurité sociale, un socle de sécurité pour prévenir des aléas de la vie …
Mais aujourd’hui, nombreux sont ceux qui craignent une nouvelle guerre, voyant plusieurs ferments réunis : appels à la haine, exhibitions de violence, boucs émissaires désignés…
D’autres disent qu’elle est déjà là : une guerre économique contre les personnes précarisées par le marché du travail. On nous renvoie à notre responsabilité individuelle (« traverser la rue »), là où tout un système pousse à la productivité en n’orientant les bénéfices que vers les plus riches et en détruisant par pans entiers notre contrat social : Services publics, Sécurité sociale, allocations chômage et retraites…
La peur, la colère, la haine divisent et galvanisent en ôtant tout esprit critique et toute humanité.
Alors, revenons au revenu de base.
Que nous disent les expérimentations ?
Un bouclier contre la guerre : la sécurité intérieure
Unanimes, les bénéficiaires se sentent apaisés, sécurisés et gagnent confiance en eux, dans les autres et dans l’avenir.
Et vous ? Imaginez ce que vous ferez avec votre Revenu de base, reçu chaque mois, sur votre compte perso, sans démarches ni contrôles… Ne ressentez-vous pas une détente immédiate ? Physique et mentale ?
Quasiment toutes les personnes que nous avons interrogées ces dernières années avec cette question ont d’abord poussé un grand soupir, avec un grand sourire en évoquant un sentiment de sécurité.
En effet, recevoir une somme d’argent, fixe, régulière et inconditionnelle apporte un soulagement qui libère le cerveau pour faire des choix mesurés, planifier, prioriser, entreprendre (voir les effets du cortisol sur le cortex orbito-frontal)… Surtout sans devoir justifier d’être pauvre avec son lot de dossiers, d’ingérences et d’humiliations qui prennent un temps fou, qui mettent une pression sociale énorme en termes de « mérite » et qui grignotent la confiance en soi avec des étiquettes faciles d’ « assistés » … tout ça sans pouvoir vivre sereinement et dignement car les montants sont loin du seuil de pauvreté (environ 1000 euros en France).
Relaxez-vous ! Au programme : baisse du stress et de ses conséquences (maladies, accidents, consommation d’alcool et de drogues...)
Toutes les expérimentations se rejoignent sur cet effet, à court comme à long terme.
En France et en Allemagne, 2 associations ont monté un financement participatif pour distribuer 1000 euros par mois pendant un an. Même à cette petite échelle, les bénéficiaires ont témoigné qu’ils se sentaient plus tranquilles, qu’ils dormaient mieux, sans le stress lié à la sécurité financière. Du coup, ils pouvaient mieux manger, plus de frais, et payer des frais médicaux. Ils pouvaient même s’offrir le luxe d’aider leurs proches, de faire la fête avec des amis, d’aller ponctuellement chez le coiffeur et ou au restaurant. Enfin, ils liquidaient leurs dettes.
A plus long terme, avec la « loterie à vie » en Belgique, même diminution du stress mais en plus, les personnes ont pu négocier de meilleures conditions de travail et se consacrer à d'autres activités.
Même dans les initiatives municipales, ce mieux-être est ressenti tout de suite. A Grande-Synthe, dans le nord de la France, baisse du sentiment de précarité ; à Barcelone en Espagne, on a observé sur 1000 ménages une hausse de 28% du bonheur et de satisfaction générale vis-à-vis de la vie, jusqu’à 18% moins d’inquiétude de ne pas avoir assez de nourriture et une baisse de 10 % du développement de maladies mentales.
A Stockton, en Californie, 125 habitants ont témoigné que cette stabilisation de leur revenu mensuel leur permettait de couvrir les dépenses imprévues, donc moins d'anxiété et d'angoisse : leur santé financière, physique et émotionnelle s'est améliorée. Ils ont en outre eu «de nouvelles possibilités d'autodétermination, de choix, de fixation d'objectifs et de prise de risque», dit le rapport sur la 1ère année. Pour les femmes surtout, ce versement a permis de couvrir des besoins de proches : soins aux membres âgés ou malades de la famille, fournitures scolaires ou sportives, transport ou rendez-vous médicaux pour elles-mêmes qu’elles auraient sacrifiés sinon.
A Vancouver au Canada, les 50 bénéficiaires sans domicile ont dépensé l'argent en nourriture, loyer, transport et, surtout, en reprise et mise à jour de formation. Les dépenses telles que drogue, tabac, alcool ont diminué d'environ 39%.
Idem en Finlande sur 2000 chômeurs tirés au sort.
A grande échelle, au Canada, 450 000 habitants à Winnipeg et 13 000 à Dauphin ont reçu un montant suffisant et régulier pendant 5 ans. Résultats ?
- Baisse de la fréquentation des hôpitaux de 8,5 % : forte diminution des accidents liés au travail, diminution des admissions aux services hospitaliers d'urgences pour des accidents de la voie publique ou des violences domestiques liées à la consommation d’alcool.
- Baisse des consultations chez les généralistes, surtout liées aux troubles mentaux.
Et sur le long terme ? Aux USA, dans une réserve indienne, 16 000 Cherokees reçoivent depuis 1996 un versement trimestriel, pourtant insuffisant pour vivre. On note une baisse de 50% de Cherokees vivant sous le seuil de pauvreté, une chute de l'abus d'alcool et de drogue ainsi qu’une baisse des troubles psychiatriques.
Plus au sud, dans un village au Brésil, entre 2008 et 2014, le revenu de base a amélioré les relations de travail, baissé la dépendance économique par la hausse de l’auto-entreprenariat… sans augmentation de la consommation d'alcool ou de drogues illicites.
Idem au Kenya, les 220 habitants d’un village ont reçu une somme unique de 1 100 € qui leur a déjà offert du bien-être physique et psychologique, sans augmentation de la consommation d’alcool et de tabac. Et pendant le confinement, ils ont eu moins faim, moins de dépressions, moins de visites à l'hôpital et donc moins de contagion.
Pour les parents, respirez ! Baisse de la mortalité infantile et de plus longues études pour les jeunes !
Aux USA, à Seattle et Denver entre 1971 à 1982, on a noté une hausse globale des notes et une chute des taux de décrochage scolaire ! Sans oublier une augmentation du poids des nouveaux-nés. Sans doute liés au fait que les seules personnes qui ont sensiblement travaillé moins étaient de jeunes mamans ou des étudiants. On comprend aisément la plus-value sociétale !
Idem chez nos Cherokees qui voient depuis 1996, une augmentation du nombre de diplômés, parallèle à une diminution des redoublements au lycée et à une amélioration de l’éducation parentale. Quand les parents sont détendus, tout le monde y gagne !
En Alaska, les 650 000 habitants reçoivent annuellement, depuis 1982 une petite partie du rendement de la rente pétrolière et minière. On observe une scolarisation plus longue grâce au paiement des frais de scolarité.
Plus au sud, au Brésil, les parents ont orienté leurs dépenses surtout vers leurs enfants pour la nutrition, les vêtements, de conditions de vie (améliorations des habitations) et de santé. Conséquences : amélioration de l'estime de soi et des interactions sociales, réduction de l'insécurité sociale et augmentation des attentes futures pour les enfants. Idem en Namibie où on note une baisse de 42 % de la malnutrition infantile mais une hausse de 92 % de la scolarisation !
Encore une petite pointe de neurosciences : le cerveau des enfants est particulièrement fragile et le cortisol (hormone du stress) endommage les circuits et, à haute dose, détruit des neurones et ralentit leur production ! Ceux qui ont souffert pendant leurs premières années ont donc des cerveaux plus petits, surtout au niveau du cortex orbito-frontal qui sert à réfléchir, gérer les émotions, planifier et prioriser… Avant, on l’ignorait, maintenant, on n’a plus d’excuse : il faut absolument sécuriser les enfants !
Kimberley Noble travaille avec des économistes, des experts en politique sociale et des neuroscientifiques pour mener une étude aux USA depuis mai 2018 sur 1000 enfants. Les mères ont reçu un revenu mensuel (jusqu’à 20 à 25 % en plus de leurs revenus précédents) pendant les 40 premiers mois de l’enfant, de façon inconditionnelle. Elle est partie du constat que la taille du cerveau de l’enfant est directement corrélée au niveau financier de ses parents. Un enfant qui grandit dans la pauvreté aura des scores cognitifs qui seront en moyenne 60 % plus bas qu’un autre, il aura 5 fois plus de risques d’arrêter le lycée et, à 35 ans, il aura 75 fois plus de risques de vivre lui-même dans la pauvreté. Agir sur la nutrition, les soins, l’exposition au tabac ou au plomb, au stress ou à la discrimination, ou encore en renforçant le soutien scolaire est nécessaire pour améliorer le développement cérébral et donc les apprentissages... mais aussi très coûteux, humainement et financièrement. Et quelle ingérence dans la famille et quelles complexité et multiplicité d’actions ! Distribuer un revenu de base inconditionnel se révèle être la mesure la plus simple et la plus efficace… et sans doute la moins intrusive, pour lutter contre les effets de la pauvreté, dès la naissance.(1)
Souriez ! Le revenu de base est un investissement … direction : l’avenir !
Au-delà des enfants, les bénéficiaires ont surtout utilisé cet argent pour se stabiliser, se former ou investir dans leur logement ou leur outil de travail.
Même sur un court terme comme en France où les bénéficiaires de Mon Revenu de Base ont investi dans le permis, la voiture, des travaux dans la maison ou à Grande-Synthe où les habitants ont pu monter des projets de réinsertion professionnelle. Au Royaume Uni où des sans-abris sont sortis de la rue, ont épargné et ont investi le reste dans un téléphone, un passeport, un dictionnaire… Objectifs : réinsertion sociale et familiale avec des cours de jardinage, de cuisine..., des traitements pour se défaire de leurs addictions, pour visiter leurs familles et faire des plans pour le futur.
En Ouganda, 12 000 jeunes ont reçu 400 dollars, l’équivalent d’un an de revenus : ils se sont payé des formations, acheté un commerce ou de la nourriture. Au final, ils ont eu plus de 60% de chances d’être embauchés et optimisé ce revenu de 50% ! Au Kenya, les bénéficiaires ont investi dans des biens coûteux mais utiles tels que des toits en métal et des animaux de ferme.
Et sur le long terme ? Pareil ! En Alaska, les 650 000 habitants depuis presque 40 ans paient leurs dettes, épargnent pour la retraite et vivent une baisse constante des inégalités. En Afrique, plusieurs expérimentations se sont lancées sur la durée et on observe déjà des résultats similaires.
Au-delà des vécus individuels, ces chiffres laissent aussi entrevoir de sérieuses économies sociétales, en coût financier comme humain. L’argent est dépensé dans l’économie réelle et sert à relocaliser les personnes comme les activités.
Un levier "rêvolutionnaire" : la sécurité collective sociale
Donner un revenu de base inconditionnel est une source… d’économies sociétales !
Au Royaume Uni par exemple, on a donné à des sans-abris une somme d’argent sans conditions. Résultats : au niveau individuel, presque tous sont sortis de la rue dans les 12 mois… et au niveau collectif, le coût pour la société a été divisé par 8 ( estimé à 50 000 /an, incluant les salaires des travailleurs sociaux). Idem au Canada, à Vancouver où les bénéficiaires ont pu retrouver un logement stable plus rapidement que les autres, ce qui a permis une économie de $8,100 par personne pour l'état.
Au Brésil, à grande échelle, la Bolsa família touche 12 millions de familles pauvres dont 40 millions d’enfants depuis 2003. Seule condition : scolariser les enfants. Cela a mis fin aux dérives de corruption et au système humiliant du fait de la conditionnalité. Et le Revenu de Base est inscrit dans la constitution comme un but à atteindre depuis 2008.
En Afrique, les expérimentations se multiplient et utilisent des virements directement sur les téléphones portables des bénéficiaires, court-circuitant ainsi tout détournement ou clientélisme. L’argent arrive bien aux intéressés et financent l’économie locale et réelle.
Autre source d’économies : la baisse de la criminalité. Aux USA, dans la réserve Cherokee déjà citée, on note une baisse de 40 % de la criminalité, notamment des délits commis par les jeunes.
En Namibie, sur 930 bénéficiaires qui ont reçu un revenu inconditionnel suffisant pour vivre pendant 2 ans, on note, grâce à la mise en place de micro-entreprises, une baisse du chômage jusque 60 %, une baisse de 42 % de la criminalité, -43 % pour les vols de bétail et -20 % pour les autres vols.
Un levier citoyen : la relocalisation de l’économie et de la démocratie grâce à l’articulation revenu de base et monnaie locale.
Chez nous, l’expérimentation Tera, dans le Lot et Garonne, vise à revivifier un territoire rural. Avec 4 revenus de base en 2019 et 30 visés, cette écosystème permet de garantir pendant 3 ans un revenu suffisant de 856€ net (1€ de plus que le seuil de pauvreté). Le financement de départ est participatif ou subventionné pour structurer la production locale jusqu’à atteindre l’autofinancement, en partie en euros et à 85 % en monnaie locale. Par cette création d’emplois, une nouvelle dynamique économique se construit et draine tout le territoire, assurée sur une nouvelle cohésion sociale puisque les décisions sont prises en gouvernance partagée dans le soin de chacun.e et pour l’équilibre du collectif.
A plus grande échelle, en Corée du Sud, le gouverneur de la province de Gyeonggi a versé à 170 000 jeunes de 24 ans une somme en monnaie locale. 80,6% sont satisfaits et ont relocalisé leurs dépenses de sorte que les ventes des petites entreprises ont augmenté de 45%. Pour rappel, pendant qu’un euro tourne avant de rejoindre une banque, une unité de monnaie locale circule 8 fois et permet donc autant d’échanges et de création de richesses.
Levier d’émancipation individuelle et d’actions collectives : plus d’implication citoyenne et de solidarité.
Des citoyens sécurisés sont moins corruptibles et plus acteurs dans leur communauté.
Exemple aux USA où l’on a noté une baisse de l’abstention aux élections chez les 16 000 Cherokees qui reçoivent un revenu pourtant insuffisant pour vivre depuis 1986. A plus petite échelle, au Brésil, les bénéficiaires ont mis en place un système de microcrédit autogéré, sur la base de la démocratie directe et puis ont créé un Fonds Permanent indépendant. Au Kenya, les habitants ont investi dans une tontine collective, faisant renaitre cette pratique solidaire ancestrale. En Allemagne, la ville de Loitz accueille des couples de citadins et leur fournit une vieille maison gratuitement et un revenu de base de 1000 euros chacun par mois, pendant un an, en échange de rénovation et de nouveaux projets. Effets : la rénovation de vieilles maisons abandonnées, de nouveaux projets et de l’entraide entre les nouveaux arrivants et les habitants. En Espagne, les 1000 ménages barcelonais choisis au hasard parmi les plus pauvres de la ville, se sont beaucoup plus engagés et ont participé à la vie de leur quartier et au sein de la communauté.
Enfin, Arte a consacré un court documentaire dans la série Gagner sa vie, à un village israélien de 100 habitants qui mettent en commun leurs ressources depuis 1976. Le logement, la nourriture, la voiture et le carburant sont gratuits et chacun peut puiser dans la caisse commune à volonté, avec juste l’information que 598 euros pour l'équilibre. La culture de dattes apporte la majorité de la richesse collective. On peut y découvrir une réflexion très poussée sur la solidarité, les limites individuelles et collectives… qui fait évoluer et perdurer cet écosystème depuis 45 ans.
Après y avoir goûté, une seule envie : généraliser l’expérience !
Au Canada, à Vancouver, la fondation cherche à lever 10 millions $ CND afin d’élargir sa première étude. En Corée du Sud, le gouverneur de la province de Gyeonggi annonce que, s'il est élu président au printemps 2022, il généralisera à tous les Coréens en finançant à travers des taxes écologiques, sur les robots et sur l’immobilier. Selon une enquête en juin 2020, près de la moitié des Sud-Coréens serait favorable à la distribution d’un revenu de base. Au Kenya, après une expérimentation dans un village de 220 habitants, élargissement de l’étude à 6000 personnes pendant 10 ans sous forme de virements quotidiens !
Au Togo, 570 000 Togolais ont reçu des versements pendant le confinement d’avril à juin 2020. Aujourd’hui, le gouvernement prévoit avec le Fonds Monétaire International, à moyen ou long terme, de regrouper tous les programmes de protection sociale sous la forme d’un « revenu universel de solidarité ». Partout, les expérimentations municipales font des émules : En Italie, Livourne va inspirer Raguse et Naples, aux Pays-Bas, Utrecht stimule la réflexion d’une trentaine de villes comme Tilburg, Wageningen ou Groningen et aux USA, l’expérience de Stockton, en Californie a suscité la création d’une association réunissant des dizaines de maires intéressés.
En France enfin, 20 départements socialistes avaient demandé une loi d’expérimentation pour automatiser le RSA et l’élargir aux 18-25 ans, projet refusé par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
Pax hominibus bonae voluntatis : Paix aux Hommes de bonne volonté.
Rutger Bregman a développé les avantages d’un revenu universel dans son livre Utopies réalistes, puis il a écrit un essai : Humanité, une histoire optimiste, dans lequel il démontre que l’humain est plus digne de confiance que ne le radotent les médias et les politiques qui souhaitent notre obéissance aveugle.
Et si l’on ajoute toutes les expérimentations citées ici qui montrent comment un revenu de base sécurise et libère les individus qui s’investissent alors dans leur communauté… comment ne pas en conclure que cet outil réconcilie Liberté, Égalité et Fraternité ?
Et si l’on passait l’étape de la guerre pour aller directement à la case « progrès social » ?
Pour y contribuer, signez l’ICE afin de montrer massivement notre soutien à cette idée aux candidats français, puis d’interpeller le Parlement européen afin qu’il soutienne les projets des états membres !
Parcourrez notre site pour signer l’ICE et retrouver la carte des expérimentations
(1) TedX de Kim Noble : https://www.youtube.com/watch?v=xTra-yePY_A
(2) TedX de Rutger Bregman : https://www.youtube.com/watch?v=aIL_Y9g7Tg0
Il n’y a que des palliatifs tant qu’il n’y a pas de théorie de base et cette théorie est la troisième voie que j’ai développée.