Qui a dit que les Jeunes étaient fainéants ? Consommateurs ? Égoïstes ?
La semaine internationale du Revenu de Base a été l’excuse... (euh, je veux dire, l’occasion) pour le groupe local de Lille de sillonner les cafés pour interroger les Jeunes et les « Pas Encore Vieux » sur ce qu’ils feront avec leur revenu de base 🙂
Des rencontres formidables qu’on vous partage ici :
« Que ferez-vous avec votre Revenu de Base, inconditionnel, individuel et jusqu’au bout de la vie ? »
Elle, 19 ans, profitera de cette liberté sans stress, surtout dans son emploi qui ne lui plait pas ! Elle pourrait arrêter de bosser pour mieux étudier parce que c’est difficile de cumuler les deux : elle est obligée de faire ses devoirs jusqu’à 23h ! Elle continuera à chercher du travail car elle veut bosser dans le social et qu’elle ne voudra pas rester chez elle : elle a trop envie d’être utile !
Lui, 19 ans, appréciera de ne plus vivre ses fins de mois dès le 15. Aujourd’hui, il n’a que 40 euros sur son compte. Heureusement qu’il vit encore chez ses parents en tant qu’étudiant ! Du coup, avec son revenu de base, il pourra se payer plus de bières entre copains, il mangera correctement et profitera pour s’amuser un peu… et il donnera le reste aux SDF.
Lui, 20 ans, sent déjà le poids énorme qu’il perdra ! Il aura enfin assez pour se loger et se nourrir. Il cherchera toujours du travail pour sa santé mentale d’ailleurs, il adore ses études de photo-journalisme. Mais à cause du stress, il a déjà eu des périodes de prostration où il se sentait vraiment mal. Il pourra créer plus de liens et avoir une vie sociale.
Il est aujourd’hui en service civique et gagne 600 euros par mois, le strict minimum qui n’autorise que quelques bières avec les copains. Il ne peut même pas aller voir sa mère qui habite à 1000kms et payer 100 euros de train. Avec un revenu de base, il pourra aussi s’acheter le matériel nécessaire pour son métier : appareils photo… « On est bloqués quand on n’a pas d’argent, on ne peut pas assumer ni même parfois survivre », dit-il.
Elle, 22 ans, rêve de voir ses angoisses s’envoler, notamment à propos de son loyer et de sa santé car elle doit porter des semelles orthopédiques mais n’en a pas les moyens actuellement… et pourtant, ça lui permettrait de guérir ses maux de dos et d’éviter d’accentuer son souci ! Mais ces soins ne sont pas assez pris en charge donc tant pis… elle se soignera plus tard. Avec son revenu de base, elle aura aussi plus accès aux loisirs.
Bien sûr qu’elle continuera d’étudier pour trouver du travail ! Elle adore apprendre et si elle ne trouve pas d’emploi, elle fera du bénévolat pour se sentir utile, elle aura même plus de liberté sur ses horaires, moins de pression psychologique et une activité qui lui plait. Sans doute même qu’elle s’investira d’autant plus que son métier aura du sens et sera en accord avec ses valeurs !
Elle, 23 ans, voit des changements partout ! Elle anticipe que les gens auront accès au logement, à une nourriture suffisante… donc plus de pauvreté mais attention, il faudra garder les dispositifs d’accompagnement des personnes ! Il y aura moins de jugements sur ceux qui n’ont pas de travail ou qui sont moins bien payés puisque chacun.e aura le choix de travailler ou pas. Et certainement moins de riches aussi. On pourra aussi revoir la valeur des emplois selon leur utilité et les ramener à l’humain, sortir des aides humiliantes, paternalistes et dirigistes.
Elle ne s’est jamais senti précaire mais appréciera plus de stabilité, sans avoir besoin de demander de l’argent à ses parents ou de devoir travailler pour se loger et se nourrir pendant ses études. Pour l’instant, quelles responsabilités et quelle charge mentale! Tout ça la pénalise pendant sa formation alors qu’elle voudrait bien la mener jusqu’au bout pour faire bien son métier !
Lui, 25 ans, est ancien SDF : il a connu la rue avec sa mère avant de trouver une chambre dans une maison de retraite mais au prix de beaucoup d’énergie et grâce à des relations. Ils ont pu se nourrir en recevant des aides mais qui sont toutes sur critères ... une gestion épuisante !
Au lycée, il ne savait pas vers quel métier s’orienter donc il a arrêté ses études à 16 ans et a multiplié les expériences professionnelles, passant de serveur à toiletteur pour chiens jusqu’à une formation de tailleur de pierre ! Il affirme que « quand on a la chance de faire ce qu’on aime, on peut changer sa perception du travail » et il imagine qu’avec un revenu de base, il aurait eu plus de temps pour trouver sa voie.
Elle, 25 ans, développera des activités créatives pour renforcer le bien-être et l’égalité entre les gens ! Elle est dégoûtée par les inégalités entre ceux qui vivent avec des boulets toute leur vie et d’autres qui grandissent avec une cuiller en argent. « Je travaillerai moins pour penser plus ! ». Rendre le travail moins aliénant pour baisser la charge mentale et reprendre le pouvoir sur sa vie, dans la démocratie. Répartir le temps de travail aussi pour être plus productif. Elle consommera plus de culture aussi :).
Lui, 27 ans, aime l’idée d’une retraite à vie ! Il a déjà vécu des périodes de chômage et subi des contraintes lourdes au travail. En même temps il témoigne que chaque emploi, même non choisi, lui a ouvert des portes inattendues et il apprécie de se sentir utile et de mériter son salaire. Il a juste peur que le revenu de base démotive les gens à travailler car l’humain a besoin d’organiser sa survie, comme un aiguillon et il pense que ceux qui ont beaucoup d’argent font n’importe quoi.
Il reconnaît qu’il y a d’autres façons de participer à la société que par un emploi et se dit prêt à soutenir l’instauration d’un revenu inconditionnel, malgré ses craintes qu’une 15 ou 20 % de la population en profite pour arrêter de travailler. Mais il veut l’accompagner par une meilleure organisation de la production : « Arrêter de produire tout et n’importe quoi pour rien ».
Lui, 28 ans, savourera sa nouvelle sécurité et sera plus à l’aise pour mettre en place des projets de coaching et de développement personnel, ou dans l’éducation comme prof… Ce pourra être rémunéré mais pas forcément puisqu’il sera sécurisé par son revenu de base et il pourra diversifier ses activités, reprendre une formation, approfondir ou prendre soin de ses proches car il aura plus de temps en travaillant moins. Avec ses enfants, il aura sans doute plus de disponibilité et pourra se balader, déconnecter, ne serait-ce qu’en payant un billet de train pour aller à la mer, 30 euros qu’il ne peut s’offrir aujourd’hui…
Il parle même de ruissellement de bonheur parce que la sécurité invite la liberté vers des choix qui ont plus de sens, pour s’épanouir, enrichir ses liens dans l’interdépendance. Il se met à rêver de souveraineté et d’autonomie qui permettront la dignité dans le couple comme avec l’employeur, des liens plus choisis et donc mieux vécus ! On pourra se protéger des relations toxiques, on ne sera plus dépendants du salariat…
Il n’hésite pas à anticiper un nouveau contrat social puisque chacun.e sera reconnu.s comme appartenant à la communauté, il et elle seront invités naturellement à y participer, en réciprocité 🙂 Quel sentiment d’abondance alors qui permettra plus de générosité, de partages… Finis ces conditionnements et la peur du manque : « Notre aiguillon ne sera plus la peur mais l’envie ! »
Lui, 29 ans, a lu un roman d’anticipation Ecotopia, d’Ernest Callenbach et rêve d’une société sobre et heureuse, soutenue par un revenu universel et la gratuité des transports…. Il imagine déjà son angoisse au boulot baisser sérieusement.
Elle, 30 ans s’écrie spontanément : « Je serai rentière ! », puis, elle se pose sérieusement la question et se rend compte que, finalement, elle aime son travail mais que des projets créatifs lui manquent et qu’elle les développera pour partager ses passions.
Lui, 34 ans, travaillera moins, c’est sûr, mais ce sera pour s’investir plus dans du bénévolat pour se sentir utile.
Elle, 35 ans, est artiste au RSA. Elle fait beaucoup de bénévolat et galère. Si le RSA lui suffit, c’est qu’elle est souple et se contente de peu. Mais ce qui lui manque le plus, c’est la reconnaissance car elle s’engage et crée beaucoup de richesses, humaine et artistique, alors que plusieurs personnes lui reprochent d’être « aux crochets de la société ».
Lui, 36 ans se sent soulagé rien que d’y penser ! Il anticipe une chute du stress autour du travail et des besoins primaires, la possibilité de faire des activités moins rémunératrices mais plus en lien avec ses goûts et ses valeurs : protéger la planète (un petit potager, plus de vélo, consommer local et se libérer aux horaires du marché) mais aussi du temps pour sa famille, dit-il en regardant tendrement le petit gars de 3 ans qui sautille autour de lui.
Lui, 39 ans passe sa vie derrière un écran et avec son revenu de base, il travaillera moins pour se libérer du temps et bricoler, libérer sa créativité dans une construction artisanale.
Elle, 41 ans, elle aime son travail et s’y sent utile car elle aide les gens, donc elle travaillera toujours mais moins : 3 jours par semaine pour se former, avoir du temps pour flâner, faire du sport… économiser son énergie. « Je ne veux pas mourir demain en me disant que je n’ai rien fait de ma vie ». Financièrement, son revenu de base lui permettra de se former, de se cultiver et de continuer à apprendre, tout au long de la vie.
Lui, 45 ans, répond sobrement qu’il continuera à travailler jusqu’à sa retraite parce que c’est intéressant.
Elle, 53 ans, travaillera toujours mais le jour où son emploi n’aura plus de sens, elle arrêtera. En attendant, comme elle n’a besoin de rien, elle donnera son revenu de base à quelqu’un, à une asso… Si, en y repensant, peut-être qu’elle s’autorisera à faire de petites pauses, aller plus régulièrement au cinéma…
Elle, 55 ans, voyagera un peu et profitera d’être encore en forme pour jouir de la vie 🙂
Tous ont signé l’Initiative Citoyenne pour demander des expérimentations de RB en Europe…
et vous ?
Rdv sur https://eci.ec.europa.eu/014/public/#/screen/home !!
A suivre aussi, le projet d’expérimentation de la Haute-Garonne qui s’affranchit de l’autorisation gouvernementale et veut tester une forme de RSA jeunes… modeste mais qui revendique le nom et l’ambition d’un revenu de base… on suivra ça de près 😉 https://www.haute-garonne.fr/dossier/revenu-de-base
Et vous ? Que ferez-vous avec votre revenu de base ???